Abolition de l’esclavage

Durant la Révolution française, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, le 24 juin 1793 donne un premier fondement à la lutte abolitionniste. Article 3 : « Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi », Article 6 : « La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas au droit d’autrui [...] ».

Le 4 février 1794, est rédigée la première abolition française de l’esclavage : « La Convention Nationale déclare que l’esclavage des nègres dans toutes les colonies est aboli. En conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la constitution ». Suivi d’aucun décret d’application, cet article n’a jamais été respecté par les propriétaires d’esclaves, déclenchant ainsi de nouvelles révoltes dans les plantations.

Cette première abolition de l’esclavage n’a dissout en rien la stricte séparation clivée et hiérarchisée des catégories sociale, raciales et économiques : de l’ordre racial découle l’ordre économique, puis l’ordre social.

Avec la gouvernance de Napoléon 1er (Bonaparte) en 1799, et afin de rétablir l’économie coloniale, l’esclavage est officiellement rétabli le 20 mai 1802.
Article 1 : « L’esclavage sera maintenu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789 ». Le Code noir est également restauré et la traite négrière reprend. Cette décision soulève des mouvements de révolte dans les différentes colonies, et oblige la France à envoyer des hommes armés pour rétablir l’ordre.

La restauration, par Bonaparte en 1802, du système économique esclavagiste confortât les riches propriétaires terriens dans leur position et dans leur pouvoir décisionnel, mais un mouvement abolitionniste était malgré tout en marche et avait imprégné les consciences.

En Guyane et à La Réunion, la conséquence directe du rétablissement de l’esclavage est d’avoir amplifié le marronnage.

En 1831, sous la Monarchie de Louis-Philippe, les droits civiques sont reconnus à tous les « hommes de couleur » libres et la Loi du 4 mars interdit la traite. Cette interdiction impose de lourdes peines aux contrebandiers. Malheureusement, ces mesures n’empêchent pas la traite de se poursuivre, et même de se renforcer.

Cette loi sera pourtant appliquée à partir de 1833, et les Noirs saisis sur les bateaux négriers de contrebande seront débarqués dans la colonie, avant d’être libérés.

Le véritable tournant de l’abolition de l’esclavage, a sans doute été les « Journées Révolutionnaires de 1848 » qui ont mis fin à la Monarchie.

La Seconde République est née, avec un gouvernement provisoire qui adopte le principe de l’abolition de l’esclavage le 4 mars 1848, grâce à l’intervention de Schoelcher auprès de François Arago, ministre de la Marine.

Schoelcher est alors nommé Secrétaire d’Etat, chargé des colonies et des mesures relatives à l’abolition de l’esclavage.

Le décret de l’abolition paraît le 27 Avril 1848 560 .

" Nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ! " : le décret de Victor Schoelcher, futur député des Antilles, sous-secrétaire d’Etat, est adopté par l’Assemblée constituante.

Le Gouvernement provisoire, considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine (…) décrète (extrait) :

En Guyane, l’abolition de l’esclavage fut proclamée le samedi 10 juin 1848 et le décret fut publié deux mois plus tard. La déclaration de Pariset, Commissaire général de la République en Guyane, aux habitants fut en ces termes : « Citoyens, en vertu du décret de la République du 27 avril 1848, au nom du peuple français, nous proclamons l’abolition de l’esclavage à la Guyane française, Vive la République » 561 .

Le 20 décembre 1848, mandaté par la IIème République, le commissaire du gouvernement J.N.S. Sarda Garriga proclame officiellement l’abolition de l’esclavage à La Réunion.

La conséquence immédiate de cette proclamation fut la disparition du marronnage et la désertion des habitations et des plantations dans lesquelles les anciens esclaves travaillaient.

Après l’abolition de 1848, le gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte (Napoléon III) est contraint de signer des contrats avec les pays étrangers d’Afrique, et avec la Chine et l’Inde pour importer de la main-d’œuvre dans les colonies. 562 .

Notes
560.
561.

« La Feuille de la Guyane française » n°33, du 12 août 1848

562.

Jacqueline Zonzon, Gérard Prost, Histoire de la Guyane, Paris, Maisonneuve et Larose, 1996.