5.3.3. Omuyeve (1958-1980)

Cette secte est un amalgame de doctrines issues du christianisme, de l’islam, des croyances traditionnelles nande et d’autres ethnies du Kivu, les Warega et les Wanyanga. Cette dénomination, omuyeve, désigne en même temps la déesse de la secte et l’instrument musical utilisé pour évoquer les esprits 1526 . Selon les adhérents, cette déesse est dotée du pouvoir de prédire l’avenir, de démasquer les sorciers et les voleurs, de soigner les cannibales (avali), et de donner des charmes (kipendo).

La secte aurait été fondée par Kavugho Mulekya, née vers 1906, dans la paroisse de Mavoya dans la zone de Beni. Elle fut choisie dès son enfance par les esprits, à l’insu de ses parents et de ses familiers, pour devenir un devin. Il est arrivé qu’elle soit considérée comme morte suite à sa disparition occasionnée soit par les anyota soit par un mukumbira, c’est-à-dire un exclus de la société pour un péché contre Dieu-Nyamuhanga et la vie sociale.

Pendant que la famille préparait ses funérailles, son grand-père la croisa grelottante de froid dans un carrefour 1527 (amahwa), et munie d’une corbeille contenant des haricots frais et des maranga qui sont des plantes médicinales. Au village, le devin révéla que les esprits emportèrent l’enfant quand sa maman était occupée à récolter des haricots frais, qu’ils la conduirent au tourbillon de la rivière (eririva) occasionné par la chute d’eau (ekisalala) afin de la vêtir de la puissance de deviner. Ils la recommandèrent ensuite de planter les maranga et de s’en occuper pour toujours.

Devenue nubile, Kavugho Mulekya se maria à Selenge à l’époque du recrutement de la jeunesse pour les mines de Kamituga dans le Sud-Kivu. Lors de la traversée du Lac Kivu, elle se retrouva subitement avec les maranga qu’elle avait laissés au village. Dans les camps miniers, elle se sentait toujours mal à l’aise.

Elle alla consulter un devin de l’ethnie des Warenga qui demanda son investiture officilelle comme devin afin qu’elle ait la paix. Ce fait explique qu’elle fut doublement possédée par les esprits nande et rega. Au cours de l’année 1958, le couple Selenge et Kavugho Mulekya retournèrent à Mavoya où son art de devin prit un aspect religieux différent des croyances traditionnelles nande, et s’étendit dans les zones administratives de Beni et de Lubero.

Les convictions religieuses de la secte muyeve se dégagent de chants rythmés sur de courtes phrases bilingues qui laissent transparaître les nuances du swahili parlé par les Warega, les Wanyanga, et les Nande. D’autre part, ces chants manifestent un syncrétisme religieux qui invoque Dieu (Mungu, en swahili), la Vierge Marie (Bikira Maria), la déesse muyeve, les esprits et les ancêtres. Ces invocations ont des retentissements sur la vie ordinaire du peuple qui a besoin du bonheur, de la réussite dans la vie, de la progéniture, de la santé, des charmes de la richesse, et de la magie des musulmans.

Empruntant les pratiques de la religion traditionnelle nande, la secte fait un culte au Dieu-Nyamuhanga, aux esprits et aux ancêtres. Elle y associe des éléments chrétiens et musulmans tels le vêtement, les ornements liturgiques, la poudre et le parfum, la bière Primus, l’usage accentué des charmes, la crainte des sorciers, le respect des tabous islamiques, le lieu sacré (tantaruka) autour duquel sont placé les maranga et d’autres plantes curatives.

Ce lieu sacré, comparable au saint des saints de la bible, est une pièce divisée par un rideau qui cache l’armoire (tabernacle) qui contient les instruments de l’exorcisme et les médicaments. En ce lieu, hormis la place réservée à l’esprit muruba, les adhérents gardent l’instrument magique du muyeve grâce auquel on invoque les esprits toutes les fois que cela est nécessaire.

