L’Abbaye des Enfants ¹⁵⁵

Les « Abbayes » de jeunes étaient de véritables institutions, très répandues en France au Moyen Age. Elles se ressemblaient beaucoup par leur rôle et par leurs actions ; seul le nom de ces Abbayes variait. A Chalon, ces associations étaient nombreuses ; la plus ancienne connue paraît être l’Abbaye des Enfants.

L’Abbaye des Enfants de Chalon, désignée aussi sous le nom des Enfants de ville, était une « corporation moitié sérieuse, moitié burlesque ¹⁵⁶  ».

Ses membres défilaient, de jour comme de nuit, dans les rues de la ville, à cheval, en armes, masqués et affublés de leur accoutrement pour chanter des chansons satiriques et obscènes et pour réciter des poèmes injurieux sous les fenêtres des magistrats. Ils profitaient de toutes les fêtes et, au besoin, en créaient pour exercer leur « art ». Ils parodiaient également, derrière leur chef, des personnages de haute importance, lors de leur entrée dans la ville.

Au moment de carnaval, une parade d’officiers de l’Abbaye dans les rues de la ville, avec leur enseigne, marquait le signal du début des réjouissances carnavalesques.

Dans le même temps, on célébrait dans la cathédrale Saint-Vincent de Chalon, « la fête des Fous ». Les chanoines et les enfants de choeur – le bas clergé – se promenaient également, déguisés dans les rues sur des charrettes.

Lorsque les deux cortèges se rencontraient, chacun se lançait alors dans des assauts de « bons mots et de joyeuseté  ¹⁵⁷  ».

Le lendemain pouvaient débuter les fêtes et festins.

Pour la période de carnaval, un roi, le Roy des Enffants, était également élu sous la tutelle de la municipalité. Ce royaume, dont les frais étaient supportés par l'élu, était éphémère dans la mesure où il naissait et mourait avec le carnaval.