Chapitre II :
Roi carnaval : entre imaginaire et politique

Introduction

La renaissance est un cycle, tout comme celui de la lune, ou encore celui du règne végétal, qui semble quant à lui être davantage réglé par les cycles solaires.

De la graine à la graine ou de la fleur à la fleur, le cycle végétal est un perpétuel recommencement après un « temps mort », le temps de l’ensevelissement de la graine ou de « dormance » durant les basses températures de l’hiver. Le fruit ou les feuilles meurent, et le bourgeon éclot ou la graine germe pour recommencer un cycle perpétuel.

Simple artefact à figure humaine, le roi carnaval, après avoir été exécuté, renaît de ses cendres, systématiquement, tous les ans à la même époque, à la suite d’un période de dormance. Le monarque, personnification identitaire d’un groupe et d’une pratique culturelle, reste alors invisible.

L’isomorphisme des deux cycles est ici flagrant.

Il est donc un roi métaphorique, un roi imaginaire, dont le peuple se dote comme d’une transition saisonnière, comme un passage entre deux états, l’un régi par les émotions et l’autre par la raison, marquée par le retour à la quotidienneté. Il cristallise en lui l’interstice, l’intermittence. Sa venue est un hymne à la déraison, à la création esthétique, aux fantasmes, aux déploiements de l’imaginaire ; sa mort rappelle à la raison, à la réalité, à la modération.

Suivons alors le cheminement de sa courte vie et des rituels de sa mort afin de franchir le gué qui nous permettra de passer d’un monde imaginaire et sensible à un univers logique et rationnel.