La nouvelle secte voulait répondre à un besoin social, celui de libérer la population locale de la crainte du sorcier (omuloyi), de la sorcière (omukumukali), des cannibales (avali), investies de forces surnaturelles nuisibles à la personne humaine. Le sorcier 1528 est un homme essentiellement mauvais et asocial qui agit par méchanceté. Il est dominé par un esprit de haine et de jalousie au détriment des autres. Grâce à son pouvoir occulte, il est toujours porté à détruire les personnes et leurs biens. Il est à l’origine du malheur, de la maladie, du désastre, et de la mort. Pour se prémunir de ces maux, la personne est contrainte à consulter le devin ou le guérisseur qui offre à leurs patients des amulettes (esyingisa) comme antidotes.

La culpabilité du sorcier établie, le sorcier subissait un triste sort. Les anciens et les sages le chassaient brutalement loin du village après avoir détruit ses biens et sa case. Ils pouvaient aussi le soumettre à l’épreuve du poison (ovwenda) ou du feu (ekivevu) pour avoir son aveu. Personne ne pouvait se tirer de telles épreuves même si on était innocent. Dans les régions des hautes montagnes, la punition était plus brutale : par la voie anale, un stick de roseau revenait avec une partie des intestins 1529 .

Outre la relégation, les autres mesures vindicatives ont disparu à cause de l’influence de l’administration qui sanctionne sévèrement ces intrigues, et aussi à cause de son organisation des Migrations indigènes des Populations (MIP) durant lesquelles les sorciers en profitaient pour se rendre dans les endroits où ils n’étaient pas connus avec cette mauvaise image de la personne, et où ils vivaient séparés dans des paysannats 1530 . Ce fait fut à l’origine du village Kanyavulogho, littéralement « source d’ensorcellement », près de la cité de Kaina, dans le sud de la zone de Lubero.

Un autre facteur qui contribue à la disparition progressive des sorciers est le christianisme. Les rares sorciers qui se convertissent donnent au prêtre, en signe de changement radical de vie, le matériel dont ils se servent soit pour guérir, soit pour nuire aux personnes. C’est pourquoi, dans le milieu intellectuel de Kinshasa, les Nande affirment que le christianisme est destructeur des valeurs culturelles des peuples qu’il pénètre 1531 .

Dans le cas spécifique des Nande, les missionnaires qui craignaient les montagnards parce qu’ils sont d’une race belliqueuse 1532 , affirment paradoxalement qu’ils sont un peuple d’agriculteur qui privilégient la culture des champs et l’harmonie familiale, et qui n’a aucun intérêt à engager la guerre contre les oppresseurs 1533 .

Cette affirmation provient du fait qu’ils sont parvenus à anéantir la classe militaire (Ngavu) jusqu’à sa disparition en exigeant, comme signe de conversion, les objets magiques qui donnaient pouvoir à cette classe 1534 . Le phénomène des mai-mai, dans la zone de Lubero au Nord-Kivu, est une forme de récupération de ce pouvoir ancestral de protection des personnes, de leurs biens, et de leur territoire. C’est pourquoi, l’armée nationale a des difficultés à démanteler cette milice populaire et à l’intégrer dans ses rangs.

Hormis, les sorciers la secte omuyeve s’attaque à la vieille sorcière (omukumukali). Bien qu’elle soit crainte car, selon l’expression celui qui peut guérir est capable aussi de tuer, omulamya yanganita, ses activités sont parfois bienfaisantes pour les femmes stériles. Pour soigner leurs patientes, elle les frotte d’une huile et leur administre une boisson réputée fertilisante. Si une naissance advenait, le mari offre, selon le sexe de l’enfant, un bouc ou une chèvre à la sorcière. Dans le cas contraire, le mari n’a aucun traitement dont il peut s’acquitter.

