1-3 – Election de la Reine du carnaval

L’élection de la Reine du carnaval est organisée comme un grand show. Elle a lieu ce vendredi 1er février.

L’élection d’une Reine a lieu aussi en Guyane, à Kourou, Saint-Laurent et à Cayenne.

A Kourou et Saint-Laurent, elle porte le titre de « Miss carnaval », et à Cayenne, celui de « Reine ».

Mais cette pratique est une innovation récente.

Les critères de sélection et d’élection laissent une large place à la créativité tégumentaire alliée, bien sûr, à la beauté féminine. D’ailleurs le titre exact de la reine est « Reine du Carnaval de Guyane, Création et beauté féminine » 60 .

Ce concours permet aux créateurs de costumes carnavalesques guyanais de rivaliser d’ingéniosité et d’originalité pour l’emporter. Toutes les extravagances sont autorisées, à une condition près, qui est que la tenue finale puisse être portée sans assistance par son occupante.L’ingéniosité et la créativité semblent toutefois primer sur la féminité, à en voir les dernières reines élues. En effet, peu sont reconnaissables tant l’appareil tégumentaire et le masque sont importants et dissimulent toute forme de féminité.

Les déguisements sont souvent extrêmement riches, fréquemment dotés d’attributs lourds, larges et ostentatoires, et nécessitent de l’imagination, de l’ingéniosité, de la patience et longues heures de confection. Certaines parures sont de véritables œuvres d’art. Les arbres, les fleurs, les animaux, les insectes, les poissons, les personnages mythiques, imaginaires, les chaussures de foot, etc., tout y passe et en splendeur. Le carton, le grillage, le papier, le fer à souder, la peinture sont des matières très habituellement utilisées pour la confection des costumes des reines.

A titre d’exemple, la reine 2001, mère de famille de six enfants, s’était glissée dans la peau d’un hippocampe très réaliste.

L’élection a lieu dans une grande salle, la salle du « Zéphir » à Cayenne, au milieu d’un spectacle dans lequel de nombreux artistes locaux en vogue viennent se produire sur scène.

La soirée de l’élection projette sans ménagement chacun des spectateurs dans un véritable monde imaginaire où les fantasmes de chacun sont accomplis avec autant de réalisme et de créativité.

Les dimensions des personnages qui se présentent tour à tour font perdre toute objectivité, toute notion classique des mesures et de l’espace : les insectes ont taille humaine voire parfois bien davantage, les légumes semblent avoir poussé dans le jardin d’un géant et se déplacent même de façon autonome, des personnages informes ont des jambes plus longues que leurs corps.

La riche nature guyanaise paraît être un sujet de prédilection et inépuisable et est investie par l’imagination débordante de ces dames qui rivalisent de fantaisie et d’extravagance.

Des personnages sont combinés à d’autres, évoquant tel ou tel objet de la vie courante, rappelant un personnage mythique, figurant un rêve, formant et inventant des illusions poétiques.

Tout est fictif, on le sait, mais on se laisse volontiers envahir par ces rêveries, ces allégories chimériques, de par l’extrême réalisme et le pouvoir de la créativité de ces costumes carnavalesques.

Succession hallucinante d’images contradictoires, chacune des postulantes carnavalesques défilent une à une et l’ensemble ressemble à s’y méprendre à un tableau surréaliste, à une œuvre dalinienne, ou chagallienne, aux confins du rationnel et de l’irrationnel, de la réalité et du rêve, ou encore, à un rêve fantastique dont on aurait aucune maîtrise et aucune possibilité de se réveiller. Seuls les applaudissements qui crépitent régulièrement nous ramènent à la réalité et nous rappellent le cadre spectaculaire de cette soirée organisée.De nombreux prix sont distribués lors de l’élection de la reine. Sont décernés donc « le prix de la grâce », « le prix de la recherche », le titre de « reine » accompagné de ceux des deux dauphines.

La soirée est financée par la Région, la DRAC, et… Air France.

Une élection de Miss des écoles élémentaires est également organisée à Kourou.

Notes
60.

L’élection est aussi nommée « Grand Show de la création carnavalesque » dans la revue « Touloulou magazine » 2002.