3-3 – Carnaval : date lunaire

La lune, dont les phases sont les plus marquées et les cycles suffisamment longs et réguliers, apparaît comme le premier phénomène naturel capable de mesurer le temps. Elle symbolise en effet la répétition temporelle et le caractère cyclique.

La lune, par ces cycles, est à la fois la mort et la résurrection, elle est la mesure du temps mais aussi la promesse explicite de l’éternel retour. Elle symbolise donc la conciliation, ou du moins la médiation des contraires.

Ce calendrier procède par périodes de quarante jours qui correspondent à la durée d’un cycle lunaire et demi. Ce cycle débute à la nouvelle lune et se termine à la pleine lune. Ainsi, dans un phénomène périodique qui mesure le temps dans le calendrier lunaire, Pâques est situé quarante jours après 257 Mardi Gras.

Le carnaval est originellement une fête placée par la religion chrétienne à la veille du jour où les fidèles doivent officiellement cesser de manger de l’alimentation carnée, c’est-à-dire le Mercredi des Cendres.

Au fil du temps, le carnaval est devenu une période de festivités.

Il commence ainsi traditionnellement le jour de l’Épiphanie, date fixe, et se termine le Mardi Gras, date fluctuante, la veille du Mercredi des Cendres, premier jour de Carême.

Toutefois, d’un pays à un autre, d’une ville à l’autre, lesfestivités ne commencent pas le même jour.

En Guyane et à Limoux, dans le sud-ouest de la France, le carnaval commence effectivement à l’Épiphanie. Au Québec, il débute parfois dès le 1er janvier. À Bâle, en Suisse, il commence une semaine après le Mardi Gras. À La Réunion, il débute même le 21 juin.

Donc si l’Épiphanie dépend du calendrier solaire, le Mardi Gras lui n’est pas fixé sur ce calendrier : en 2006 Mardi Gras est fêté le 28 février, mais l’année passée, en 2005, il fut fêté le 8 février et l’année prochaine en 2007 il le sera le 20 février.

Il existe alors deux modes de calculs pour déterminer la date de Mardi Gras.

La première est plutôt issue d’une croyance populaire qui fait de l’ours un référent cosmique.

« Une croyance européenne affirme qu’il [l’ours] sort le 2 février (...) Il décide alors, selon le temps qu’il fait ou le cours de la lune, de la prolongation de l’hiver ou de l'arrivée du printemps, et met alors fin à son hibernation 258 . » Le premier pet de l’ours, lorsqu’il se réveille de son hibernation, est ainsi considéré comme le souffle du printemps et le début des festivités carnavalesques peuvent ainsi débuter. Mais l’homme ne s’en est pas toujours remis aux pets de l’ours pour déterminer l’initialisation de son carnaval, il opère également par calculs.

Pâques est fixée par l’Église le premier dimanche après la première pleine lune – soit en référence au calendrier lunaire - suivant l’équinoxe de printemps - calendrier solaire, entre le 22 mars et le 25 avril. Carême, qui commence le Mercredi des Cendres, termine la période carnavalesque. Carême qui dure quarante jours se clos par la fête de Pâques. Donc Carême et Carnaval dépendent mathématiquement de Pâques.

Les dates des jours Gras et la fin de la période carnavalesque se déterminent alors à l’aide de la fête de Pâques.

Ainsi, dans de phénomène périodique qui mesure le temps dans le calendrier lunaire, Mardi Gras est situé à la dernière nouvelle lune d’hiver et Pâques à la première pleine lune de printemps.

Le cycle carnavalesque se déroule ainsi : l’Épiphanie, le 6 janvier, le Mardi Gras, situé entre le 2 février et le 10 mars, Mercredi des Cendres, établi ainsi entre le 3 février et le 11 mars et Pâques, entre le 22 mars et le 25 avril.

Notes
257.

Quarante jours après Pâques se célèbre l’Ascension et quarante jours plus tard se situe la fête de Saint-Jean, au solstice d'été.

258.

M. Grimberg, in Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, 1988, p. 50.