2. 1. L’HÔPITAL DE PANGU

Pour accepter d’envoyer des missionnaires à Pangu, Cambier s’est d’abord assuré des moyens que la C.K. mettrait à leur disposition. La Compagnie s’était engagée, nous l’avons dit précédemment, à confier la direction de l'hôpital aux Scheutistes et à leur verser des subsides.

L’hôpital est effectivement construit. Il comprend deux parties, l’une pour les Blancs et l’autre (le lazaret) pour les Noirs.

Lorsque les Scheutistes arrivent sur place, en 1908, un médecin, le docteur De Mey, est déjà au travail. Il reçoit les trois missionnaires qui débarquent presque à l’improviste. Les pères se préoccupent du sort d’un Blanc nommé André, agent de la Compagnie. Celui-ci, logé dans l’ancienne maison des Magasins Généraux, est très sérieusement malade. Un des pères le conduit le 17 décembre, jusqu’à Léopoldville où il meurt dans les services Croix rouge 1 .

En 1910, l’hôpital pour Blancs compte une trentaine de malade. Un certain Monsieur Falen meurt « d’une mort très chrétienne » en juillet 1910 et est enterré à Pangu au cimetière de la Compagnie 2 .

En octobre 1910, le docteur Daloze succède au docteur De Mey . Selon les notes de Janssens, les missionnaires comptent 35 malades à l’hôpital. Six d'entre eux, atteints de la maladie du sommeil, sont étrangers à la Compagnie du Kasaï. Ils meurent dans le lazaret construit pour eux par les missionnaires et ils sont enterrés sur le territoire de la mission 3 .

En 1912 il y a, à l’hôpital, à peine vingt malades dont quatre malades du sommeil. Depuis la fondation de la mission, quarante et un malades ont été baptisés.

Janssens parle assez sommairement de la manière dont les soins sont organisés par les missionnaires : « La mission dispose d’une pharmacie où les travailleurs chrétiens et païens, leurs femmes et leurs enfants, les orphelins et aussi les indigènes malades ou blessés viennent se faire soigner, soit par le Père pour les cas plus spéciaux et remèdes internes, soit par un infirmier noir, pour les cas ordinaires et remèdes externes » 1 .

Les indigènes atteints d'affections plus sérieuses restent quelque temps à la mission et apportent de chez eux à manger ou de quoi acheter à manger. Quelquefois on leur fait préparer à manger par les femmes des travailleurs, aux frais du Père 2 .

L’hôpital de Pangu ne durera pas longtemps. Le mardi 30 juillet 1912, le docteur Daloze est à la fin de son mandat. Il rentre en Europe. La direction de la C.K. cherche désespérément un remplaçant au partant. Elle demande aux missionnaires de Pangu de continuer à maintenir ouvert cet établissement et d’y accueillir les malades. Le directeur de la C.K. écrit au supérieur de Pangu :

‘Notre Administration centrale m’informe de ce que, malgré de nombreuses démarches, elle n’est pas encore parvenue à engager un médecin pour remplacer le docteur Daloze à Pangu. Il serait vraiment regrettable de devoir fermer l’hôpital. Aussi je viens faire appel à tout votre dévouement et à l’esprit d’abnégation des autres Pères, en vous priant de bien vouloir maintenir cet établissement ouvert et d’y recueillir les malades dont l’affection ne réclame pas les soins d’un médecin. ’ ‘Veuillez croire à toute la gratitude de la Compagnie du Kasaï, et agréer, Très Révérend Père, avec mes plus vifs remerciements, l’assurance de ma considération la plus distinguée » 3 .’

Le sort de l’hôpital est, dès lors, scellé. On ne trouvera jamais un médecin pour continuer l’œuvre de De Mey et de Daloze.

Le Journal de la mission signale que le docteur Daloze est revenu à Pangu le lundi 13 janvier 1913 non pas pour y rester, mais pour faire ses adieux. Il apporte la nouvelle de la suppression prochaine de l’hôpital et du transfert de celui-ci à Dima. Le docteur reste encore trois mois dans la région faisant la navette entre Lubwe, Pangu et Basongo pour soigner quelques malades 4 .

L’ordre de démolir l’hôpital et d’envoyer les charpentes et les autres matériaux à Dima arrive le 19 mars avec le steamer « SS Bertha ». Celui-ci emporte les premiers matériaux de l’hôpital de Pangu à Dima, le mardi 25 mars 1 . Quant au docteur Daloze, il quitte définitivement Pangu le 6 avril 1913. 

La lettre annonçant officiellement aux Scheutistes que l’hôpital est supprimé ne sera écrite que le 22 avril 1913 :

« J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’en exécution d’une décision de notre Comité Permanent, en date du 21 mars dernier, l’hôpital de Pangu est supprimé » 2

La suppression de l’hôpital va avoir une incidence durable sur la vie des missionnaires et sur l’avenir même du poste. La C.K. va supprimer, en 1913, les subsides qu’elle accordait aux Scheutistes de Pangu parce que ces subsides étaient subordonnés aux services rendus par les missionnaires à l’hôpital. Dès lors, la situation financière de missionnaires de Pangu devient précaire. Le Père Sterpin écrit, le 7 septembre 1924 : « En 12 la Compagnie supprimait l’hôpital, et en 13 ses subsides ; depuis lors nous n’avons plus eu qu’une existence précaire, on ne nous permettait que de faire du provisoire » 3 .

Les missionnaires devront donc trouver d’autres ressources pour continuer leur ministère à Pangu.

Notes
1.

JANSSENS, Notes sur la Mission de Mpangu, ARCCIM, Z/III/b/3/1/21.

2.

Idem. Nous ne savons pas en quelle année la C.K. a ouvert son cimetière à Pangu. Une chose est certaine : Verhellen est mort et enterré à Pangu en mars 1902. Voir Ligue du souvenir congolais : liste chronologique des décès de Belges survenus au Congo (1878-1908), Papiers CLOSET, P., AHPMRAC, R.G. 992/R.G. 1026. Les natifs interrogés au sujet de l’emplacement de ce cimetière, n’ont pas pu me le situer.

3.

JANSSENS, Notes sur la Mission de Mpangu, ARCCIM, Z/III/b/3/1/21. Nous n’avons pas trouvé l’emplacement du cimetière.

1.

JANSSENS, Notes sur la Mission…, op.cit.

2.

Idem.

3.

Lettre du Directeur en Afrique de la C.K au Père supérieur de Pangu, Dima, le 16/09/1912, A.R.CCIM, II.2.5. boîte P.II.b.2.2.5

4.

JMP, le 13 janvier 1913.

1.

JMP, le 19 mars 1913.

2.

Lettre du Directeur en Afrique de la C.K. au Père Supérieur de Pangu, Dima, le 22/04/1913, A.R.CCIM, II.2.5. boîte P.II.b.2.2.5.

3.

STERPIN, J., Pangu. Réponses au questionnaire de RUTTEN, Extrait de Nouvelles de la Congrégation du Cœur Immaculée de Marie, N° 56, 27 mai 1924, in ARCCIM, Z/III/b/1/28 (notes dactylographiées)