1. 2. RÈGLEMENT DES DERNIERS DÉTAILS AVANT LE DÉPART

Le premier point abordé concerne les limites de la mission à confier aux Jésuites dans l'immense Vicariat, jusque-là sous la responsabilité des Scheutistes. Les pourparlers entre les deux Congrégations ont été longs et laborieux. Sur demande de l'E.I.C., Rome a imposé la délimitation du territoire attribué au final aux Jésuites 1 . La nouvelle mission appelée « Mission du Kwango » aura comme frontières lors de son érection officielle, le 8 avril 1892, celles proposées par le Baron de Béthune, le 14 novembre 1891:

‘Le cours de l'Inkissi depuis la frontière portugaise jusqu'à la rencontre du chemin de fer que l'on construit pour établir une voie de communication entre Matadi et Léopoldville, ensuite la droite du chemin de fer jusque Léopoldville, le cours du Congo jusqu'au Kassai, jusqu'à sa rencontre avec la crête de partage des eaux du Kouilou et de la Djouma; ensuite de cette crête de partage jusqu'à la frontière méridionale se l'État Indépendant, et enfin les limites de l'État jusqu'à l'Inkissi 2 .’

Les limites de la Mission jésuite ayant été fixées et le décret de son érection rendu publique, il restait à préparer l'installation effective des missionnaires. Les autorités de l'E. I.C. se pressent de construire, à Léopoldville, un bâtiment devant servir de logement aux premiers missionnaires dont le départ initialement prévu pour 1892, sera remis au début de l'année suivante. Il aura lieu en deux groupes le 6 mars et le 6 avril 1893.

Le statut de la colonie scolaire à fonder à Kinshasa, rédigé sous forme de convention entre l'E. I. C. et la Compagnie de Jésus, est signé le 16 janvier 1893. Ce texte comporte sept articles. Il soumet, en fait, la compagnie au décret du 12 juillet 1890, qui stipule en son article 3 que les enfants admis dans ces colonies restent soumis à la tutelle de l”État et sont astreints après leur sortie aux travaux que le Gouverneur Général déterminerait, jusqu'à l'expiration de leur vingt-cinquième année. Pour la plupart, cela signifie un engagement d'office dans la force publique, pour quelques-uns c’est, peut-être, une entrée dans les services techniques ou administratifs de l'État 3 .

L'application de cette convention donnait aux Jésuites la faveur d'obtenir, de la part du Roi 400 hectares de terre aux environs de Léopoldville. Le 15 juin 1892, le Père Provincial envoie au Vicaire général les noms de ceux qui ont été retenus pour former la première caravane et lui présente ses propositions pour la nomination du Supérieur.

Sont retenus pour ce premier départ : Père Émile Van Hencxthoven 1 , recteur du collège de Mons; Père Jean-Baptiste Dumont 2 , professeur de mathématiques au collège de Mons; Père Edouard Liagre 3 , professeur de rhétorique au collège de Namur; le scolastique Émile De Meulemeester 4 ; le Frère Justin Gillet 5 , infirmier au collège de Namur; le Frère Frans De Sadeleer 6 , un des fondateurs de la mission du Haut-Zambèze (1879-1891) et le Frère Edmond Lombary 7 , menuisier et charpentier.

Au moment du départ, deux aides laïcs se joignent à eux : Charles Petit 8 et Auguste Van Houtte 9 .

Cette liste est approuvée par le Vicaire Général, le 29 juin 1892 et le Père Van Hencxthoven est nommé Vice-Supérieur, en attendant qu'il soit confirmé comme Supérieur par le futur Préposé Général.

Notes
1.

Lire MUKOSO, N., F., Les origines et les débuts de la mission du Kwango…, p.45-68.

2.

Le Baron L. de BÉTHUNE au Père DELVAUX, Bruxelles, le 14 novembre 1891, copie PBS, D 16/5. Une autre copie dactylographiée du texte concernant la “Délimitation de juridiction”, annexe de la lettre du Baron de Béthune au Provincial de Belgique, se trouve déposée en PBM, XII, Kwango D, 48. On peut aussi lire CIPARISSE, Les tractations..., op.cit, p. 532, doc. 33. voir aussi carte.

3.

On peut lire le texte intégral dans Contrat entre l'E. I. C. et le provincial de la Compagnie de Jésus, Bruxelles, le 16 janvier 1893, PBS, D, 16/1-2, doc. 3e. Voir aussi CIPARISSE, G, Les tractations..., p.565-566, doc. 61.

1.

Émile Van HENCXTHOVEN, né le 7 octobre 1852 à Mol, supérieur de la Mission du Kwango de 1893 à 1902, il meurt à Wombali le 6 avril 1906.

2.

Jean-Baptiste DUMONT, né le 26 juillet 1843 à Liège, enseigne les sciences en Inde de 1880 à 1890, il meurt à peine arrivé au Congo, le 11 juin 1893 à Nemlao, aujourd'hui Kinlau.

3.

Edouard LIAGRE, né le 11 novembre 1853 à Tournai, décède à Kimwenza le 30 mars 1899.

4.

Émile De MEULEMEESTER, né le 27 décembre 1868 à Schoorisse. Après un premier séjour dans la mission de 1893 à 1896, il revient pour un second terme de 1900 à 1911 après ses études de théologie. Après sa dernière année de formation, le troisième an, il revient au Kwango du 4 juin au 16 septembre 1912. Faussement accusé, il quitte la mission, puis la Compagnie le 24 mars 1914. Il meurt aux États-Unis le 5 juin 1952 comme prêtre diocésain à Saint-Louis.

5.

Justin GILLET, né le 18 juin 1866 à Paliseul, il est l'initiateur du célèbre jardin botanique de Kisantu. Il meurt à Kisantu le 22 juillet 1943, après 50 ans de vie en Afrique.

6.

Né le 9 décembre 1844 à Lede, il est d'abord affecté à la mission du Zambèze. Il part au Kwango en jun 1893 et fonde le poste de Kibangu. Il meurt à Arlon le 2 février 1922.

7.

Edmond LOMBARY, né le 13 novembre 1865 à Slype-lez-Dixmude, a vécu au Congo jusqu'en 1917. Il meurt au port de la Rochelle en France le 6 mars 1918, sur le chemin du retour en Belgique.

8.

Charles PETIT, né vers 1870 à Courtrai, meurt à Kisantu le 29 novembre 1896.

9.

Auguste Van HOUTTE, né le 28 septembre 1868 à Torhout. Il était domestique au collège de Mons. Après trois ans de mission, il demande son admission dans la Compagnie en 1896 comme Frère coadjuteur et, après un an de Noviciat en Belgique, il poursuit son travail au Congo jusqu'à sa mort à Kisantu le 13 octobre 1946.