3. 2. 5.. Van Aertselaer et De Deken quittent « la perle de l’Afrique… »

La visite de Van Aertselaer, Supérieur général des Scheutistes, chez Émeri Cambier, se termine en février 1894. De Deken livre ses dernières impressions :

‘Le 1er janvier 1894, je me trouvais à Lusambo, conduisant les Sœurs à Saint-Joseph de Loulouabourg. Le 27 février, je quittais définitivement cette mission, la perle de l’Afrique, à la suite de T.R. Supérieur général. Nous avions tout d’abord à gagner par terre la station de Luébo. Une escouade de chrétiens portait nos bagages. Durant ce trajet de sept jours, tous les chefs indigènes nous ont reçus comme frères de Nganga-Bouka, Père Cambier. Ils me connaissent tous d’ailleurs, puisque je passais chez eux pour la quatrième fois en moins de deux ans ; de plus, à mon dernier retour de la côte, je leur avais apporté force boîtes d’allumettes, cadeau qu’ils prisent beaucoup, comme je m’en étais assuré lors de mon premier voyage 5 .’

Cette visite de Van Aertselaer a assuré une légitimité certaine aux actions de Cambier. Il devient ainsi le « chef incontestable » des Scheutistes du Kasaï. Il commence alors l’extension de son action apostolique par la fondation de nouveaux postes. En 1894, il fonde avec De Clerq et Hoornaert la mission de Tshilundu (1894 ) à l’aide d’un don de 25.000 F de la comtesse Jeanne de Mérode de Westerloo, d’où le nom de Mérode-Salvador. En 1895, Cambier établit un poste près de Lusambo et l’appelle Saint-Trudon en souvenir de l’Œuvre des Vieux Timbres-Poste, créée à Saint-Trond en 1890 par le prêtre Joseph Senden. L’œuvre contribue pour 25. 000 F à la fondation de Saint-Trudon, où Alexis Senden, le frère de Joseph devient supérieur.

En cette année 1895 éclate la révolte dite « des Batetela ». L’historiographie missionnaire et coloniale la présente comme un conflit entre la puissance civilisatrice et une Afrique rebelle divisée, dissimulant ainsi une part de la vérité, puisqu’il s’agissait au moins en partie d’une mutinerie de soldats malmenés et maltraités par leur chef européen. Cambier participe d’une façon active à la lutte contre les « Batetela ». Il se vante d’avoir défendu, arme à la main, sa mission de Luluabourg. Cette révolte va inaugurer, dans le Kasaï, une période d’insécurité qui durera jusque vers les années 1900.

En 1897, Cambier contribue à la fondation de la mission de Bunkonde baptisée Hemptinne-Saint-Benoît, sur la rive droite de la Lubi. Le Père Charles Seghers, fondateur de la mission, lui donne le nom de Hemptinne, en souvenir du comte Joseph de Hemptinne qui a financé l’entreprise. Un autre poste missionnaire est établi à Tshilombe en 1898. Il est baptisé Tielen-Saint-Jacques en souvenir d’un Limbourgeois qui a légué 100.000 F aux Scheutistes.

Notes
5.

De DEKEN, op.cit., p. 185-186.