« Jé farin » : de blanc vêtus, dotés d’un chapeau conique et pointu, en bande et sans fanfare, les poches pleines de farine qu’ils lancent sur les enfants, ils symbolisent la vie et la gaieté.
La coiffe est une forme de long cornet conique multicolore saupoudré d’étoiles et le jé farine est habillé de blanc et porte un tablier équipé d’une grande poche ventrale contenant de la farine.
Cette tenue est un produit local qui parodie la fée Mélusine, la fée de l’abondance, il symbolise la vie, la joie de vivre, la gaieté. S’il asperge peu les spectateurs dans ce contexte, il se transforme volontiers en fée Carabosse, vilaine et revêche. Alors dans ce cas de figure, il
aime à poursuivre les enfants.
Ainsi s’engagent parfois de folles courses-poursuites qui se terminent, quand cela est possible, par un copieux barbouillage à la farine du visage de l’enfant.
« Zombi baré yo » : leur costume est revêtu par tout le groupe. Il se compose d’un ensemble de couleur blanche dont la cagoule triangulaire qui recouvre la tête rappelle celle d’un chat, et la taille est pincée par une écharpe rouge. Cette bande circule au milieu de la foule des spectateurs avec une cordelette à hauteur de l’épaule pour pouvoir les encercler au son d’un sifflement bien rythmé qu’ils produisent au moyen de l’instrument qu’ils portent à la bouche. Cette opération est dénommée zombi baréyo (« zombi cernez-les »).
Ce thème venu d’Afrique dans les cales des bateaux négriers a pris le sens de revenant malveillant, d’esprit malin sur les terres antillaises où il a pris cette appellation.
Suivant la tradition, le zombie reste en Guyane un des mauvais esprits de la forêt tropicale qui vient danser la nuit autour des fromagers, arbres fétiches dans les rites magico-religieux. Alors que son évocation en période normale est source de méfiance, sa présence dans le Carnaval le banalise, car durant cette période on ne craint ni les vivants, ni les morts.
« Balayeuses » : coiffées d’un foulard et vêtues d’une robe généralement bleue elles balayent les rues avec leur balai coco, balai créole symbole conventionnel du nettoyage et de la purification. Les balayeuses font partie intégrante du carnaval de Guyane car elles rappellent les bons usages dans les familles guyanaises.
« Neg Marrons » : le corps dénudé, enduit de boue ou d’un mélange de suie et d’huile, ils rappellent la période esclavagiste du marronnage 50 et circulent de part et d’autre des trottoirs pour assurer le service d’ordre en noircissant celui qui entrave leur passage ou qui ne respecte pas la séparation entre défilé et spectateurs. Ce personnage spécifique de l’histoire de la Guyane représente l’esclave qui s’est évadé et qui se cache dans la forêt, suivant le terme de la langue espagnole : cimarrón.
Dans le carnaval, il circule presque nu, le corps enduit d’huile noire colorée à la suie, vêtu d’un pagne ou kalimbé rouge, un bandeau rouge sur la tête et à la bouche le fruit rouge de l’aouara 51 la liberté dans les grands bois, la contestation de l’esclavage.
« Bef vôlô bef »: avec sa robe noire ou sombre et sa corne imposante et menaçante, il se déplace toujours accompagné de son maître qui le tient en laisse. Mais c’est lui qui fixe son itinéraire et c’est son maître qui le suit partout. Ce détail rappelle la période, celle d’avant la seconde guerre mondiale, de l’arrivée des bœufs par tapouilles
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sur les rives guyanaises. Parfois ils s’échappaient et parcouraient la ville à la poursuite des passants avant d’être repris.
Le bœuf du Carnaval a bien mérité sa place dans les thèmes de déguisements, car il a beaucoup alimenté l’observation des anciens qui l’ont en retour gratifié de nombreux proverbes guyanais, par exemple : kôrn pa tro lou pou béf
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, allusion aux cornes attribuées à ceux qui subissent l’infidélité de leur conjoint.
Les Guyanais aiment dire béf gras (bœuf gras) pour désigner ce bœuf du Carnaval qui d’autre part rappelle le veau gras de l’Antiquité et les défilés au milieu des bouchers de la ville sous la Monarchie et l’Empire.
« Anglé Bannann » : ce costume est apparu dans le Carnaval guyanais après la première grande immigration Sainte-Lucienne et Antillaise, liée à la rue vers l’or.
Un grand nombre de ces personnes qui trouvaient leurs origines au sein d’une culture anglo-saxonne était attaché à ses traditions vestimentaires. C’est ainsi qu’à l’occasion de cérémonies, sous l’implacable ardeur du soleil, ils portaient en transpirant abondamment, mais dignement, la redingote en queue-de-pie ou queue-de-morue dénommée paspété, car largement fendue sur le postérieur, et le chapeau haut de forme bisbonm. Cette situation a été très rapidement caricaturée pour devenir le costume incontournable du Carnaval guyanais.
L’anglé bannann marche souvent la redingote pliée sur l’épaule. Il lui arrive d’envoyer brusquement cet habit loin de lui pour engager une course à perdre haleine avec les individus qui souhaitent s’en emparer. Car selon la vieille coutume guyanaise, cette lévite est mise en jeu et est attribuée à celui qui a eu le temps de la ramasser, ce qui n’arrive presque jamais.
« Lan mô » (la mort) : déguisement qui représente la mort en squelette drapé de blanc ou tout de blanc vêtu, ce qui rappelle la couleur du linceul.
