Le jeu théâtral est une action qui fait appel à l’articulation des mouvements corporels et faciaux, imite et fait sienne les différentes émotions humaines.
Le terme jouer en français, ainsi que spielen en allemand, met en relief l’élément de la « fiction ». En revanche to act ou to play en anglais insiste davantage sur l’action. Avec le terme recitare, l’italien met l’accent plus sur le fait de « dire », « déclamer » que sur celui de « représenter », qui lui, crée une illusion, imite une action, et que l’on retrouve en espagnol avec le verbe representare.
Il semble que l’univers théâtrale carnavalesque est beaucoup plus proche d’un acte de « fiction » que de celui de « déclamation ». La parole, dans les défilés est en effet restreinte à la chanson collective ou encore aux invectives courtes entre acteurs ou entre acteurs et spectateurs. Point de texte déclamé, récité ou encore inventé, la parole s’efface au profit de l’écrit – pour le carnaval de Chalon notamment – ou plus généralement au profit de la représentation a fortiori fictive.
Le jeu carnavalesque est donc une fiction théâtralisée.
Cinq éléments conditionnent et déterminent la fiction carnavalesque :
La fiction carnavalesque se déroule dans un espace scénique et un temps délimité.
Le choix, collectif ou individuel, du moyen d’expression et de représentation (gestuel, mimique, chant, musique, etc.).
L’improvisation scénique.
La représentation devant un public et non à huis clos.
Les traditions culturelles locales et les conventions qui les conditionnent (récurrence identifiée localement d’un type de personnage, de masque, musical, scénique, d’un répertoire de chansons, etc.).
L’improvisation collective est une des caractéristiques que l’on retrouve principalement dans les théâtres de la commedia dell’arte, en Italie pendant la Renaissance.
La commedia dell’arte était aussi appelée commedia all’improviso, comédie impromptue, qui se distingue ainsi des comédies « préméditées », ou comédies littéraires 268 .
Nous ne connaissons pas avec exactitude et pourquoi vers la moitié du XVIe siècle des personnages commencent à improviser des textes et des mimes sur des tréteaux dressés sur les places publiques et dans les rues des villes et des villages en Italie. Nous n’en savons pas davantage sur la façon dont la comédie improvisée se détache des formes théâtrales littéraires.