2. 1. ARRIVÉS TOUT À FAIT À L’IMPROVISTE…

Aux obédiences d’août 1908, le Père Auguste Janssens de Verebeke est désigné par Cambier pour fonder, à la demande de la C.K., un poste de Mission près de la factorerie de Pangu. Le préfet apostolique associe le Père René Grombé et le Frère Isidore Bracke à cette fondation. Cette nouvelle mission à laquelle on donnera le nom de Saint Pierre Claver est  « destinée avant tout à recueillir les malades » 4 .

Pangu se situe à plus ou moins quatre degrés de latitude sud et vingt degrés de longitude est, sur la rive gauche de la Loange, à quatre kilomètres en aval de son confluent avec le Kasaï. Le site de la nouvelle mission est excellent : le paysage est magnifique et l’environnement sain. Baerts indiquera, en 1910, que « la Mission s’étale sur une pente assez prononcée, d’où le regard domine très agréablement le panorama du Fleuve Kasaï. Cette belle nappe d’eau est scindée, en amont de la résidence de missionnaires, en plusieurs rivières qui encadrent merveilleusement des bancs de sables allongés, dont l’aspect verdoyant rappelle le manteau printanier de prairies hesbignonnes. Les éléphants et plus souvent les hippos choisissent ces îlots solitaires pour s’y balader à l’aise, prendre leurs ébats ou s’y vautrer au soleil » 1 .

Le missionnaire ajoute : « notre « chez nous », encore primitif, il est vrai, est ombragé par les riches frondaisons des tropiques, qui donnent à la mission un décor vraiment magnifique, vous trouverez avec moi que le site est de tout point enchanteur. Et je conclurai volontiers que nous ne l’avons pas volé  2

Ce beau site, les Pères l’ont reçu de la C.K. qui, elle-même, l’a hérité des sociétés qui ont été fusionnées par le décret de 1901. Nous n’avons que très peu d’informations sur le mode d’acquisition de ce terrain auprès des autochtones. Les natifs affirment que le territoire sur lequel la mission était bâtie appartient au clan Okwun. Ils ne pensent pas que leurs aïeux aient reçu une quelconque compensation en échange du terrain qu’ils ont concédé 3 .

Il est fort probable que les sociétés qui se sont installées entre 1892 et 1901, n’aient rien négocié avec les natifs car les terres d’ici tombaient dans le domaine public de l’État. Elles étaient, s’il faut croire la lettre du vice-gouverneur général adressée à Van Ronslé le 24 février 1899, des « terres vacantes » 4 , c’est-à-dire les terres expropriées par le régime léopoldien.

Les trois missionnaires débarquent donc à Pangu le 12 novembre 1912. Janssens écrira plus tard :

‘Le 12 novembre de l'année 1908 les R.R.PP. Janssens & Grombé et le R. Frère Isidore Bracke quittant la mission de Mushenge Lukengo sont arrivés à Mpangu envoyés par le Révérendissime Père Préfet et le R.Père Provincial pur fonder la Mission de Pangu-Hôpital. Ils y sont venus par steamer N.D.du Perpétuel secours avec une vingtaine de familles chrétiennes, une douzaine d'orphelins et une quarantaine de travailleurs 5 .’

Le bateau est bien chargé. Les missionnaires ont avec eux, autant que possible, les meubles, les caisses, les planches et les poutres emportées de la Mission de Mushenge Lukengo. Ils emmènent aussi de la Mission de Bena Makima « des feuilles de palmiers raphia arrangées en nattes pour couvrir une première maison » 1 .

À leur arrivée, les trois missionnaires et leur importante suite n’ont rien trouvé de prêt. Si les parties de l’hôpital pour Blancs et pour Noirs étaient déjà opérationnelles, les constructions devant abriter les missionnaires n’avaient pas encore commencé. Les deux Pères et le Frère devaient « loger avec la plus grande partie des caisses dans deux chambres, qu'après deux jours, le Docteur de la Compagnie M. De Mey a bien voulu mettre à leur disposition dans l'ancienne maison des Magasins généraux » 2 ..

Plus tard, le gérant du poste de la C.K., monsieur Voisin, met la moitié d’une troisième chambre et un petit magasin à la disposition des missionnaires pour «  remiser d’autres marchandises ». Les Pères ont laissé une grande partie de leurs articles à Bena-Makima en attendant qu’ils soient plus ou moins installés.

Dans l’ancienne maison des Magasins généraux où ils sont installés les missionnaires trouvent un agent de la Compagnie, monsieur André qui est malade. Un des Pères, probablement Grombé, le conduit, le 17 décembre, à Léopoldville où le malheureux meurt peu de jours après à l’hôpital de la Croix-Rouge. Janssens indique que cet homme est mort « d’une mort édifiante muni des Secours de Notre Mère la Sainte Église » 3 .

Il signale aussi, à l’occasion, que « l’hôpital pour Blancs a eu plus tard encore quelques malades, une trentaine jusqu'à maintenant. Un certain Monsieur Falen est mort d’une mort très chrétienne au mois de juillet 1910, ici à Mpangu et enterré ici au cimetière de la Compagnie » 4 .

Notes
4.

JANSSENS, A., La mission de Mpangu « St Pierre Claver », ARCCIM, Z/III/b/3/1/21 (manuscrits et une page dactylographiée), 1912.

1.

BAERTS, R., Lettre à un confrère, Mpangu Saint Pierre Claver, 17 avril 1910, in MCC, 1910, p. 213.

2.

Idem, p. 213.

3.

Informations reçues de MUNGANGWEY Wilhem, Interview réalisée à Pangu, le 7 septembre 2003.

4.

Lettre du Gouverneur Général à Van RONSLÉ, Boma, 24 février 1899.

5.

Idem

1.

Ibidem

2.

JANSSENS, La mission de Mpangu « St Pierre Claver », op.cit.

3.

Idem

4.

Ibidem