2. LA COMPAGNIE DU KASAÏ, MAÎTRESSE DU KASAÏ ET MARRAINE DES MISSIONS ( 1901-1913)

La création de la C.K. et son implantation constituent un tournant décisif dans l’histoire de l’évangélisation du Kasaï et dans les stratégies d’apostolat adoptées par les Missionnaires de Scheut dans cette partie du Congo. D’abord, à partir de 1902, l’État réduit fortement sa présence au Kasaï. Il confie l’exploitation et la sécurisation du district à la C.K., ne gardant que des garnisons à quelques endroits comme Luluabourg et Lusambo 1 . Les Scheutistes ne peuvent donc pas se passer de cette Compagnie dont les « surveillants » 2 jouent, à certains endroits, le rôle de la police. Ensuite, les Scheutistes attendent encore beaucoup d’autres avantages de la C.K. Outre les subsides mensuels versés aux missionnaires qui s’occupent de la santé « spirituelle et physique » 3 de ses travailleurs, la C.K. les aide dans diverses circonstances quotidiennes (réparation, transport, dépannage en sel ou en mitako, etc.). Enfin, la C.K. a contribué à l’établissement de nouveaux postes de mission. Comme nous le verrons plus loin, trois postes de mission - Bena-Makima (1904), Demba (1908) et Pangu 1908) – n’ont pu être érigés que grâce à l’argent de la C.K.

Notes
1.

MARCHAL, op.cit., vol.2., p. 198. C’est dans l’optique de cette politique que le poste d’état de Lubwe sera supprimé et le site confié à la C.K.

2.

Pour sécuriser ses factoreries et briser la résistance des autochtones contre le travail exténuant de la récolte et du portage du caoutchouc, la C.K. s’est doté d’une milice armée dont les agents sont connus sous l’appellation de « surveillants ». Dans les contrées où l’État et sa Force Publique n’étaient pas présents, ce sont les « surveillants » qui étaient censés faire respecter la loi et aider à la collecte de l’impôt. D’où une permanente confusion de rôle entre l’exercice de la coercition pour des fins commerciales et son utilisation pour assurer l’ordre public. Lire ANONYME, Question congolaise. La Compagnie du Kasaï à ses actionnaires. Réponse à ses détracteurs, p. 52.

3.

C’est une expression consacrée qui, tout au long de la période coloniale, désignait et justifiait la présence des missionnaires à côté des compagnies commerciales et industrielles.