La Compagnie de la Mère Folle fut construite suivant les traditions carnavalesques par les « Gens du Palais de Dijon ». Unis par un même amour de la fantaisie et de la dérision, les membres de la Compagnie se comptaient à plus de cinq cent, d’une même classe socioprofessionnelle : officiers du Parlement, de la Chambre des Comptes, avocats, procureurs.
La Compagnie de la Mère Folle offrait au public des spectacles qui se déroulaient tous les ans au temps du carnaval pour adapter les farces du Moyen Âge aux mœurs de l’époque : ses membres, revêtus de leur costumes d’apparat, traversaient le ville sur de grands chariots peints aux couleurs vives que tiraient des chevaux caparaçonnés.
Le défilé empruntait les plus grandes artères de la ville et les membres de la Compagnie récitaient des poèmes satiriques en vers devant l’habitat du gouverneur, du maire et du président du Parlement. Ils se déguisaient en vignerons et chantaient, sur les mêmes chariots, des chansons caustiques et moqueuses sur les notables de la ville, en déambulant dans les rues.
Régulièrement, le cortège burlesque et incisif rendait, en pleine rue, des jugements fantaisistes en parodiant la justice, leur propre justice en réalité.
Bien entendu, si quelques événements sortaient de l’ordinaire pendant le carnaval dijonnais – scandale, malversation, voire mariages mal équilibrés, aussitôt la Compagnie sortait ses chariots, quelques membres se grimaient de manière à ressembler aux acteurs impliqués, et la farce commençait en public.
Des textes attestent de l’existence de cette compagnie dijonnaise dans les Etats du Duc Philippe Le Bon, c'est-à-dire au milieu du XVe siècle. Toutefois, la date précise de sa fondation nous est restée inconnue.