4 – Exécution publique

4-1 – Peine de mort

Dans toute organisation humaine, en cas d’acte illicite, de désordre, de transgression des règles de la société ou de désobéissance, les autorités judiciaires et politiques introduisent et usent d’un système d’objectivation et de rationalisation, prédéfinis et identiques pour tous, qui sanctionnent le ou les fauteurs de trouble. Ce sont les lois.

Ce procédé constitue un gage de l’être en commun et du vivre ensemble.

De plus, Jean-Jacques Wunenburger précise que « les trois piliers de toute organisation politique, l’exécutif, le judiciaire et le législatif ont donné lieu à travers l’histoire, dès leur origine, à une représentation et à une scénarisation qui font appel aux mythes, aux symboles, aux analogies, aux fictions, surtout dans leur dimension religieuse 366 . »

L’exécution capitale, la mort, fut en effet, dans l’histoire des sociétés, un rituel judiciaire extrêmement théâtralisé.

La justice, pour être opératoire, a recours ainsi à une mise en scène publique afin, d’une part, de se doter, pragmatiquement d’une force d’imposition, et d’autre part, de donner une forme, reconnaissable et identifiable, pour le moins objective, à son pouvoir.

Mais qu’en est-il dans le monde festif carnavalesque, où la justice des hommes semble être à l’œuvre, et où la mort constitue un élément scénique essentiel, un rituel fondamental, du moins une constante de la fin des scénarios carnavalesques ?

Est-ce que la rationalité du système législatif peut nous renseigner sur l’exécution ultime d’une simple effigie de chiffon, issue d’un imaginaire festif ?

Qu’est-ce que l’histoire – succincte – de l’exécution capitale, en France du moins, peut nous apprendre sur un rite festif, tel que celui qui est mis en scène régulièrement en fin de scénario carnavalesque ?

Comment et pourquoi la rationalité quotidienne intervient dans une sphère parallèle, construite d’imagination collective ?

Dans quelle mesure la loi en vigueur dans le quotidien agit sur le vivre ensemble carnavalesque… et post-carnavalesque ?

C’est ce que nous allons essayer de disséquer dans les pages suivantes.

Notes
366.

Jean-Jacques Wunenburger, Imaginaires du politique, Paris, Ellipses, Coll. Philo, 2001, p. 31.