Instance organisatrice

Cette instance organisatrice a pris le nom de « compagnie » puisque sa création, qui date de septembre 1994, est liée en premier lieu à l’organisation de pièces de théâtre : « La première activité, c’est (…) les filles qui avaient monté une petite compagnie de théâtre au départ… qui ont créé une pièce, qui ont fait les costumes, les décors et qui ont fait deux ou trois représentations », nous déclare Isabelle Alexandre, la trésorière actuelle de la Compagnie Pôle Sud. « On a fait une pièce de théâtre, il y a trois ans, et puis, depuis on n’en a pas ressorti d’autre », précise Madame Anne Savet, la Présidente de la Compagnie.

À présent, la Compagnie Pôle Sud se consacre exclusivement aux festivités carnavalesques : « Le carnaval nous prend tellement de temps qu’on fait plus rien d’autre »… « Dès qu’arrive le mois de février, on est complètement submergés jusqu’au mois de juin 121  (…) C’est tous les week-ends pendant trois mois ou quatre ; ça prend énormément de temps », insiste la trésorière.

Concrètement, elle prend à sa charge le choix de la date, du programme, de la publicité, des contacts avec les associations de la ville et de la région, des groupes musicaux, des artistes, de la fabrication de quelques chars, de la recherche de sponsors et de la gestion du budget qu’elle élabore elle-même.

« Chacun a son rôle (…) et tout le monde a des responsabilités », stipule la présidente. Si chacun a son rôle bien défini, tous les membres participent activement à la construction des chars : « la Compagnie, la première année, donc on a fait cinq chars, l’année dernière on en a fait trois », affirme-t-elle.

De plus, à la suite des festivités, comme pour la mise en place, tous contribuent au rangement : « On est obligés, nous, de rester jusqu’à la fin. Parce qu’après, on s’est amusés toute la journée, mais faut les ramener, nos jouets. Bon, ça nous gâche un peu la fête parce que faut rester vigilant. Mais le deuxième, là, à quatre heures du matin, on était là encore à ramener les chars et machin avec l’énorme éléphant qu’est resté 15 jours là, devant la maison. Bon, après faut tout enlever, les barrières, les panneaux, les machins, etc. », souligne Isabelle Alexandre.

La Compagnie Pôle Sud comprend environ quarante membres dont une dizaine fait partie du bureau, du comité central et décisionnel : « Il y a une dizaine qui seront là du début jusqu’à la fin tous les week-ends, et autour de ça, y a une vingtaine qui viennent un week-end sur deux, une dizaine un week-end sur trois ou qui passent dans la semaine ». « Si on veut discuter, déjà à dix, c’est difficile ; parce qu’y a beaucoup de grandes gueules dans l’équipe, c’est pour ça que ça marche bien », souligne la trésorière.

Mais parmi ces dix membres, un groupe de quatre personnes est le « moteur » du bureau, et parmi ces quatre, trois sont instigateurs du projet.

Ces quatre personnes sont des femmes : « Le bureau est essentiellement composé de femmes ; la trésorière est une femme, vous l’avez rencontrée, les secrétaires (…) elles sont trois secrétaires », nous précise fièrement la présidente.

Dans ce bureau, les professions des membres sont éclectiques : une enseignante, une commerciale, trois dentistes, une déléguée médicale, un ébéniste, une journaliste, un peintre, un chômeur. Chacun met ses compétences au service de l’association : « Moi, je m’occupe de tout ce qui est administratif, rapports avec les services publics. J’ai des rapports avec le Conseil Général, Régional, la mairie, la sous-préfecture. Fabienne Rivière, qui est la vice-présidente, qui s’occupe du rapport avec les sponsors et les artistes intervenants. Isabelle Alexandre qu’est la secrétaire (…) elle coordonne un peu tout. Michel Conquet, donc lui il est à la réalisation des chars. Véronique Roland qui est notre (…) attachée de presse, « Public relation ». Jean-Luc Igot, lui il est le maquettiste. On a Arlette aussi qui est une styliste (…) et puis après tous les gens qui ne sont pas notés là (…). On est polyvalent, chacun travaille sur les chars », nous explique la présidente. « Cette année, je suis trésorière et bricolage et sponsors », se présente Madame Alexandre.

La moyenne d’âge de l’association est d’environ 40 ans : « Je dois être la plus jeune, 31 ; sinon l’âge, c’est 40 balais, un peu plus et un peu moins », atteste la trésorière.

La quasi totalité des membres habitent la localité ou les villes avoisinantes de la côte ouest de l’île : « Il y en a sur Saint-Leu, y a aussi aux Avirons, y a à Saint-Pierre, dans les Hauts », mais « la plupart habite à Saint-Gilles et à Saint-Leu, c’est la ville un peu plus loin », détaillent respectivement la trésorière puis la présidente.

L’association est presque essentiellement composée d’individus d’origine métropolitaine -Zoreils, mais « il y a des créoles aussi » rétorque Madame Savet.

En apparence, le mode de recrutement s’effectue uniquement par cooptation : « Au départ, stipule cette dernière, c’était des amis, (...) donc, bon y a un petit noyau dur qu’est resté et (…) qui est l’organisation première. Et puis après, ben, tous les gens qui se sont motivés et investis sur le carnaval, qui sont devenus des amis aussi. Donc après on a rencontré (…) d’autres personnes qui eux même sont restés ».

Le centre des activités se situe dans la maison particulière de la présidente à Saint-Gilles, ainsi que la construction de tous les chars et déguisements. La plupart des réunions s’y déroulent également.

L’adresse et le numéro de téléphone de la Compagnie sont ceux d’Anne Savet, la présidente : « C’est vrai que le siège est basé chez Anne et Michel qui sont eux à Grand-Fond. Et puis comme tout se fait dans leur jardin et dans leur tête, bon ben, c’est sûr que le carnaval se fait là ».

L’indépendance de cette association se réalise par le fait qu’elle constitue elle même son budget : « C’est les commerçants qui ont subventionné la plus grosse partie du carnaval » ; « Je suis en rapport avec tous les organismes culturels de la région, mais la Région nous subventionne, le Conseil Général, non ! Pour le moment, le seul sponsor public qu’on ait, c’est la Région. Tous les autres sont des sponsors privés. Et justement, nous avoue la présidente, on aimerait qu’il y ait beaucoup plus d’investissements de la DRAC et du Conseil Général pour éventuellement créer un emploi ». « Les deux premières fois, c’était un restaurant, un bar, une boutique … Combien vous donnez ? Donc, c’était de 60 à 10 000 francs (de 10 à 1 500 euros) », précise encore la trésorière.

La Compagnie ne dépend donc financièrement d’aucune municipalité : « Jamais, précise Isabelle Alexandre, on s’acoquinera avec la municipalité, parce qu’ils vont dire : il faut faire comme ci, il faut faire comme ça et ils vont nous enlever notre artisanat du côté des chars. Donc on veut pas en fait. Il y a pas d’intervention ou pas de regard de la municipalité ».

Notes
121.

Date du carnaval de Saint-Gilles.