Lanmò vòlò lanmò est une expression du carnaval guyanais qui défie la mort et qui invite son représentant masqué à poursuivre les audacieux provocateurs. Sous ce costume, lanmò erre en bande à la recherche d’une victime pour l’envelopper dans son drap blanc, fortement, comme pour l’étouffer.
« Vidangeurs » : issu de la période des bagnes de Guyane, ce costume représente la corvée des bagnards qui, entre vingt-trois heures et cinq heures du matin, passaient dans les maisons pour assurer le service des tinettes – latrines.
« Caroline » : cette Anglaise devenue riche grâce à l’orpaillage de son mari fait l’objet d’une satire guyanaise. En effet, elle porte jalousement son mari sur le dos, assis en croupe, de peur qu’on ne le lui vole. Et suivant un proverbe guyanais : « les bons maris sont rares, je porte le mien sur mon dos pour qu’on ne me le prenne pas ».
« Bobis » : habillé d’un costume confectionné de toile de jute (sac de pomme de terre ou de sucre)qui lui donne une démarche lourde et lente, il ressemble à un éléphant avec sa trompe et ses grandes oreilles, il danse au son d’un flûte et d’un « ti-bois ». Il représente tantôt un ours lorsqu’il est accompagné d’un joueur de flûte et de son dompteur « montreur d’ours », tantôt un éléphant lorsqu’il est affublé d’une trompe, ou bien les deux. Cet animal hybride, danse et se roule sur le sol à la demande, s’il refuse il est roué de coups.
« Gro tet » : de petites jambes humaines pour une tête en carton peint surdimensionné, qui recouvre les deux tiers du corps, il défile lentement et sans faire de bruit.
« L’Indien » : ce déguisement est très prisé et on le retrouve souvent dans les concours de costumes carnavalesques. Il est un fait que les peuples autochtones ( Kaliña – Locono – Wayana – Wayampi – Emérillon ) qui représentent aujourd’hui une minorité des populations vivant sur le sol guyanais se sont en partie intégrés à la vie locale.
Attachés à leurs coutumes ancestrales, teintées de mystères, leurs costumes de cérémonies hauts en couleurs, ont toujours fait l’admiration des habitants des grandes villes.
« Sousouri » : ou chauve-souris avec leurs grandes ailes et leur petites clochettes accrochées aux extrémités, ces personnages évoquent les contes et légendes racontées par les anciens dans le calme mystérieux des nuits étoilées.Vêtue d’un justaucorps noir couvrant la personne de la tête au pied, la chauve-souris est équipée de grandes ailes qu’elle referme sur les enfants rattrapés à la course. Quand elle les ouvre, elle marche armée d’épingles pour piquer.
Encadrant généralement le défilé des diables rouges, elle représente les vampires, créatures suceuses de sang envoyées par le démon pour prendre la vie durant la nuit, profitant du sommeil des vivants.
Le temps faisant, le déguisement Arlequin venu d’Italie s’est glissé dans la peau de soussouri pour lui apporter des couleurs plus gaies afin de la métamorphoser en un personnage plus agréable.
« Les coupeuses de cannes » : ce costume rappelle une époque où la coupe de la canne à sucre était une activité économique importante pour la Guyane.Mais ce costume participe à l’écriture de l’histoire de la Guyane et du Carnaval. En effet, rappelant l’époque de l’esclavage, les coupeurs de cannes défilent en groupe torses nus, pieds nus, vêtus d’un pantalon en grosse toile et armés d’un sabre d’abattis. Ils sont accompagnés de coupeuses qui sont en tenue « rivière salée » ou en « négrier ».
La tenue de négrier implique le port du grand chapeau bakwa ou arouma. La robe, large et longue, a des poches, et les manches sont longues ou trois-quarts. Un grand mouchoir couvre le corps en diagonale avec à la hanche un gobelet métallique. Les coupeuses portent un sabre d’abattis et une belle canne à sucre.
Les déguisements traditionnels font régulièrement l’objet d’expositions publiques gratuites, destinées prioritairement aux touristes ou nouveaux arrivants.
Cette année, elle a lieu à partir du 11 janvier et durant tout la période des festivités, à l’université de Cayenne.
14. Jé farin. Source : Touloulou magazine.
15. Zombi baré yo. Source : Touloulou magazine.
16. Zombi baré yo. Source : Touloulou magazine.
17. Bef volo bef. Source : Touloulou magazine.
18. Bef volo bef. Source : Touloulou magazine.
19. Anglé bannann. Source : Touloulou magazine.
20. Lan mô. Source : Touloulou magazine.
21. Vidangeurs. Source : Touloulou magazine.
22. Caroline. Source : Touloulou magazine.
23. Bobi. Source : Touloulou magazine.
24. Indien. Source : Touloulou magazine.
25. Coupeuses de cannes. Source : Touloulou magazine.
26. Negs marron. Source : Touloulou magazine.
27. Negs la vase à la Grande Parade du Littoral 2002 de Kourou. Source : photo de l’auteur.
28. Negs la vase à la Grande Parade du Littoral 2002 de Kourou. Source : photo de l’auteur.
29. Groupe de negs la vase au repos après le défilé de la Grande Parade du Littoral 2002 de Kourou. Source : photo de l’auteur.
30. Jeunes filles « touchées » par des negs marron lors de la Grande Parade du Littoral 2002 de Kourou. Source : photo de l’auteur
Cf. histoire de la Guyane et de La Réunion.
Oléagineux symbolisant la force du marronage.
Petit bateau de pêche.
Les cornes ne sont pas trop lourdes pour un bœuf.