2 – La notion du temps

Cornélius Castoriadis, à propos de l’institution sociale du temps, avance qu’« il nous semble évident que l’institution du monde par la société doit comporter nécessairement, comme une de ses « composante » ou « dimension », une institution du temps. Mais il est évident que cette évidence même est inséparable de notre expérience d’une vie à l’intérieur d’une temporalité instituée 410 ».

La division du temps, qui divise le temps social, résulte en effet des conventions sociales qui demeurent, en partie seulement, extrinsèques à la conscience immédiate de l’individu. Emile Durkheim a montré qu’un individu isolé serait incapable de mesurer le temps. Maurice Halbwachs pense quant à lui que « Les dates et les divisions astronomiques du temps sont recouvertes par les divisions sociales de telle manière qu’elles disparaissent progressivement et que la nature laisse de plus en plus à la société le soin d’organiser la durée  411 . »

Le temps objectif est donc organisé par tous les membres d’une même société de la même manière. La division et une perception commune du temps constituent les points de rencontre et de contact entre les individus.

Afin de se repérer socialement dans le temps, il est ainsi nécessaire qu’il y ait institution sociale d’un repérage collectif dans le temps, et dans l’espace.

L’espace est donc mis en rapport par le temps, mais l’espace permet de percevoir le temps. Il y a donc un rapport de simultanéité par l’espace.

Mais cette institution sociale tant du temps que de l’espace constitue fondamentalement une norme, elle aussi sociale.

Dans l’espace carnavalesque, le temps se distingue ainsi du temps de la réalité quotidienne, donc la norme du temps carnavalesque est différente que celle de la réalité quotidienne.

Notes
410.

Cornélius Castoriadis, op.cit., p. 279.

411.

Maurice Halbwachs, La mémoire collective, Paris, Albin Michel, 1997 (1ère èd.1950, P.U.F.), p. 144.