Reflet des manières de vivre et des représentations que les individus se font d’eux même et du monde, la fête carnavalesque s’inscrit dans un environnement social et politique dont elle porte évidement témoignage.
Le paganisme et la religion chrétienne offrent ainsi conjointement une multitude d’origines possibles du carnaval.
Si l’on peut supposer, ainsi qu’il a été écrit, que les rites de ces phénomènes sociaux sont les survivances des fêtes égyptiennes, grecques ou romaines ou bien descendent des médiévales fête des Fous ou encore de la fête des Merveilles, il ne nous est cependant pas possible de l’affirmer. Si c’est le cas, comme le pense en partie Michel Feuillet, alors on peut imaginer que tous ces rites – « ancrés profondément dans la nature des peuples et des hommes » 244 – se sont transmis jusqu’à aujourd’hui en se modifiant, soit par d’insensibles évolutions, soit par de véritables révolutions, en se simplifiant ou s’enrichissant d’éléments nouveaux.
Une certitude toutefois : une seule festivité n’aurait pu donner la forme du carnaval tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Le carnaval serait ainsi entendu comme un réceptacle d’usages ancestraux qui fait coïncider la coutume et l’institution, la tradition et l’histoire politique et religieuse. Il faut alors dépasser la notion de carnaval au sens religieux du terme, donc de ses incarnations chrétiennes, pour en revenir à des rites culturels quasi universels, c’est-à-dire la fête du renouveau. Alors se dessine l’essence de la vie humaine : le rapport de la vie à la mort, ou plutôt le triomphe de la vie sur la mort, la persistance de la vie sociale du groupe en dépit de la disparition culturelle des individus.
Michel Feuillet, op.cit., p. 36.