Conclusion de la cinquième partie

Les résistances à l’occupation coloniale et au christianisme que nous rencontrons dans le mouvement kima et l’anyotisme, ont tenté de stopper l’expansion du christianisme. Il en fut de même de la secte syncrétiste omuyeve. Sa force résidait dans sa pluralité culturelle tirée des Nande, des Rega, du christianisme et de l’Islam. Son souci de répondre à la crainte sociale du sorcier et de pourvoir au bonheur de la population locale et de la soulager de ses problèmes de santé, dont la stérilité, fit sa popularité. Sa faiblesse résida dans le la vente du charme et du charisme de guérison. La disparition de ces mouvements, par répression ou par asphyxie à cause de ses abus, leur donne un caractère contextuel.

De ce tableau, un observateur tire un constat : la rencontre du christianisme avec la culture nande a été une confrontation permanente constituée de refus et d’accueil, de rupture et d’adoption, et enfin de syncrétisme religieux déguisé derrière des propositions d’attitudes chrétiennes. Les échanges culturels semblent avoir été unilatéraux. Le christianisme propose à la culture nande ses convictions religieuses avec ses attitudes subséquentes. Les références des missionnaires et à leur suite des ecclésiastiques autochtones sur les croyances traditionnelles ne constituent qu’un moyen de proposer la doctrine chrétienne.

Il en résulta, chez les croyants Nande, malgré les similitudes dans les deux croyances religieuses, un abandon de leur culture et une rupture dans leur vision de la religion. Enfin, cette adoption du christianisme pose de nouveaux problèmes nés du processus de christianisation : l’évangile vécu au quotidien d’une manière culturelle en relation avec les autres confessions religieuses, chrétiennes et non chrétiennes, et en relation avec le contexte social.