3. 4. 2. Deuxième phase : 1926-1928

L’événement majeur de l’année 1926 a été, sans nul doute, la fondation de la mission de Mwilambongo. Le Père Struyf écrit : « Ipamu ne pouvait suffire aux demandes d’admission comme catéchumènes. C’est alors que la fondation de Mwilambongo fut décidée pour secourir les Bambunda, qui venaient nombreux à la mission. Un excellent endroit fut trouvé, à l’est d’Idiofa, le long de la Lubwe. De l’autre côté de la rivière, on pouvait évangéliser les Bangongo, apparentés aux Bashilele » 3 .

C’est le Père Lambrette qui est détaché d’Ipamu pour aller fonder Mwilambongo. Une fois sur place, il est rejoint par le Père Paul Biebuyck. Le poste est d’abord appelé Mission de la Lubwe, ensuite Idiofa et finalement Mwilambongo à partir de 1929. Le Père Biebuyck décrit le nouveau poste :

‘Lorsque je suis arrivé à Idiofa, le Père Lambrette avait déjà déboisé, avec les catéchumènes, l’emplacement qu’il était venu reconnaître pour y établir un poste. D’un côté nous touchons à la Lubue, qui coule à 20 minutes de marche. Des trois autres côtés nous sommes entourés par des marais. Le plateau que nous comptons occuper est suffisamment vaste pour y construire les bâtiments qu’occuperont les Pères et aussi ceux des Sœurs : car il faut prévoir que ce poste prendra rapidement une grande extension. Les marais ne nous effraient pas trop : jusqu’à présent nous n’avons pas encore remarqué la présence des moustiques. En outre, je pense que nous aurons raison de ces marais et pourrons les transformer en terrain fertile 4 . ’

Dans la suite de sa note, Biebuyck indique qu’aussitôt après son arrivée, il avait renoncé à loger sous la tente et s’était installé, grâce au travail de Lambrette, « dans une chambre très confortable qui a cinq mètres sur cinq, trois fenêtres et une porte. La maison comporte deux autres chambres de mêmes dimensions et une chapelle provisoire, qui plus tard sera transformée en chambre et en réfectoire » 1 . Il rapporte aussi que la Lubwe est un foyer de la maladie du sommeil contre laquelle lutte depuis plusieurs années la Mission médicale du Kwilu. Le projet des missionnaires est de dépister les malades et de les soigner par l’intermédiaire des catéchistes qui seront en même temps les infirmiers des villages.

Comme Ipamu, la région de Mwilambongo regroupe plusieurs groupes ethniques : les Mbuun, les Pende, les Wongo et les Ding orientaux. Les Mbuun constituant la communauté numériquement majoritaire, les missionnaires ont considéré la mission comme appartenant à cette dernière ethnie, de même qu’ils ont attribué Ipamu aux Ding orientaux. La fondation de Mwilambongo va donc contribuer à modifier la géographie ethnique de la région. Tous les Ding du bassin forestier de la Lubwe, à partir, approximativement de la région de Laba, vont s’attacher à Mwilambongo et perdre leurs contacts avec Ipamu ainsi qu’avec leurs frères du nord, pour se retrouver en minorité parmi les Mbuun.

À partir de 1927, le poste de Mwilambongo connaît un essor rapide à tel point qu’il pouvait, à l’arrivée des Oblats de Marie Immaculée, en 1931, concurrencer Ipamu 2 .

En 1928, le père Van Naemen, vétéran du Congo depuis 1902, remplace Lambrette, nommé Supérieur régulier des Jésuites du Kwango avec résidence à Kisantu. En 1929, les Sœurs de Saint François de Sales de Leuze viennent s’établir à Mwilambongo.

Pendant que Mwilambongo commence à se construire, à la fin de cette année 1926, à Ipamu, le scolastique Jacques Delaere rentre en Belgique pour parachever sa formation de théologie à Louvain. Il est remplacé par un autre scolastique, Joseph Mertens, dont nous parlerons plus loin.

Notes
3.

STRUYF, Historique de la mission d’Ipamu…, p. 3.

4.

BIEBUYCK, « Mission de la Lubue, Idiofa, par Kikwit » in RMJB, 1931, p. 116.

1.

Ibidem.

2.

Dans son rapport du 2 août 1931, Hubert Eudore, premier Oblat qui arrive à Mwilambongo, indique que la mission compte 2932 chrétiens et 2000 catéchumènes résidant à la mission même contre 3500 chrétiens et 4560 catéchumènes à Ipamu. Voir Lettre-rapport du Père Hubert au Père Praet, Ipamu, le 2 août 1931, AGOR, Farde Congo.