Les notions politiques de règles et pouvoir ne constituent pas des données de terrain, ni une catégorie subjective, elles se situent plutôt à un niveau conceptuel construit.
« Le pouvoir politique, avance Georges Balandier, est inhérent à toute société : il provoque le respect des règles qui la fonde ; il la défend contre ses propres imperfections 22 ». « On définira le pouvoir comme résultant, pour une société, de la nécessité de lutter contre l’entropie qui la menace de désordre – comme elle menace tout système. Mais il ne faut pas en conclure que cette défense ne recourt qu’à un seul moyen – la coercition – et ne peut-être assurée que par un gouvernement bien différencié 23 ». C’est en ces termes que nous utiliserons, pour notre présent travail, les concepts de pouvoir et de règles.
Pouvoir et règles demeurent au service d’un ordre établi mais qu’adviennent-ils dans le moment en apparence sans ordre, voire chaotique, du carnaval ? De quel pouvoir dispose alors le roi carnaval dans cette dialectique de l’ordre et du désordre, et quelles règles édicte-t-il pour ses sujets ? Quelle est la légitimité d’un monarque d’un monde de désordre et quelles sont ses règles ?
Et tout d’abord, en amont de ces interrogations : pourquoi un roi pour le chaos social, quel est le sens de son omniprésence dans l’univers imaginaire des carnavals ?
Comment, en d’autres termes et plus généralement, face à un désordre social, la société se maintient-elle en tant que telle ?
Georges Balandier, Anthropologie politique, Paris, P.U.F., Quadrige, 1999 (1ère ed. 1967), p. 43.
Ibidem, pp. 43-44.