2-1 – Carnaval

Grand rendez-vous du printemps, le carnaval de Chalon-sur-Saône est un événement qui rythme l’année de ses habitants. C’est effectivement une manifestation importante du calendrier festif chalonnais.

« A Chalon, les fêtes de carnaval font partie intégrante de la ville », écrit le journaliste chalonnais Claude Elly 69  ; elle reflètent en effet les traditions chalonnaises et bourguignonnes et, selon les dires de nos informateurs, font rayonner sa cité au-delà de ses frontières administratives. Les visiteurs et spectateurs affluent de France et d’Europe pour assister à cette fête printanière. Il est coutume ici d’entendre que le carnaval de Chalon est le second de France par ordre d’importance.

Il est courant également d’entendre que la singularité du carnaval de Chalon, par sa position géographique médiane entre nord et sud, est d’être à la fois excessif et intense comme traditionnel et symbolique, et de mêler en somme deux formes et deux pratiques festives.

De même, Arnold Van Gennep prétendait : « La Bourgogne est le pays de déguisement par excellence  70 » et il écrivait à propos de la Saône-et-Loire qu’en période de carnaval, garçons et filles déguisés couraient les veillées, par groupe, pour intriguer les habitants.

Comme on l’a vu avec les festivités de Cayenne, chaque carnaval est coloré par un personnage singulier. « Dans le Chalonnais on les nomme Gôniots  71 ».

« Gôniot » est un terme bourguignon qui désigne ceux qui sont mal « gônés », c’est-à-dire ceux qui sont mal habillés.

Aujourd’hui les gôniots constituent l’atout majeur et la figure de proue du carnaval de Chalon. Ils sont de joyeux drilles venus de toute la région chalonnaise, déguisés par thèmes, en groupe, pour répandre leur bonne humeur et leurs critiques – souvent politiques – de la société au sein des défilés carnavalesques.

Vêtus de costumes loufoques, par thèmes, ils exercent leur génie satirique au détriment de tous mais en priorité des hommes politiques et des événements marquants durant l’année. « Leur verve, leur joie de vivre et leur sens de la dérision révèlent un état d’esprit qui s’exprime au-delà du carnaval  72 », selon Isabelle Mathez.

A les entendre, ils ont un réel amour pour leur ville et ses traditions carnavalesque ainsi qu’une admiration sans bornes envers leurs souverains éphémère : Sa Majesté le Roi Cabache et sa femme, la reine Moutelle 73 .

La « journée des gôniots », dans le calendrier carnavalesque chalonnais est une manifestation remplie de farces et de rires.

Les pouvoirs municipaux, bon gré mal gré, participent également à cette célébration de la ville. Chacun prend part à cette fête, les spectateurs, qu’ils soient à visage découvert ou bien masqués et ce, même s’ils restent confinés derrière une ligne de barrières métalliques, devennat aussi acteurs. De fait, les participants, les acteurs mobiles des défilés deviennent spectateurs de ceux qui restent figés.

La folie carnavalesque chalonnaise déploie chaque année à la même époque – « deux dimanches avant les Rameaux 74  » – de nouveaux thèmes, de nouveaux déguisements, de nouveaux chars – venus pour certains de Nice – de nouvelles cavalcades burlesques, insolites, conformément à la tradition à laquelle les chalonnais sont attachés.

L’ensemble festif de Chalon se déroule en six jours, répartis sur trois semaines.

Le cycle des manifestations comporte huit éléments fondamentaux :

  • L’arrivée et la proclamation solennelle du Roi Carnaval
  • La parade des musiques
  • La journée des gôniots avec le grand défilé
  • La journée enfantine avec le défilé et bal costumé des enfants
  • La grande soirée de gala
  • La journée du triomphe de Roi Carnaval avec sa grande cavalcade
  • Le procès et l’exécution du Roi Carnaval
  • Le bal des gôniots

Le roi Carnaval exécuté au dessus du pont Saint-Laurent, puis noyé dans la Saône, marque le rite de fin du scénario carnavalesque chalonnais. La légende veut qu’il renaisse de ses cendres l’année suivante afin d’offrir à la ville de Chalon et à ses habitants de nouvelles fêtes carnavalesques.

Le carnaval symbolise ainsi la tradition festive de Chalon. Mais la fête ne serait pas complète si une animation perpétuelle ne permettait pas aux habitants à ses visiteurs de s’émerveiller et de se divertir à travers les multiples attractions foraines. Répartie en cent quarante emplacements sur les quatre places principales de la ville, la fête foraine, véritable village dans la ville, complète harmonieusement les festivités du carnaval durant le cycle festif. Elle rassemble souvent les plus somptueux manèges forains et les attractions les plus récentes, et correspond, pour les professionnels, au début de leur saison d’activité à travers la France, après la trêve hivernale.

Notes
69.

Claude Elly, « Le 90 ème anniversaire du premier carnaval… officiel », in Le journal de Saône-et-Loire, 5 mars 1997.

70.

Arnold Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, Tome I, Vol. III, Cérémonies périodiques, cycliques, Carnavals – Carême – Pâques, Ed. A.et J. Picard et Cie, 1947, p. 887.

71.

Ibidem

72.

Isabelle Mathez, La France en Fête, Paris, Arthaud, 1996, p. 50.

73.

Cf. infra.

74.

André Revenat, Président de Comité des Fêtes de Chalon-sur-Saône.