Composition

« La confrérie par elle-même, on est dix-huit, vingt toujours, mais les gens qui sont intronisées chaque année, bon, on peut dire qu’ils font partis de la confrérie, c’est qu’on est en tout plus de mille » avance A. Revenat.

Le corps confrérique des gôniots comprend environ mille cinq cent membres. Ce nombre inclut bien évidemment les individus vivants et intronisés depuis la création de la confrérie en 1947. C’est ce qu’on pourrait appeler le nombre d’adhérents si l’on considérait cette confrérie comme une association de personnes volontaires.

Parmi ces mille cinq cents individus, cent sont des officiers et vingt sont des commandeurs. Seuls ces derniers portent la robe rouge précédemment décrite et peuvent siéger au Grand Conseil de la confrérie. Les places au Grand Conseil sont limitées par le nombre de robes à disposition ; il faut donc attendre le départ d’un des commandeurs pour prétendre à un siège au Grand Conseil et hériter de ce fait de sa robe.

Dix-huit tenues sont effectivement à la disposition des commandeurs dans le vestiaire de la confrérie, au siège du Comité des fêtes, à la salle Marcel Sembat – que j’ai eu la chance de visiter et où j’ai pu essayer une tenue.

Ces vingt membres sont en quelques sorte les membres actifs de la confrérie. Ce sont eux, par exemple, que l’on rencontre en tenue d’apparat à l’extérieur, lors de l’arrivée solennelle de Sa Majesté Cabache, le premier jour des festivités carnavalesques chalonnaises, ou encore lors des cérémonies d’intronisations à la clôture de la période carnavalesque.

Entre trois et vingt personnes sont intronisés chaque année.

La Confrérie Royale de l’Ordre Gôniotique dispose, comme dans de nombreuses confréries, de plusieurs grades.

Lorsqu’un individu vient tout juste d’être intronisé dans la confrérie chalonnaise, il n’occupe bien sûr pas la même place au sein de celle-ci qu’un dignitaire de longue date. Il est différencié par son grade.

Le premier des grades de l’Ordre Gôniotique est le « Grand Cordon ». Il est destiné aux personnes désirant se faire introniser, en échange de la somme de 250 francs, soit environ 40 euros, lors de la grande soirée de gala, ou encore aux Grands Visiteurs, admirateurs du régime gôniot, ainsi qu’aux personnalités françaises et étrangères de passage dans la ville.

Le second grade est l’ordre des « Chevaliers ». Il est octroyé aux gôniots qui ont obtenu un prix lors d’un carnaval. Les Chevaliers font partie du corps de la confrérie. Ils sont nommés, contrairement aux Grands Cordons, par les plus hauts gradés de l’Ordre Gôniotique : « les gôniots qui ont eu un prix pour le carnaval, eux sont nommés « Chevaliers ». C’est un peu particulier, parce qu’ils font carnaval, alors que les gens qui sont intronisés comme ça, ils sont intronisés (…) mais ils n’ont pas fait quelque chose pour avoir un prix pour le carnaval. C’est pour ça qu’il y a une petite différence entre Grand Cordon et Chevalier, nous précise le Grand Chancelier.

L’Ordre de la Confrérie se porte en cravate. C’est un ruban de couleur soutenant la médaille, autre signe ostensible de leur appartenance.

Pour les personnes récemment intronisées, le ruban est de couleur bleue et rouge, comme celles des émaux du blason de la ville de Chalon.

Lorsqu’un dignitaire gravit les échelons dans la hiérarchie gôniotique, par ancienneté, par mérite ou par degré de responsabilité au sein de la Confrérie et du Comité des Fêtes, il porte un ruban jaune et bleu, puis jaune et rouge, et enfin jaune et violet pour les plus gradés.

La confrérie est administrée par le Grand Conseil qui se compose des sept plus hauts gradés de l’Ordre Gôniotique :

Les femmes peuvent être décorées de la « Jarretelle d’Honneur » et seulement « pour bravoures hautement caractérisées ».

Sous l’appellation confrère sont englobés bien sûr les « frères » mais également les « sœurs ». Les femmes sont en effet admises dans la confrérie depuis peu : « On a trois femmes maintenant, d’ailleurs y avait jamais de femmes avant (…) et depuis cinq ans, maintenant y en a trois » ; « On n’est pas misogyne, je trouve qu’une femme peut donner un avis différent », déclare non sans fierté mais sur la défensive, A. Revenat.

Les conditions d’entrée des femmes sont les mêmes que pour leurs homologues masculins, mais leur participation et leur rôle n’en est pas identique : « Elles ont le droit de parler comme les hommes (…). Un homme c’est mieux quand même. On en a un qu’est responsable de commission, mais on a mis une femme cette année (…) ça a crée un petit peu des problèmes », « Et puis même si y en rentrait une autre, y a pas d’inconvénients, au contraire, une voix de femme, pourquoi pas ? », poursuit un peu déstabilisé notre interlocuteur.

Le nombre de femmes reste néanmoins très limité dans la Confrérie Gôniotique, non que la porte leur en soit fermée, mais plutôt que ce type de groupe confrérique, à Chalon du moins, demeure par tradition, un univers éminemment masculin.

L’âge moyen qui compose la structure générationnelle de la confrérie carnavalesque chalonnaise est proche de l’âge moyen d’une retraite professionnelle. C’est effectivement une moyenne d’âge assez élevée, mais pour la confrérie, cet état de fait peut devenir une source d’inquiétude pour son avenir proche et sa survie à travers le temps : « Oui, on a quand même des jeunes, mais malgré tout, il y a beaucoup d’anciens, il y a beaucoup de vieux. Bon mais il faudrait quand même des jeunes », s’inquiète le président du Comité des Fêtes.

Un haut dignitaire de la confrérie interpelle A. Revenat : « Moi je vais te rendre ma robe, je suis trop vieux. Tu la donneras à quelqu’un d’autre, mais pour ça il faut trouver quelqu’un qui veuille venir à cette confrérie ».

L’aîné des confrères, qui ne donne néanmoins aucun signe de faiblesse, domine l’assemblée constituante des gôniots de ses 83 ans. Le Grand Commandeur, André Revenat, est fier quant lui de ses 74 années, dont 27 au service de Sa Majesté Cabache, mais pense déjà à sa retraite confrérique, avec un peu de tristesse dans la voix : « Personne ne veut reprendre derrière, alors faut que je reste encore un peu, ils veulent que je reste, mais c’est que je commence à me faire vieux, j’ai plus mes trente ans. »