5.5.3. La prière

La prière et les dévotions sont en étroite relation avec la vie des enfants de Dieu. Elles ont pour finalité de maintenir les convertis dans la fidélité, la ferveur, et la vie de grâce. Les principaux thèmes développés sous cette rubrique concernent essentiellement les prières réparties sur la journée, la sainte messe (misa takatifu), les diverses litanies adressées à Jésus, Marie et Joseph, les prières qui invoquent le Saint Esprit, et différentes autres prières selon les circonstances de la vie ou de la journée, et les chants 1597 .

Chaque jour, les chrétiens du diocèse de Butembo-Beni, selon le livre de prière en kinande édité en 1946, Ekitabu ky’omusave, récitaient au moins 27 courtes prières qui évoquaient, le matin, (sala za asubui/omusave w’omongyakya) la grandeur de Dieu, l’offrande soi, le désir d’éviter le péché, l’adoration de la gloire de Dieu, l’action de grâce pour la protection des anges durant la nuit, et pour le salut accordé.

Ces prières réservaient un instant pour la récitation du credo traduit, en kinande, par la « prière d’avoir cru : esala y’ovwikirirya) » ou encore les traductions littérales de l’énoncé du symbole des Apôtres : “Je crois en Dieu”. En swahili, les traducteurs connotent la croyance en un seul Dieu (Namsakia Mungu mmoja) pendant qu’en kinande, l’énoncé ne contient pas cet élément : Namikiria oku Nyamuhanga, c’est-à-dire “Je crois en Dieu”.

À la fin de la journée, après avoir récité la prière pour avoir fini le travail qui est une offrande des labeurs de la journée au Seigneur (omusave w’erihea omuviri), les fidèles récitent les prières du soir (sala za mangaribi/omusave w’omwigholo) qui consistent en une action de grâce pour la journée écoulée, après un examen de conscience en vue du repentir. Elle est suivie de la récitation des commandements de Dieu et de l’Église qui maintiennent les énoncés de préceptes (amri kumi za Mungu) en swahili , pendant qu’en kinande il s’agit des recommandations (evyalayira ikumi vya Nyamuhanga) et de l’Église (Kanisa).

Une série de prières 1598 achève cette dévotion du soir : les prières pour obtenir la foi (sala ya imani/esala y’imani), l’espérance (matumaini/eriyiketera), et la charité (mapendo/olwanzo), la prière de demande de la grâce du repentir (majuto/eritsira : renoncer à ne plus pécher), de la grâce découlant du Cœur de Jésus (Moyo wa Yezu/Omweyo wa Yezu), de la Sainte Famille (jamaa takatifu) traduite par une offrande à cette famille dans les petites prières en kinande (emisave mike mike). L’imploration de la Vierge Marie, et la demande de la protection de l’ange gardien (malaika mlinzi, malaika mulemberi) en sont les prières conclusives du soir.

Certes tous les catéchismes et livres de prières ne reprennent pas ces formules de prières car nous présentons ici la forme la plus longue. Cette pratique de la prière est surtout maintenue dans les assemblées des communautés chrétiennes, peu fréquentées par les jeunes. Les chrétiens qui ont reçu le baptême avant l’indépendance (1960) les connaissent par cœur selon leur enchaînement dans le livre de catéchisme. Lors du catéchuménat, ces prières sont aussi récitées et les candidats aux divers sacrements ont intérêt à les connaître car ils en rendront compte avant la réception des sacrements. À cause de l’influence du protestantisme et des sectes qui entraîne le pluralisme religieux dans une même famille, la prière, à tour de rôle, est devenue mentale, laissée à l’intuition du moment, et a un caractère biblique 1599 .

Notes
1597.

Ekitabuky’emisave, Vicariat apostolique de Beni, 1946. Drukkers, Henri Proost & Cie Turnhout, 103 pages ; Kitabu cha sala, Vicariat apostolique de Stanleyville, Issy-Les Moulineaux (Seine), Imprimerie Saint Paul, 1959, 160 pages. Kitabu cha sala, Missions des Pères du Saint-Esprit au Congo-Belge. Kongolo, 1956, 179 pages. Ces livres sont encore utilisés par les anciens catéchistes ; Kasanga, emisave. Ce livre est des plus anciens et provient de la paroisse voisine de l’Uganda dans le diocèse de Kasese. Certains anciens dont Pierre Kalemekwa, catéchistes-ménuisier dans la ville de Butembo, et Paul Kaseghese, catéchiste retraité dans la paroisse de Kyondo.

1598.

Ekitabu ky’emisave, op. cit., 7-16 ; Kitabu cha sala, Vicariat apostolique de Stanleyville, p. 3-10.

1599.

Plainte des catéchistes lors de l’animation des chrétiens lors du développement des thèmes jubilaires de l’an 2000. Butembo, Bulema et Kitatumba, juin 1999.