1. 1. UN ENVIRONNEMENT DÉFAVORABLE

Une certaine pensée évolutionniste, développée à partir d’une interprétation des théories de Lamarck attribuait l’infériorité des Noirs à l’influence exercée par l’environnement.

D’après les géographes de l’époque, les conditions géographiques présentes en Afrique – sol fertile et climat chaud – permettaient à ses habitants d’ignorer tout problème alimentaire et vestimentaire et de mener une vie facile et douce, oubliant le passé, contents du présent, sans inquiétude pour l’avenir. Cette absence de difficultés se traduisait, chez les Noirs, par un manque de diligence et d’intelligence, et les condamnait à une « éternelle enfance ». Les largesses de la nature avaient donc fait tomber les Noirs dans l’indolence la plus complète.

Certains croyaient que le climat tropical et le « brûlant soleil » d’Afrique étaient débilitants et n’avaient pas permis aux Noirs de développer leurs facultés intellectuelles et les rendaient paresseux. Par exemple l’homélie prononcée par le Père Verest à l’occasion de l’embarquement des premiers Jésuites pour le Congo, insistait sur la « brûlante Afrique » 2 et établissait une sorte de corrélation entre les chaleurs du tropique et la barbarie qui régnait dans ces contrées lointaines. Une fois sur place, les Scheutistes et les Jésuites faisaient, à plusieurs reprises, allusion aux conditions climatiques qui rendaient les Noirs paresseux, violents et inconstants. Elles déréglaient leur comportement sexuel et les incitaient à l’impudicité 1 .

Les missionnaires jugeaient aussi les Noirs suivant les différents biotopes que ceux-ci occupaient. L’appréciation du missionnaire dépendait souvent de sa région de provenance, du premier milieu qui l’a accueilli ou de l’endroit où il a longtemps œuvré. Ainsi par exemple, des distinctions rigides ont été opérées entre les peuples de la forêt et ceux de la savane. Selon les convenances de chaque missionnaire, les uns ont été qualifiés de plus ou moins « civilisés » que les autres.

Notes
2.

Cf. supra.

1.

Des raisonnements de ce genre persistent jusqu’aujourd’hui. Combien des fois n’entend-t-on pas dire dans certains milieux ecclésiastiques en Occident : « Le célibat des prêtres n’est pas fait pour les Africains parce que le climat chaud ne les autorise pas de se passer de la femme ». Comme si la chaleur des tropiques les excitait et les mettait « en chaleur » comme les bestiaux !