Le christianisme et la médecine moderne, propagés dans la plupart des cas par des religieuses, ne pouvaient tolérer une telle croyance ni une telle pratique. Pour les missionnaires, la progéniture est exclusivement un don de Dieu, et, en dehors de la médecine européenne tout traitement est superstitieux et inefficace.

Enfin, la secte omuyeve ne tolère pas le cannibalisme (ovuli) que les femmes nande pratiquèrent au contact avec les Bapiri qui occupent la partie ouest du diocèse de Butembo-Beni dans la forêt équatoriale. La secte voulait libérer la femme de cette pratique. Depuis les années 1970, cette pratique a complètement disparu à cause de l’action combinée des prêtres et de l’administration civile locale qui dissuadait les coupables par la prison et de fortes amandes. Les rares manifestations des symptômes de cannibalisme sont plutôt des délires d’une forte malaria 1535 .

Contrairement au sorcier la pratique des sortilèges à partir des bouts d’oncles, d’étoffes, de cheveux ou quelque autre objet de la victime, qui, par leur pouvoir magique, déterre et remet des cadavres dans leurs tombes après en avoir extrait des parties du corps dont ils fabriqueront le poison, les cannibales s’attaquent directement au psychisme de leur victime et même au fœtus.

L’initiation des cannibales et des sorciers reste secrète. Il est communément cru que les sorciers reçoivent un tatouage avec un produit magique près de la voie anale. Pour les cannibales, le tatouage est aussi rapporté sans aucune autre précision. Néanmoins, sans cette intervention, une femme peut devenir cannibale indépendamment de sa volonté.

Lors du sommeil et dans les songes, l’obligation par d’autres femmes d’avaler un morceau de viande de porc est le signe révélateur de l’incorporation de la victime dans le groupe des cannibales. Leurs actions maléfiques et vindicatives s’opèrent sur le double de la victime et non sur la personne physique.

Le phénomène de sorcellerie et de cannibalisme n’est pas héréditaire. On devient sorcier jusqu’à la mort, tandis que les femmes cannibales peuvent être libérées des puissances maléfiques grâce à l’intervention du devin ou la fondatrice de la secte omuyeve. Cette pratique curative : faire vomir (erisalya) les cannibales est douloureuse. Le devin fait asseoir le cannibale sur un pot renversé dans lequel on brûle de la paille sèche, lui fait boire une potion vomitive versée dans un entonnoir (omututu) fabriqué à partir d’une feuille fraîche de bananier.

Après les vomissements, la cannibale reçoit une amulette (engisa) spécifique appelée malivalivania exprimant son rôle de protéger et de neutraliser les mauvaises influences des cannibales (avali). À la fin de la séance, le devin ou la fondatrice de la secte applique dans l’incision qu’il vient de conférer à la patiente un produit qu’il accompagne d’autres herbes curatives 1536 .

La pratique erisalya (faire vomir) n’était pas un apanage exclusif de la fondatrice de la secte muyeve. Cette pratique diffère légèrement de celle des devins qui creusent une petite tombe dans laquelle il enterre symboliquement la femme cannibale en prenant soin de lui laisser un petit orifice pour l’aération. Ensuite, il brûlait au-dessus de la tombe l’herbe sèche des bananiers (evirere). Au sortir de cette tombe, la femme était incisée et recevait un vomitif et amulettes pour sa protection contre les femmes cannibales.

D’autres femmes consultaient un guérisseur (omusaki) pour un rite de purification qui comporte aussi un temps de faire vomir symboliquement « la chair humaine » que la cannibale avait avalée lors des songes. Cette patiente s’asseyait sur une corbeille en présence des témoins, sa mère et sa tante, pour éviter d’éventuels abus sexuels du guérisseur.

