5.5.2. Morale chrétienne

La dernière partie du catéchisme enseigne la morale 1589 . Elle consiste à faire les chrétiens dans la « vie des enfants de Dieu » en cherchant à imiter le Christ, à aider les autres chrétiens à accomplir la volonté de Dieu. Elle prône la pratique des commandements de Dieu et de l’Eglise, la fréquentation des instructions de l’Eglise, et l’écoute de la voix de sa conscience.

La vie chrétienne se manifeste dans la pratiques des vertus théologales 1590 qui incitent à une vie de foi, d’espérance et de charité (Jn,14,21). La foi en Dieu se fonde sur le fait qu’il est toujours Vrai : il ne peut se tromper ni tromper les hommes. L’espérance en Dieu est basée sur son attitude d’être Père, omnipotent, généreux, miséricordieux, dispensateur de la grâce pour entrer au ciel.

Enfin, la charité est la réciproque de la dilection du Père qui, le premier, a aimé les hommes. Ainsi, les chrétiens sont appelés à l’aimer par-dessus tout, à aimer le prochain parce qu’il est créé à l’image de Dieu, sauvé par le sang du Christ, et destiné à vivre éternellement avec Dieu dans le ciel. L’amour est une recommandation du Seigneur qui demande de l’imiter dans l’amour réciproque (Jn, 13, 34 ; 15, 12-17 ; 1 Jn, 4, 7-8) et dans la recherche de la volonté de Dieu (Mt, 12, 50 ; Jn, 14, 15).

La vie chrétienne trouve son application dans la pratique des commandements de Dieu et de l’Église dont le succès sera couronné dans le royaume de Dieu et dans le paradis. Ainsi, le chrétien vivra-t-il dans l’adoration de son Seigneur Dieu, créateur de l’univers visible et invisible, mener une vie de prière, respecter les saints, et vénérer la Vierge Marie.

Le chrétien respectera ensuite le Nom de Dieu, les lieux et les objets sacrés, les églises et les cimetières, les personnes consacrées à Dieu, les prêtres, les religieuses et les religieux (mapadri/avakara, watawa/avatsulwa vanyamuhanga) appelés à être fidèles à leurs vœux pour éviter le sacrilège. Par ailleurs, le chrétien sanctifiera le jour du Seigneur et toutes les fêtes de précepte par la prière, l’assistance à la messe, et par le repos.

La piété filiale des chrétiens dans sa dimension ascendante invite les enfants à respecter leurs parents, les anciens, les clercs et les autorités politiques, à les obéir et à leur venir en aide. Dans sa dimension descendante, les anciens ont des obligations à l’égard des plus jeunes : le devoir de les nourrir, de les éduquer, de les protéger du mal, et de les conseiller. Cette obligation exige un foyer stable et une communauté de vie dans le mariage. Cet enseignement rejoint la pratique traditionnelle nande dans les devoirs et les droits des parents réciproques des parents et des enfants

En outre, les chrétiens doivent respecter la vie dont Dieu est le Maître, soigner leur corps qui est le temple du Saint-Esprit, et ne pas porter atteinte à la vie du prochain. Aussi, devront-ils prier pour l’Église, pour le pape 1591 , les vocations 1592 religieuses et sacerdotales, les catéchistes, le monde entier et pour le développement et la paix de patrie, et pour les dirigeants 1593 , et pratiquer ses cinq commandements.

Les commandements de l’Eglise étaient d’abord au nombre de six. Les catéchismes à notre disposition relatent une version réduite en cinq commandements. Ils consistent à observer les enseignements de l’Eglise selon la parole du Seigneur qui vous écoutent ou vous accueillent m’écoutent ou m’accueillent (Mt, 10, 40 ; Jn, 13, 20). Ils incitent à se confesser, à participer à la messe, à respecter les fêtes religieuses d’obligation et le repos du jour du Seigneur. Ils exhortent à jeûner (se faire souffrir / eriyighalya) en refusant de consommer la viande le jour où elle est interdite, à prier pour l’Eglise et à payer la dîme, et enfin à fréquenter les sacrements afin de pouvoir se sanctifier.

Le chrétien doit respecter sa vie et celle des autres (Mt, 25, 34-41) corporellement et spirituellement car Dieu seul est le Maître de la vie (esyongeve). Il renforcera la vie, protégera son cœur de la perdition en cherchant d’abord le Royaume de Dieu, en s’efforçant de ne pas entraîner les autres au péché ou les empêcher de faire du bien. Ainsi, tuer, blesser, frapper, jalouser, mépriser, ne pas secourir les autres sont autant d’offenses contre la vie humaine comme l’alcool, le chanvre et toutes sortes de stupéfiants.

