4. DE MACAR ET LEMARINEL : DEUX AGENTS DE L’E.I.C DE PASSAGE CHEZ LES DING ORIENTAUX(1886)

Le capitaine Macar est désigné par les autorités de l’E.I.C. pour prendre le commandement de la station de Luluabourg, fondée, comme nous l’avons vu, par Wissmann.

Le 20 avril 1886, il s’embarque à Léopoldville, à bord du Stanley, accompagné de son Adjoint, le lieutenant Lemarinel. Le steamer emporte d’autres passagers : Stelman, agent commercial à Léopoldville, le baron Von Schwerin, de la mission suédoise, les Pères Merlon et Schmitz (Pères Blancs), qui allaient rejoindre leur mission de Kwamouth ; enfin, le personnel du bateau : le capitaine Anderson, le second Delatte, les mécaniciens Mas Allen et Walker.

Au mois de mai, le Stanley est de passage chez les Ding orientaux. Il arrive à la station de Luebo le 20 mai. Les voyageurs y rencontrent Wissmann et Wolf qui venaient d'explorer le Kasaï, entre le confluent de la Lulwa et les chutes. Macar tient un journal et dessine quelques cartes.

Nous avons cherché en vain l’intégralité de ce journal dans « les papiers de Macar » aux Archives historiques privées du Musée royal de l’Afrique Centrale à Tervuren 1 .

C’est dans le M.G. de 1887 qu’on peut glaner quelques informations. Macar décrit le pays de Ding orientaux (autour de la Loange) comme la partie la plus pittoresque des rives du Kasaï :  

‘La région située sur la rive gauche, en aval et en amont du confluent de la Loangé est la partie la plus pittoresque des rives du Kasaï. On y admire notamment les plus beaux palmiers que l’on puisse voir. La population de ses parages est assez dense. Elle habite des jolis villages entourés de plantations de bananiers et de manioc, et est hospitalière. L’emplacement est très favorable à l’établissement d’une station 2 .’

Cette observation de Macar va s’avérer déterminante pour l’avenir de la contrée. Près du confluent de la Loange, sur la rive gauche, s’établiront, à Pangu, les Compagnies Commerciales européennes et plus tard une mission catholique. En 1894, nous le préciserons plus loin, Lemarinel établira un poste d’État au confluent de la Lubwe.

Quand le 28 mai, le bateau repart de Luebo pour regagner Léopoldville, il a à bord le Dr Wolff qui rentre en Europe. C’est la troisième fois qu’il longe la contrée des Ding.

Quant à Macar, il sera un des acteurs de la venue des Scheutistes au Kasaï. En effet, il écrit au Pape, le 10 juillet 1887. Dans sa lettre à laquelle il joint une pétition de Kalamba Mukenge, l’officier belge signifie au Vatican que Kalamba demandait à être baptisé avec son peuple dans la religion catholique. La pétition était contresignée, en qualité de témoin, par Katshiabala, guide d’Angola de Wissmann. La lettre manuscrite de Macar est ainsi libellée :

‘Saint Père,’ ‘Considérant que la religion est la base de toute civilisation, je me suis entretenu avec les indigènes Bachilanges, de l’existence de Dieu. Mes efforts ont été couronnés de succès, et je viens de transmettre aujourd’hui, à Monsieur l’administrateur Général de l’État Indépendant du Congo, les demandes du plus puissant des chefs Bachilanges, Kalamba, de sa famille et de ses sujets, tenant à recevoir le baptême dans la religion catholique. Les fétiches ont disparu et ils croient en Dieu. Je m’empresse de porter cette nouvelle à votre connaissance, la considérant comme des plus importantes. Dans l’attente de votre Bénédiction, je suis de votre Sainteté le très humble et très obéissant serviteur1.’

Cette lettre serait, selon toute vraisemblance, une des raisons qui aurait poussé les Scheutistes à s’intéresser au Haut-Kasaï.

Notes
1.

Papiers de Macar, Adolphe, 1886-1887, AHPMRAC, 97. 31, 1boîte.

2.

Anonyme, « Renseignement sur le Sankourou inférieur » in M.G., 1887, p. 16-18.

1.

Lettre de Macar au Saint Père, Loulouabourg, le 10 juillet 1887, A.S.C.P.F., Congo, vol. 8, 40 (manuscrit)