Ensuite, la victime accusait ses crimes et celles de ses compagnes. Le guérisseur procédait alors à des exorcismes qui se terminaient par l’administration d’un produit vomitif. À la fin de ce rite de purification, le guérisseur applique une corne creuse d’une antilope (ekinuno) sur le corps, et crache un morceau de viande qu’il a dissimulé dans ses joues avant la séance de purification. Ce petit morceau de viande est la preuve que le mal qui rongeait la victime est maintenant éliminé 1537 .

Les cannibales, parfois inconsciemment, mettent leur double en œuvre (eriyilusyako ekirimu) pour torturer leurs victimes. Elles peuvent agir en solitaire comme en groupe. Leur dessein est essentiellement punitif et vindicatif. Poussées par la jalousie, elles s’attaquent nuitamment à une personne qui devient possédée. Il n’y a que les hommes psychologiquement forts qui peuvent les menacer à travers la victime pour la libérer 1538 .

Les vali semaient la terreur surtout qu’elles pouvaient se métamorphoser en une grande flamme au milieu de la route, en éléphant, en buffle, et autres formes animales. Afin d’avoir libre passage la nuit, certaines personnes se promenaient avec un insecte luisant (engununu) ou un morceau de quart scintillant (omutero). D’autres cherchaient des amulettes chez un guérisseur ou une lotion dont il fallait s’enduire pour se prémunir contre les méfait des cannibales.

Enfin, la secte omuyeve avait une fonction sociale de procurer le charme (ekipendo) en vue d’une réussite familiale, sociale, et professionnelle. Cet aspect attira beaucoup d’adeptes : les jeunes y trouvaient un produit qui faciliterait leur mariage, les mariés, l’harmonie conjugale, les commerçants, plus de gain, les femmes mal famées, une forte clientèle masculine, l’ouvrier ou le politicien, un poste plus élevé.

Chacun, selon ses aspirations, trouvait dans ces charmes sa recette que le christianisme ne pouvait pas offrir. La secte répondit à l’aspiration profonde de l’homme : une vie terrestre réussie. Devant cette séduction, les charlatans s’infiltrèrent dans la secte, achetèrent le charme afin d’être investis du pouvoir de deviner et d’être payés en retour 1539 . Ils ont été les propagateurs de la secte.

Trois ans après l’introduction de la secte dans le diocèse de Beni, Mgr Henri Piérard, dans son Aperçu général de 1961-1963, lança un cri d’alerte à l’égard du muyeve qu’il appela « la nouvelle secte d’importation étrangère qui gagne du succès avec son mélange de spiritisme, d’évocation des esprits et de prières chrétiennes ».

‘« Ce sont de guérisseurs, prometteurs de bonnes fortunes qui sont grassement payés. Ceux qui ont reçu une éducation scolaire sérieuse donnent dans le panier tout autant que les humbles. Les chefs de la secte prétendent être délégués par l’Eglise car les agents de l’évangélisation ne suffisent pas à la tâche, et de ce chef, il ne vaut pas la peine de se confesser d’avoir recours au muyeve car on encourt une mort subtile 1540  ».’

En outre, la propension du muyeve fut favorisée, en 1972, par la politique de l’authenticité qui préconisait la revalorisation des pratiques culturelles traditionnelles. C’est pourquoi, suite à la reconnaissance des bienfaits du charme, de la fonction curative dans la secte dont les membres guérissaient les malades atteints d’hydropisie, d’épilepsie, de folie, et de jaunisse, ainsi que de sa fonction sociale de lutter contre les sorciers et les cannibales, le chef Moera de la collectivité de Beni procura une attestation officielle de devin à Kavugho Mulekya, la fondatrice de la secte omuyeve.

Cette secte disparut vers l’année 1985 à la mort de la fondatrice. Le coût très élevé de l’achat du charme pour devenir devin, la déception des patients rencontrée auprès des charlatans, l’opposition des chrétiens à la nouvelle secte affaiblirent l’influence de ce mouvement religieux jusqu’à son asphyxie. Néanmoins, elle n’a pas manqué, selon les statistiques 1541 de Musubao Paluku, à totaliser 970 adhérents, dans le rang des païens et des chrétiens dont les convictions religieuses furent ébranlées

Notes
1526.