Le sixième (usizini/isiwansingira) et le neuvième (usitamani mke asiye ndoa yako/usiwayitsutsa uyete waghu) commandements 1594 de Dieu font toujours allusion au sens de la pudeur dans la parole, le regard, le chant et la danse. Ils évoquent l’impureté sexuelle, la « profanation du corps (kukufuru mwili wetu) qui est le temple de l’Esprit saint (1 Co, 3,16-17), la « destruction de la vie divine dans le cœur des chrétiens », et la pureté du cœur car ceux qui gardent cette attitude verront Dieu (Mt, 5, 5).

Cette pureté peut être obtenue quand un chrétien implore la grâce divine dans la prière, se mortifie, se confesse et reçoit constamment l’eucharistie, se confie à la Vierge Marie, et évite les mauvaises compagnies ainsi que les occasions de chute. Dans le catéchisme, les défaillances dans ces commandements sont considérées comme des « péchés graves ». Elles sont « sciemment commises », entraînent la personne dans une vie d’impureté (kuishi katika uchafu), lui font « perdre le goût –douceur- des choses – des créatures-de Dieu (kupoteza utamu wa vitu vya Mungu) », et peuvent la mettre dans le danger de mourir sans se repentir.

Le respect des biens d’autrui dans le septième (usiibe/isiwiva) et le dixième (usitamani mali ya watu wengine/usiwayir’omwiso oko vindu vya vandi vandu)commandements se ressemblent dans le contenu et sont corollaires 1595 . Ils font, tour à tour, appel au vol, au respect des biens d’autrui, à la justice, à l’honnêteté dans le gain, et au juste salaire. Le catéchisme insiste sur le fait que Dieu est le Maître de tout et le dispensateur de tout bien (Mt, 16,26).

Par conséquent, l’usage des biens sera en conformité avec la volonté de Dieu. Les offenses contre ces commandements englobent l’avarice, le manque du sens de la justice et du partage, le désir des biens d’autrui, la destruction des biens d’autrui, le boycottage d’un travail rémunéré, l’achat des effets volés, et le refus de s’acquitter de ses dettes.

Enfin, les chrétiens sont exhortés à se manifester comme des personnes vivant dans la vérité et le respect de la dignité de toute personne humaine (Jn, 18 ;35-37 ; Eph., 4,25 ; Mt, 7, 1-5 ). Ce huitième commandement (usiseme uongo/isivugh’amavehi) comporte aussi la correspondance entre la pensée et la parole donnée. Il réprouve le mensonge, la calomnie, le soupçon (eritulukalirya), la propagation des erreurs d’autrui, la critique négative d’un tiers, et l’indiscrétion sur les faiblesses d’autrui devant les personnes qui n’ont pas le droit de le savoir 1596 .

Notes
1589.

Akatikisimo omo kinande, Q 187-241 ; A. DIACRE, Q. 82-107.

1590.

Akatikisimo omo kinande, Q 187-196 ; A. DIACRE, Q. 79-81.

1591.

Dans la prière pour le pape, les chrétiens demande que le Seigneur le garde, lui accorde une bonne santé, le rende bienheureux, et le protège de l’Adversaire. « Tumwombee papa wetu (nom), Bwana Mungu amulinde, amupe afia njema, amufanye mwenyi heri duniani, na asimotoe mikononi mwa Adui ».

1592.

Prière pour le monde traduite littéralement : “Mon Dieu, je prie pour les gens d’ici et du monde entier, aide-les à écouter ta Parole et la mettre en pratique, afin qu’ils deviennent des prêtres, des Frères ou des Soeurs, et des catéchistes: Mungu wangu nawaombea watu wa hapa na wainchi zote za dunia, uwasaidie kusikiliza Neno lako na kulishika, ukachague kati yetu vijana wateule wengi wageuke kuwa mapadri ao mafrera, ao mabikira ao waalimu, wote wema”.

1593.

Prière pour le roi: Domine, salvam fac regem-nostrum...Et exaudi nos in die qua invocaverimus te : ‘Seigneur donne le salut à notre roi et exauce-nous en ce jour où nous t’invoquons’.

1594.

Akatikisimo omo kinande, Q 102 ; A. DIACRE, Q. 107-114.

1595.

Akatikisimo omo kinande, Q 187-241 ; A. DIACRE, Q. 82-107.

1596.

Akatikisimo omo kinande, Q 104 ; A. DIACRE, Q. 105-106.