Le projet missionnaire en Afrique, a été, non seulement une entreprise de proclamation de « la vérité dernière sur l’humain et le divin » 1 , mais aussi et surtout un immense travail d’acculturation et « d’occidentalisation » qualifié de « Civilisation » aussi bien par les colonisateurs que par les missionnaires.
Toutes les Congrégations religieuses belges qui allaient au Congo ne se gênaient pas d’afficher le double objectif d’évangéliser et de civiliser. Chaque missionnaire en particulier était convaincu que c’est un devoir moral de tirer les « pauvres Noirs » non seulement « des ténèbres du péché » par la proclamation de l’Évangile, mais aussi de misère intellectuelle et matérielle par l’école et l’apprentissage des travaux manuels. Ces convictions, les missionnaires les puisaient dans la pensée anthropologique et théologique de leur époque. Il est une erreur de juger l’action missionnaire en dehors de ce contexte.
Mbembe, A., Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et État en société postcoloniale , Khartala, 1990, p17.