5. 7. 2. Commerce du caoutchouc

Le caoutchouc de E.I.C. est dit, à cette époque, « naturel ». Il provient des lianes de la forêt et d’herbes de la savane (landolphia thollonii). Le territoire des Ding orientaux cumule ces deux sources de caoutchouc.

Quand débute le commerce du caoutchouc chez les Ding ? Les documents ne fournissent pas assez d’éléments qui autoriseraient à fixer une chronologie sûre. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que dans la région de la savane du sud le commerce de ce produit était pratiqué notamment par les Cokwe bien avant la reconnaissance du Kasaï par l’expédition Wissmann.

La production était écoulée vers l’Angola 1 . Les Ding étaient-ils partie prenante de ce courant commercial ? Aucune indication précise ne nous est fournie par les sources. Wissmann ne parle de ce produit que chez les Kuba et les Lele : « En cet endroit, la rive droite est occupée par des tribus indigènes appartenant à la nation des Bakouba, et la rive gauche par d’autres, appartenant à la nation des Bachilélé. L’expédition fut très favorablement accueillie par les uns et les autres. Chaque matin, les indigènes arrivaient en masse au camp, offrant d’échanger contre des cauris, des perles ou du cuivre, leurs produits. Ceux-ci se composaient, avant tout, d’ivoire et de caoutchouc » 2 .

Par contre, à partir de 1895, le commerce du caoutchouc se développe dans la région des Ding orientaux. Les sociétés européennes s’établissent à Mangaï, à Lubwe et à Pangu. Il naît un commerce de traite basé sur l’échange du caoutchouc contre les barres ou les croisettes de cuivre, les plaquettes de fer, les coquillages, les cauris, les perles, les rouleaux de cotonnade et le sel. Les agents européens installés dans les factoreries envoient les colporteurs noirs dans les villages. À ces gens de confiance, les Européens remettent tout un choix d’articles manufacturés 3 . Les colporteurs connaissent la valeur de ces marchandises et la quantité de caoutchouc qu’ils doivent recevoir. Ils fixent eux-mêmes les prix, les natifs ne sachant ni lire ni écrire.

Le transport entre le village et la factorerie se fait soit par les producteurs eux-mêmes – dans ce cas ils sont payés un peu plus – soit par des personnes engagées par le colporteur et celles-ci reçoivent un salaire proportionnel à la charge transportée.

D’après la petite brochure de la Compagnie du Kasaï (C.K.) que nous venons de citer, les factoreries établies à partir de 1893 payaient, pour le caoutchouc, un prix plus convenable qu’ailleurs au Congo, s’élevant jusque 2,70 Francs le kilo, ce qui se traduit par une fourniture de caoutchouc de pas moins de 1650 tonnes en 1901 1 .

Très vite le goût du lucre et du profit facile conduit ces nombreuses sociétés à se livrer une folle concurrence qui devait obliger les « producteurs » autochtones à vendre toujours plus et « à tricher » avec la qualité. D'ailleurs vers la fin de l'année 1900, on observe au marché d'Anvers, une baisse de la qualité du caoutchouc en provenance du bassin du Kasaï.

Notes
1.

MARCHAL, op.cit., vol. I, p. 370.

2.

WAUTERS, « De Loulouabourg... », p. 81.

3.

Anonyme, Question congolaise. La Compagnie du Kasaï et ses actionnaires, Bruxelles, 1906, p.

1.

Idem, p