MUSUVAHO PALUKU, op. cit., p. 102-120.

1527.

Les carrefours, les chutes d’eau, les tourbillons, les sommets des montagnes sont considérés dans la culture nande comme des endroits habités par les esprits. Retrouver quelqu’un qui est porté disparu en ces lieux avec des maranga qui sont des sortes de liliacées ayant une force magique de guérison comme celle de jeter le mauvais sort laisse facilement entendre qu’une telle personne est possédée par les esprits et est appelée à les servir.

1528.

Nous avons déjà parlé du rôle ambigu de ce personnage dans la vie sociale traditionnelle nande.

1529.

Pratique du sud-est dans les montagnes dont la flore est dominée par les bambous

1530.

Témoignage de Kaposho, infirmier-soldat, lors de notre séjour à Kaina (juillet 1976).

1531.

Commentaires libres avec des amis de Kinshasa (1993-1998). Lesavec Angelus Kashauri, Claude Kataliko et un docteur en médecine humaine qui a voulu qu’ils

1532.

Modeste D’HOSSCHE, « Une mission dans les Montagnes Bleues », dans Le Règne du Sacré-Cœur (1924) n°5, p. 169.

1533.

Lieven BERGMANS, Cinquante ans de présence assomptionniste au Kivu, op. cit., p. 11.

1534.

Avant sa mort en 1997, Marcel Mutambayiro, qui assurait la régence du pouvoir coutumier dans le Buswagha, remit des objets culturels royaux à la paroisse de Musienene et adhéra au mouvement charismatique.

1535.

Il est souvent colporté qu’un missionnaire dans la paroisse de Muhangi désavouait les cannibales dans sa prédication. Les voyageurs du matin l’auraient trouvé assis près d’une chute d’eau en train d’éplucher des bananes avec ses doigts et que les initiés allèrent le libérer. Il resta quelques jours dans une fatigue généralisée avant de reprendre son ministère.

1536.

MUSUVAHO PALUKU, op. cit., 114.

1537.

Lieven BERGMANS, Les Wanande, t. 2. Croyances et pratiques traditionnelles. Butembo, Editions Assomption Butembo-Beni, 1971, p. 64-64.

1538.

Les états de possession son diverses. Dans notre village, une jeune fille appelée Polonye (dérivé d’Apollonie) aboya intensément en pleine nuit comme un chien. Pour connaître les auteurs de cette situation, M. Kalengusa François menaçai de tuer les cannibales avec une aiguille traditionnelle dont on se servait pour fabriquer les nattes ou les corbeilles. Il simula de percer la victime et de l’attacher à son lit avec le fil de raphia accroché à l’aiguille. La victime changea de voix et prit celle de la femme cannibale qui déclina son identité et les motivations de ses agissements. Elle inculpa à la jeune fille d’être orgueilleuse à son égard, puis retira son double. Apollonie resta trop fatiguée et trop affaiblie durant environ une semaine. Un tribunal de réconciliation mit fin à ces actions malveillantes.

Le cas d’Isidore (Sidori), un cordonnier et un réparateur de vélo dans mon village est le plus surprenant. Lors des possessions, il était souvent enlevé de sa case et on le retrouvait assis à l’angle que forme le tronc et les branches d’un arbre. Il était habillé à moitié, couvert d’un drap de lit blanc, avec une lampe à pétrole accrochée entre le bras et l’avant bras. Il était puni pour les promesses qu’il ne réalisait pas.

1539.

Le prix d’achat du charme était de 10 à 20 chèvres, soit le double de la dot.

1540.

Henri Piérard, Aperçu général sur le diocèse de Beni, 1961-1963.

1541.

MUSUBAO PALUKU, op. cit., p. 120.