4. 1. 2. Une ambition légitime : « prendre part à l’œuvre collective de la Belgique pour civiliser le Congo »

En 1920, Lucien Pescheur est nommé Provincial. Sous son mandat, on reparle de la fondation d’une Mission au Congo. D’abord en 1925, la S. C. de la Propagande, sur l’initiative du ministère belge de la Colonie, demande à l’Administration Générale des Oblats d’accepter une mission au Congo. La réponse est négative, sans que la province belge ait été avertie ou pressentie à ce sujet 3 . Ensuite, une autre demande est faite en 1928 et cette fois la province belge est directement intéressée. La réponse de Pescheur est que l’insuffisance du personnel ne permet pas une réalisation du projet dans l’immédiat.

C’est avec Paul Praet, Provincial depuis 1929, que les Oblats belges commencent à envisager sérieusement leur implantation missionnaire au Congo. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau provincial prend l’initiative. Dans une note destinée à l’Administration générale, il justifie son projet en répondant à trois questions :

1°. « Pourquoi nous demandons une mission, sans attendre qu’on nous l’offre » ?

Il répond : « Ce qui nous y pousse, c’est l’ambition légitime de prendre part à l’œuvre collective de la Belgique pour civiliser le Congo. Celui-ci présente cette caractéristique d’être évangélisé par presque toutes les congrégations religieuses établies dans la mère-patrie. Nous sommes presque les seuls absents. Et cette absence nous met, depuis 25 ans, en état d’infériorité et d’impopularité vis-à-vis du public et surtout du clergé au point de vue recrutement » 1 .

2°. Sous quelle forme faire une fondation ?

« Évidemment, c’est à la forme autonome qu’il faut aboutir. Il n’y a guère que les Trappistes qui n’aient pas de territoire particulier. Toutefois, pour commencer, on pourrait travailler sous une autre juridiction, mais dans une région déterminée dont les limites définitives, approximativement prévues dès maintenant, seraient fixées plus tard après expérience faite sur place » 2 .

3°. Dans quelle région pourrait-on fonder ?

Le regard de Praet se tourne naturellement vers la riche région minière du Katanga proposée depuis 1905 :« l’évangélisation du Katanga ne peut entraîner des charges sérieuses pour l’Ordre. La concentration de la population dans les agglomérations pour l’exploitation minière n’obligera qu’à la création d’une ou deux missions dans l’un de ces centres. Au point de vue naturel, les avantages sont nombreux : le climat est bon ; pas de palmiers, donc pas équatorial, dit-on au ministère. Région de montagnes ou de plateaux. Pas de mouche tsé-tsé, donc l’élevage est rendu possible. Pays minier en partie dans le sud. Communications faciles et multiples et dans toutes les directions » 3

La province belge obtient de la Propagande et de l’Administration générale des Oblats, les autorisations nécessaires pour la fondation d’une mission au Congo. Sur le terrain, le Katanga n’offre plus de possibilités pour l’implantation d’une nouvelle Congrégation. Il faut chercher ailleurs. Praet se tourne vers les Scheutistes pour obtenir le Nord du Haut-Kasaï. Il arrive trop tard, les Passionnistes l’ont devancé : « Je suis allé voir le P. Van Der Hove à Scheut. Il m’a dit que j’arrivais trop tard pour le Kasaï. Le Sup. général venait de signer 2 ou 3 jours auparavant un contrat avec les Passionnistes pour le nord du Haut-Kasaï, district des Batetela. Pendant 6 ans ils travailleront sous les ordres de Mgr. De Clerq , ensuite ils seront autonomes » 1 .

Van Der Hove propose d’autres sites à Praet ; celui-ci juge que tous ces lieux ne conviennent pas aux Oblats 2 . Au même moment qu’il abordait les Scheutistes, Praet avait pris contact avec les Jésuites du Kwango.

Notes
3.

Ibidem

1.

Note sur une fondation des Oblats …, op.cit., p.1.

2.

Idem, p.1.

3.

Note sur une fondation des Oblats, p 1

1.

Lettre de PRAET au conseiller de la province belge à Rome, Jambes, le 15/11/1930, AGOR.

2.

VAN DER HOVE propose deux autres régions: 1° dans le vicariat de Léopoldville, l’est du district du lac Léopold, région de Mbumbuli, Dekese, Ila. C’est la région voisine de celle cédée aux passionnistes. 2° dans le vicariat de Nouvel-Anvers, la bande le long du Lomami avec les missions de Barumbu et Elisabetha. Praet justifie son refus en évoquant les raisons de salubrité. Les pères ne pourront pas s’acclimater aux forêts marécageuses de la cuvette centrale et à la chaleur de l’Équateur.