Mais si le roi carnaval n’est pas masqué, il est néanmoins coiffé du prestige lié à la volonté des dieux par sa couronne.
Le masque ouvre effectivement le potentiel sémiotique d’un ordre social vers un ailleurs, une autre réalité alors que la couronne le renferme plutôt sur lui-même, en rappelant que, dans le monde parallèle du carnaval, les systèmes hiérarchiques fonctionnent également.
La couronne et le masque sont donc incompatibles.
La couronne fut portée par les Rois chrétiens occidentaux dès le VIIIe siècle 335 , par le Christ 336 , par les Empereurs comme Jules César ou Napoléon Bonaparte, et aussi, historiquement, par les héros ou les vainqueurs des Jeux Olympiques 337 , comme un objet à la fois de la grâce des dieux et de reconnaissance collective de l’ensemble de la population.
Alors que le masque se revêt seul, de manière individuelle, la couronne se décerne ou s’impose par une autre autorité reconnue 338 .
Historiquement, les femmes peuvent être couronnées, notamment les impératrices, alors que le masque leur est refusé. On retrouve alors la couronne sur la tête des reines de carnavals, et notamment à Chalon, tout comme sur celle des reines de beauté, miss France et autres miss Univers.
Le premier acte de couronnement connu en Occident figure en Angleterre au VIIIe siècle. Charlemagne quant à lui fut couronné en 768, et la pratique s’est alors généralisée à l’ensemble des monarques de confession chrétienne.
Même si elle était d’épine.
Aux Jeux Olympiques d’Athènes, en 2004, cette tradition fut remise au goût du jour pour les athlètes vainqueurs de leur compétition.
Napoléon 1er, dans un geste hautement symbolique, aurait enlevé la couronne des mains du Pape pour se couronner lui-même. L’empereur Bokassa 1er s’est également couronné lui-même, le 4 décembre 1977, à Bangui, en Centrafrique alors qu’il s’était autoproclamé président à vie de la République Centrafricaine cinq ans plus tôt.