1. 2. Conférence de Berlin et reconnaissance de l’E.I.C.

C’est le Chancelier allemand Bismarck, ami personnel de Léopold II, qui convoque la Conférence. Elle dure trois mois, du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Son objectif est d’aboutir à une entente entre les nations occidentales au sujet de l’exploitation de l’Afrique. Les conclusions de la conférence sont présentées dans l’Acte général de Berlin.

Ce document prône la liberté du commerce, la lutte sur terre comme sur mer contre le trafic des esclaves, la neutralité du bassin du Congo même en cas de guerre, la navigation libre sur le Congo et sur le Niger bien que l’administration de ces fleuves soit réservée aux puissances riveraines. Toute prise de possession sur les côtes de l’Afrique doit être notifiée et ne sera valable qu’à condition d’être effective. Sur le plan religieux, l’acte de Berlin reconnaît aussi la liberté de conscience et de culte dans le bassin du Congo 1 .

En marge de cette conférence, Léopold II manœuvre habilement pour faire reconnaître ses possessions. Le 23 février 1885, la Conférence reçoit la notification du Président de l’A.I.C, de sa reconnaissance, comme État souverain, par toutes les nations présentes à Berlin, à l’exception de la Turquie.

L’État Indépendant du Congo est né. Il sollicite et obtient son adhésion à l’Acte général de Berlin, le 26 février. Il est alors la seule nation « africaine » à avoir été présente à Berlin du moins en cette dernière journée 2 . Léopold II, le fondateur du nouvel État, devient son premier souverain absolu.

L’État léopoldien reçoit le nom d’État Indépendant du Congo (E.I.C). Ce nom est équivoque ; en effet, l’État n’est pas gouverné par un autochtone, mais par un souverain étranger qui le considère comme sa propriété privée. Le gouvernement central est à Bruxelles, à trois semaines de voyage de Boma, siège du gouvernement local dirigé par un gouverneur général nommé par le souverain. L’État peut néanmoins se dire indépendant car il ne dépend d’aucun autre État, pas même du royaume de Belgique. L’union entre les deux États est purement personnelle : une seule personne, Léopold II, est à la fois roi constitutionnel des Belges et souverain absolu du Congo. Le pouvoir léopoldien est autocratique et absolu. Il n’est limité ni par une constitution ni par un corps législatif ; les secrétaires ou administrateurs généraux du gouvernement central ne sont que des commis du Souverain qui les choisit et les nomme. Ils ne doivent rendre compte qu’à lui seul. Il en va de même pour le Gouverneur Général (GG) et tous les agents de l’administration congolaise : ils dépendent directement ou indirectement du seul souverain 1 .

Notes
1.

On peut lire l'intégralité de l'Acte général de Berlin dans le B.O., 1885.

2.

NDAYWEL, Histoire générale du Congo, op.cit., p. 277-278.

1.

On peut lire BONTINCK, F., “Les débuts des Missions au Congo” dans VERHELST, D., et DANIËLS, H., Scheut hier et aujourd'hui 1862-1987, Presses Universitaires de Louvain, Louvain, 1993, p. 112-115.