3. 3. 5. La mort du Père Puters

Au cours de l’année 1923, la situation du personnel européen dans le poste d’Ipamu est la suivante : l’abbé Vanderyst est retourné à Kisantu ; trois autres Jésuites viennent rejoindre le père Struyf. Il s'agit d’abord du Père Léon Puters 3 , désigné comme prêtre itinérant et du jeune scolastique, Jacques Delaere 4 venus tous deux en 1922. Ensuite, Mgr De Vos, après sa première visite au poste (1922), désigne le père Libbrecht comme deuxième itinérant. Celui-ci amène avec lui un aide-laïc, monsieur de Fooz.

Au courant de cette année 1923, le Père Struyf était en route pour un congé en Europe et il avait laissé le poste au Père Libbrecht. Il arrive à Kisantu pour y recevoir les instructions de ses Supérieurs. C’est ici qu’il apprend la nouvelle du décès du père Puters. Les Supérieurs n’ayant personne pour Ipamu, vont lui demander de différer son congé et de retourner à la mission qu’il a fondée.

Les détails de la mort de Puters ont été consignés dans deux lettres, l’une du Père Libbrecht et l’autre du régent Delaere, et publiées dans la Mission Belges de la Compagnie de Jésus 5 . D'autres informations dans différentes lettres manuscrites envoyées par les deux temoins à Mgr De Vos et au Père Pronvicial confirment ces données; ainsi la chronologie de la maladie et de la mort de Puters peut être résumée de la manière suivante :

Le 2 octobre 1923, Libbrecht quitte Ipamu pour visiter la région des Ngwi (Bangoli). Il laisse Puters en bonne santé ainsi que Delaere bien rétabli d’une fièvre et en pleine convalescence. Le 11, vers 2 heures Puters dit à Delaere qu’il était fatigué et qu’il resterait en chambre pour se reposer. Au soir, la fièvre de Puters était montée de 37,6 à 39,4. Au milieu de la nuit, le Père a de forts maux de tête et commence à délirer, le thermomètre marquait 40, 4°. Le 12 octobre, à 5 h¼ , le Père va de plus en plus mal et refuse de prendre du thé que lui propose Delaere. Le régent, dans un sanglot, annonce au personnel du poste que « le Mfumu Léon est très mal… et qu’il faut prier le Bon Dieu pour qu’il nous le conserve… ». Commentant la réaction du personnel du poste, Delaere écrit : « Ce fut une consternation générale ; bien des larmes coulèrent ». Le régent écrit une lettre en trois copies qu’il destine à Libbrecht et trois Ngwi (Bangolis) sont mandatés pour apporter ces missives. Les envoyés rejoignent Libbrecht à Kumukari, le samedi 13. Les lettres de Delaere lui demandaient de rentrer rapidement à la Mission. Entre temps, dès après le départ de trois messagers, la situation avait empiré. Vers 7 h 25, ce vendredi 12 octobre, Léon Puters mourrait. Delaere commente :

‘C’était bien fini, je récitai les actes et quelques autres prières au chevet du lit, puis je lavai moi-même le corps. Nous l’exposâmes du mieux qu’on le put avec les habits sacerdotaux. Toute la journée les noirs se succédaient pour prier devant leur bon Mfumu et graver une dernière fois dans leur mémoire les traits de ce missionnaire qui venait d’offrir pour eux l’oblation totale de Sume et Suscipe. Pendant la nuit six hommes veillèrent ; le corps commençait à se décomposer assez fortement ; on ne pouvait plus attendre pour la sépulture. Dimanche matin nous enterrions notre cher Père au petit cimetière dans la grande forêt. Le bon Dieu vient d’éprouver cruellement notre récente station… 1

Libbrecht qui s’était mis en route depuis samedi le 13, apprend la nouvelle de la mort de son confrère après avoir dépassé les villages Owum et Oveke. Il n’arrivera à Ipamu que le lundi 15, bien après l’enterrement qui avait eu lieu le dimanche 14 octobre.

Notes
3.

PUTERS Léon, né à Dison, le 25 février 1889, arrive à Ipamu en 1922 et meurt à cette mission le 13 octobre 1923.

4.

DELAERE Jacques, né à Gand, le 29 mai 1898, il meurt à Kikwit le 19 juin 1977. Il a été à Ipamu comme scolastique puis prêtre de 1922 à 1926.

5.

LIBBRECHT, « La mort du P. Puters. Extrait d’une lettre » in MBCJ, 1924, p. 10-11 ; DELAERE, « La mort du P. Puters. Extrait d’une lettre » in MBCJ, 1924, p. 11-14.

1.

DELAERE, « La mort du P. Puters… », op. cit., p. 14.