2. 2. RETROUSSER LES MANCHES… POUR CONSTRUIRE

Comme nous venons de le voir, à leur arrivée à Pangu, les trois Scheutistes n’ont ni maison d’habitation en propre ni chapelle pour prier. Ils étaient, nous semble-t-il, prévenus de cette situation et c’est pour cette raison qu’ils ont emmené quelques matériaux de construction. Dans les jours qui ont suivi leur arrivée, les Scheutistes se sont mis au travail avec le concours du « noyau d’anciens chrétiens amenés de Luluabourg et de Hemptinne » et des travailleurs qui leur avaient été promis par la C.K..

Plan de la mission de Pangu 1919
Plan de la mission de Pangu 1919 Plan de Pangu en 1919

(source ARCCIM)

Grombé conduit les travaux de construction. La besogne représente une somme de travail autrement absorbante et épuisante. « Avant de construire deux humbles logis, écrira Baerts, celui du Bon Dieu, et celui des missionnaires, il nous a fallu retrousser nos manches jusqu’aux épaules et manier la hache du bûcheron et le pic du terrassier pour déboiser et débroussailler l’emplacement de la future mission » 1 .

L’emplacement de la mission a été précisé par la lettre et le plan envoyés à Cambier par Chaltin, en date du 28 février 1908. Si les archives scheutistes de Rome gardent la lettre, le plan qui y était annexé a disparu.

La nouvelle résidence est enfin prête. Elle est bâtie à trois cents mètres seulement de l’ancienne maison des Magasins Généraux. Elle compte six places : une chapelle, trois chambres pour les deux Pères et le Frère, un magasin et une salle à manger ouverte de deux cotés. Le 17 février 1909, les missionnaires prennent possession de leur nouvelle demeure. À cette époque toutes les maisons sont en matériaux locaux : bois, argile et « feuilles de palmier de raphia arrangées en natte » 2 (mandala). Les chrétiens venus avec les missionnaires construisent leur village à l’extrémité Est de la mission.

D’après un plan de 1919, la mission avait à peu près cette configuration :

- Une grande allée centrale traverse la mission d’est en ouest ; le Kasaï se trouve du côté nord de cette allée et au bout de celle-ci, à l’est, le village chrétien.

- Au centre de la mission, côté sud de l’allée, on voit le quartier des Pères dont les bâtiments bien alignés suivent l’ordre suivant (est-ouest) : magasin de bois de construction, charpenterie et menuiserie, magasin, chapelle et maison d’habitation des missionnaires avec W.C derrière ; un peu en retrait, la cuisine près de laquelle se trouve le poulailler et le colombier.

- Un chemin va de la hauteur du colombier vers l’hôpital des Noirs qui se serait probablement situé au-delà de l’actuel petit village de Pangu Kumileke. Pour atteindre l’hôpital des Noirs, il fallait d’abord dépasser la bergerie, la chèvrerie, les habitations du berger et de quelques autres travailleurs. Un rideau de forêt sépare ce quartier du berger de l’hôpital des Noirs.

- Presque à la même hauteur que le quartier du berger mais du côté nord de la grande allée, il y a le camp des travailleurs, à l’opposé du village chrétien. Le chemin vers la rive du Kasaï passe près du camp des travailleurs 1 .

Entre temps, les Pères font fabriquer des briques cuites et continuent la construction de la mission. Le Jésuite Yvon Struyf témoigne : « Tous les bâtiments de leur unique poste de Pangu étaient en argile, couverts en paille. La grande chapelle avait des colonnes en briques ; la cuisine aussi était en briques » 2 .

Plan de la mission de Pangu 1919
Plan de la mission de Pangu 1919

(source A.R.CCIM. II. 1.1.G)

Le nombre de bâtiments de la mission augmente d’année en année suivant le rythme des activités missionnaires. A sa suppression en 1919, le site de Pangu avait la physionomie du plan ci-dessus .

Il convient de noter ici que dans son étalement géographique, la Mission, à cause de sa contiguïté avec la factorerie de la C.K., se présentait comme une composante sinon un appendice de celle-ci. Ainsi pendant longtemps Pangu Saint Pierre Claver était simplement connu sous le nom de Pangu-Hôpital. Or l’hôpital était une activité de la C.K.. De ce point de vue l’espace missionnaire et l’espace commercial pouvaient se confondre.

Notes
1.

BAERTS, R., « Lettre à un confrère », Mpangu Saint Pierre Claver, le 17 avril 1910, in MCC, 1910, p. 214-215.

2.

JANSSENS, La mission de Mpangu « St Pierre Claver », op.cit.

1.

Plan de la mission de Mpangu en 1919, A.R.CCIM, II. 2.1.boîte G.XIII.b.1.18.

2.

STRUYF, Y., Historique de la Mission d’Ipamu, PBM, boîte XII. M. 47.