Extrait consacré à l’autorité papale :

‘Si les Souverains Pontifes, qui sont à la place du Christ, s'efforçaient de l'imiter dans sa pauvreté, ses travaux, sa sagesse, sa croix et son mépris du monde, s'ils méditaient sur leur nom de Pape, qui signifie Père, et sur le titre de Très-Saint qu'on leur donne, ne seraient-ils pas les plus malheureux des hommes ? Qui voudrait acheter cet honneur aux dépens de toute sa fortune, et, après l'avoir acheté, le conserver par le glaive, par le poison, par toutes sortes de violences ? Que d'avantages à perdre, si la sagesse, un jour, entrait en eux ! et pas même la sagesse, mais un seul grain de ce sel dont le Christ a tant parlé. Tant de richesses, d'honneurs, de trophées, d'offices, dispenses, impôts, indulgences, tant de chevaux, de mules, de gardes et tant de plaisirs, vous voyez quel trafic, quelle moisson, quel océan de bien j'ai fait tenir en peu de mots ! Il faudrait remplacer tout cela par les veilles, les jeûnes, les larmes, les oraisons, les sermons, l'étude et la pénitence, mille incommodités fâcheuses. Que deviendraient aussi, ne l'oublions pas, tant de scripteurs, de copistes, de notaires, d'avocats, de promoteurs, de secrétaires, de muletiers, de palefreniers, de maîtres d'hôtel, d'entremetteurs (j'allais dire un mot plus vif, mais je crains de blesser les oreilles). Cette multitude immense, qui est à la charge du Siège romain -je me trompe-, qui a des charges auprès du Siège romain, serait réduite à la famine. Il serait donc inhumain, abominable et infiniment détestable que les grands chefs de l'Eglise, véritables lumières du monde, soient ramenés au bâton et à la besace. ’