1. 3. 1. Les Spiritains, premiers occupants ?

À partir de 1879, alors que Stanley commence, dans le Bas-Fleuve, l’établissement des premières stations pour le compte du C.E.H.C., les Pères français de la Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains), s’activent eux aussi dans cette même région, suivant le plus souvent les itinéraires de De Brazza. Les Spiritains sont des successeurs légitimes des capucins italiens.

Leur histoire en Afrique centrale commence, en 1842, avec la création de l’immense Vicariat Apostolique des Deux-Guinées et de la Sierra Leone. Cette circonscription ecclésiastique est confiée, en 1847, à la Société du Saint-Cœur de Marie (absorbée par la Congrégation du Saint Esprit l’année suivante).

A maintes reprises, la Sacrée Congrégation de la Propagande fait appel à des ordres religieux et à des congrégations de prêtres séculiers pour reprendre la Préfecture Apostolique du Kongo, mais sans grand succès.

Finalement Rome a recours à la Congrégation du Saint Esprit. Celle-ci possède déjà la mission limitrophe des Deux-Guinées. Dans un rapport du 14 mars 1865, le Supérieur général des Spiritains se dit intéressé par cette offre 1 . Mais avant de prendre une décision, la Propagande informe le Ministre général des Capucins et lui demande catégoriquement s’il voulait reprendre de nouveau en charge cette mission autrefois confiée à son ordre. Celui-ci répond, le 31 juillet 1865, que son ordre renonce à cette mission. En conséquence, sur avis de la Propagande, le Pape Pie IX décrète, le 9 décembre 1865, la cession aux Spiritains de la Préfecture apostolique du Kongo 2 .

Il fallait maintenant occuper le terrain. Le Père Poussot, le Père Espitallié et l'agrégé Etienne Billon, parviennent à Lisbonne le 27 janvier 1866. Après différentes démarches, ils embarquent le 5 février sur le Lincolnshire, navire anglais qui les dépose 37 jours plus tard à Ambriz. Mais “nos missionnaires ne pouvaient rien entreprendre dans le Congo, avant de s'être entendus avec les autorités supérieures, tant ecclésiastiques que civiles, des possessions portugaises.” 3 Le père Poussot se rend à Saint-Paul de Loanda pour rencontrer l’évêque, Mgr José Nilo d’Oliveira. Celui se montre bien disposé pour les missionnaires. Le missionnaire spiritain rencontre aussi le gouverneur qui lui déclare qu’il devait en référer à Lisbonne.

En attendant la réponse du Gouvernement portugais, Espitallié et Billon viennent rejoindre Poussot à Loanda où ils sont les hôtes de l’évêque. En juin 1866, quand ils apprennent que le curé d’Ambriz est parti à Lisbonne et que la cure est vacante, ils proposent de le remplacer. Le gouverneur, ainsi que le vicaire général, le leur accordent volontiers. C’est à la mi-septembre que les trois Spiritains s’installent à Ambriz et c’est la première fondation de leur nouvelle préfecture 1 .

Plus tard, le 25 juillet 1873, le Conseil général de la Congrégation décide la fondation de la mission Saint-Jacques de Landana en dehors des possessions portugaises. Le P. Charles Duparquet et le frère Fortunat Engel s’embarquent, le 31 juillet, à Liverpool. Le 4 septembre, ils rejoignent le P. Carrie au Gabon et le 9 septembre la nouvelle communauté s’installe à Landana. De Landana, Carrie se rend à Boma et acquiert, le 11 juillet 1876, un lopin de terre situé au bord du fleuve. Après quelques visites en 1878 et 1879, la mission Notre-Dame des Victoires de Boma est fondée le 12 mai 1880 par Carrie et Jean-Baptiste Visseq. A la fin de l’année le P. Matthias Schmitt prend la direction de la mission 2 . Boma est donc la première installation des Spiritains français dans l’actuelle République Démocratique du Congo.

Les missionnaires spiritains ne s’arrêtent pas en chemin. Par monts et par vaux, ils poursuivent l’occupation de leur nouvelle préfecture : Pinda Saint-Antoine (1881) ; Loango Sacré-Cœur de Jésus (25 août 1883) ; Linzolo Saint-Joseph (22 septembre 1883) ; Nemlao ou Banana Saint-Esprit ( 2 février 1886) ; Kwamouth ou Saint-Paul du Kasaï (18 mai 1886), Brazzaville Saint-Hippolyte (4 septembre 1887) ; etc 3 .

Notes
1.

ERNOULT, J., « Les spiritains au Congo. De 1865 à nos jours. Matériaux pour une Histoire de l’Église au Congo » in Mémoire spiritaine. Etudes et Documents, n° 3, 1995, p. 13

2.

BG. N° 35 et 36 (1865), p. 1-3.

3.

BG, t. 5, p., 128

1.

BG, t. 4, p.646-649. Lire aussi, ERNOULT, J. « Les Spiritains au Congo… », p. 31-35.

2.

ERNOULT, J., op.cit. , p. 42.

3.

ERNOULT, J., op.cit. , p. 42-81.