1-2 – Le roi Vaval

Le roi Vaval, durant son règne carnavalesque, voyage de ville en ville, et se rend au défilé de Saint-Laurent-du-Maroni, à Kourou.

Pour justifier son existence et légitimer sa présence dans le scénario carnavalesque guyanais, il est présenté comme un roi carnaval dont on cherche à donner une filiation authentique et très ancienne.

Une certaine littérature retrace son histoire : « Vaval venu d’Europe a élu domicile en Guyane comme une fête spectacle dont les trois éléments essentiels sont la danse, la chanson, la musique… Vaval se situe entre l’Epiphanie, jour où les Rois Mages ont connu le Christ et le Mercredi des Cendres… Vaval s’est montré d’abord chez les Egyptiens qui rendaient un culte à Isis (déesse égyptienne femme et sœur d’Osiris) et à Apis (Dieu de l’ancienne Egyptien forme d’un taureau sacré)… Vaval s’est par la suite trouvé chez les Grecs et ensuite chez les Romains dans des fêtes célèbres appelés les Bacchanales et les saturnales…  56 »

Il est aussi la figure autour de laquelle se rassemble un peuple pluriel : « Roi sage, Vaval célèbre toutes les races et toutes les cultures de la Guyane 57 ».

En somme, on lui prête, toutes les félicités, tous les plaisirs, tous les bien-être, tout le bien vivre et surtout le bien vivre ensemble du peuple guyanais : « Si les universités sont ses palais, la rue est le royaume de Vaval. Roi fou de liberté, il révèle à chacun de ses sujets un autre lui-même. Par la magie des costumes élaborés avec patience et passion, par la vertu des libations, entamées entre amis dès le vendredi soir, poursuivies jusqu’au dimanche, au gré des bals, des bars, des rues et des rencontres 58 ».

Il est la lumière gagnée sur le ténèbres : « Car Vaval est mémoire et Vaval est histoire : mémoire d’un peuple tordu de rire à l’évocation burlesque d’une succession de temps tragiques. Tragédies de l’esclavage et des champs de cannes gagnés sur la jungle, tragédies si proche du bagne. Renversant l’ordre « absurde » du passé, Vaval restaure dans la liesse et l’excès la dignité de l’homme 59 ».

Il se targue donc de représenter et d’incarner l’identité collective et précise un peuple. Il est sa singularité personnifiée…et une figure politique omnipotente.

Le roi Vaval a connu l’une de ses expressions les plus politiques en 1998, au cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage lorsqu’il est apparu, en haut de la colline qui domine Cayenne, avec des airs d’homme des bois et de « Neg marron », ces esclaves, qui, au XIXe siècle, avaient fui les plantations esclavagistes et se réfugiaient les foret impénétrables.

Il fut ainsi accueilli en grande pompe vêtu de ses plus beaux atours sylvestres par les membres de la Fédération des Festivals et Carnavals de Cayenne.

Comme tous ses homologues éphémères, il est incinéré publiquement le Mercredi des Cendres à la tombée de la nuit au centre de la place principale de Cayenne, la place des Palmistes.

Photo 35 : . Incinération du Roi Vaval.
Photo 35 : . Incinération du Roi Vaval.

Source: photo touloulou magazine.

Notes
56.

Auxence Contout, « Histoire du carnaval en Guyane » », cité dans Touloulou magazine, N°8, 2002, p. 28.

57.

Touloulou Magazine, N°7, 2001, p. 24.

58.

Ibidem.

59.

Ibidem, pp. 24-25.