1. LES OUVRIERS DE LA MOISSON

L’évangélisation n’a été possible que grâce à un dévouement des femmes et des hommes venus de l’Occident et à la collaboration, sinon à la « complicité », tacite ou volontaire, des autochtones qui ont tôt compris dans quel sens tournait la roue de l’histoire. L’historiographie coloniale et missionnaire a souvent privilégié le rôle des missionnaires blancs reléguant au second plan les efforts des natifs. C’est, historiquement, une injustice, car  « la participation des natifs du pays à l’œuvre pionnière de l’évangélisation n’a été ni secondaire, ni négative, ni moins encore passive. Le travail des missionnaires aurait été inefficace, si, en dernière analyse, les Noirs eux-mêmes n’avaient accepté et répandu le message auprès de leurs frères. Ce sont donc eux qui sont les collaborateurs principaux et les plus actifs de leur conversion et de leur transformation sociale » 1

Il y a donc lieu d’entreprendre une investigation non seulement sur les catéchistes, ces collaborateurs attitrés de la mission, mais aussi sur ces autres catégories de personnes – souvent désignés par le nom de « travailleurs » – qui ont aidé à mettre en place et à entretenir l’infrastructure matérielle indispensable à la mission.

Qu’il s’agisse du catéchiste, du boy ou du porteur, ces personnages, à cause de leurs contacts suivis avec les « Blancs de Dieu » 2 , avaient une influence certaine auprès de leurs compatriotes et étaient ainsi les zélateurs les plus crédibles de l’Évangile. Nous allons, dans les lignes qui suivent, exposer ce que nous savons sur le personnel qui a travaillé à étendre l’évangile de Jésus parmi les Ding orientaux, à l’époque du poste de Pangu.

Notes
1.

Mukoso, F; Les origines et les débuts de la Mission du Kwango (1879-1914), F.C.K.,1993, p 253.

2.

Cette expression traduit littéralement les noms par lesquels on désignait le missionnaire. Il était « Nkumu Nzambi » (Blanc de Dieu ou chef de Dieu) chez les Ding orientaux, les Nzadi, les Lele et le Wongo. Les Pende le désignait par l’expression « Mundele Nzambi » (Blanc de Dieu ou revenant de Dieu). Lire JANSSENS, op.cit. et BECKERS, J., « Que Dieu protège la tribu des Bapende » in MBCJ, 1922, p. 135.