1. ÉRECTION DE LA MISSION AUTONOME DU HAUT-KASAÏ (1901)

Depuis l’installation de Cambier, en 1891, à Luluabourg, l’œuvre d’évangélisation dans cette région n’a cessé de grandir. Au début de 1901, la contrée compte déjà cinq postes de mission : Mikalayi ou Luluabourg-Saint-Joseph, Mérode-Salvator, Saint-Trudon, Hemptinne-Saint-Benoît et Tielen-Saint-Jacques.

Dès la fin de 1900, Van Ronslé, Vicaire Apostolique de l’E.I.C, commence à penser à la nécessité de séparer le Kasaï Supérieur du reste de son Vicariat. Il écrit à son supérieur général pour s’enquérir de son opinion. Le motif principal qu’il présente pour justifier cette séparation est « l’énorme distance qui sépare cette contrée de la résidence épiscopale, car il faut 28 jours au moins pour remonter le Kasaï de Léopoldville à Lusambo » 1 .

Le Supérieur général ne trouve aucun inconvénient à cette proposition. Il conseille à Van Ronslé de faire une requête en bonne et dû forme auprès de la S.C. de la Propagande. Comme il était d’usage à l’époque, cette demande devait être d’abord examinée puis approuvée par le Supérieur Général et ses Assistants avant d’être transmise à la Propagande.

La requête de Van Ronslé est formulée dans une lettre du 23 février 1901 :

‘Le développement religieux sans cesse croissant que, grâce au Ciel, nous avons le bonheur de constater dans le Vicariat Apostolique du Congo Belge, est l’une des causes principales qui m’ont déterminé à formuler la requête qui constitue l’objet de la présente lettre. Je la dépose bien humblement aux pieds du Très Saint Père, en priant Sa Sainteté de daigner l’accueillir, et en acceptant d’avance, avec la plus entière soumission, la réponse qu’Elle voudra y donner. ’ ‘Requête : Détacher du territoire du Vicariat Apostolique du Congo Belge, la partie constituée par le bassin des eaux du Kasaï Supérieur, c’est-à-dire : pris à partir de l’embouchure ou confluent de la rivière Lubwe, et de ses affluents, dont les principaux sont : à la rive gauche : Lubwe et Loanje ; à la rive droite : Sankuru-Lubilache avec ses sous-affluents Luebo, etc. ’ ‘Et ériger ce territoire ainsi déterminé en mission indépendante du Vicariat Apostolique du Congo Belge ; mission dont les RR. Pères de la Congrégation du C.I. de Marie de Scheut, continueraient d’avoir soin et de diriger l’évangélisation, comme par le présent, sous la direction toutefois d’un nouveau Supérieur ecclésiastique relevant directement de la Congrégation de la Propagande 2 .’

La suite de cette lettre décrit la situation religieuse de cette partie du Congo. Elle essaie de montrer que les conditions exigées par la Propagande pour l’érection d’une nouvelle entité ecclésiastique sont bel et bien remplies.

Le 26 mars 1901, le Supérieur Général des Scheutistes et ses assistants approuvent la proposition de Van Ronslé. Van Hecke écrit au cardinal Ledochowski :

‘À la demande de Monseigneur Van Ronslé, Vicaire Apostolique du Congo Belge, dont la lettre ci-jointe, je déclare volontiers que d’accord avec mes Assistants je ne puis qu’appuyer la requête de sa Grandeur, à l’effet de détacher une partie de son Vicariat, la région du Kassai Supérieur notamment, pour être érigée en mission séparée.’ ‘Le plus grand motif est certes l’énorme distance qui sépare cette contrée de la résidence épiscopale, car il faut 28 jours au moins pour remonter le Kassai de Léopoldville à Lusambo. En outre les stations religieuses, presque exclusivement formées par les esclaves rachetés y ont nécessairement une administration qui diffère notablement de celle en usage dans les autres centres chrétiens. Enfin le nombre de missionnaires et des chrétiens nous semble suffisant pour constituer une mission séparée, appelée à un bel avenir de prospérité1.’

Le Supérieur des Scheutistes apporte des précisions sur la forme juridique que doit vêtir la nouvelle mission autonome :

‘Il serait préférable, à notre point de vue, de débuter par l’érection d’une simple mission avec un supérieur ecclésiastique, dont je proposerais le nom à Votre Éminence Révérendissime, si tant est qu’Elle daigne approuver notre manière de voir ; quand cette mission aura pris de nouveaux développements et qu’entre temps le Supérieur constitué aura donné des preuves d’une prudente administration, on pourrait après quelques années solliciter l’érection en Provincariat ou en Vicariat apostolique2. ’

Quant aux limites de la mission, Van Hecke est d'avis que celles indiquées par Van Ronslé sont assez indéterminées. Il propose « de prendre tout le district de Lualaba-Kassai, à l’exception de cette langue de terre que sa Grandeur veut retenir à son Vicariat sur les deux rives du Kassai jusqu’à la petite rivière Lubwe » 3 .

La requête des Scheutistes reçoit une réponse favorable de la part de la Propagande. Par un décret du 26 juillet 1901, celle-ci sépare la « Mission autonome du Haut-Kasaï » du Vicariat apostolique du Congo Indépendant. Le 20 août, Cambier en est nommé supérieur 4 .

À cette époque la Mission compte cinq postes, mais le territoire qui lui est dévolu s’étend à l’ouest jusqu’à la limite de la mission du Kwango attribuée aux Jésuites belges. Cette limite se situe sur la ligne de faîte qui sépare le bassin du Kwilu de celui de la Kamtsha (voir carte). À l’est, la mission s’étend jusqu’au Katanga.

Notes
1.

Lettre de VAN RONSLÉ à Van HECKE, Supérieur Général, Boma, le 22 décembre 1900, APF, FNS, Vol. 238, N° 344.

2.

Lettre de VAN RONSLÉ au Cardinal LEDOCHOWSKI, Boma, le 23 février 1901, APF, FNS, Vol. 238, N° 345.

1.

Lettre de Van HECKE au Cardinal LEDOCHOWSKI, Scheut, le 26 mars 1901, APF, FNS, Vol. 238 N° 347.

2.

Lettre de Van HECKE au Cardinal LEDOCHOWSKI …, op.cit.

3.

Idem

4.

BONTINCK, « Les débuts des Missions… », op.cit., p. 126. ARCCIM, Décret n° 44931, P.II.b.2.2.1.