3. 1. RECRUTEMENT DES ÉLÈVES

En 1910, l’école compte vingt-quatre élèves et Baerts écrit : « L’école ouvre journellement ses portes à vingt-quatre sauvageons, dont les derniers venus s’égosillent à l’A.B.C., tandis que les plus avancés commencent à parler français… à la nègre » 2 .

Dans un rapport dressé le 15 mai 1912, Janssens détaille toute la situation scolaire de cette année-là.

Il indique d’abord que 90 garçons fréquentent l’école journellement. Ces garçons sont tous des orphelins ou des enfants sans tutelle. Leur âge varie de 7 à 18 ans. Ils sont « venus librement, attirés par le désir de s’instruire et par l’appât du gain dans le commerce qu’ils ont facilité de faire à la mission avec le produit de la pêche qu’ils font eux-mêmes, de la chasse qu’on fait pour eux de temps en temps et des objets qu’ils ont chez nous à un prix très modique » 3 . Ces jeunes gens sont tous internes. Ils sont logés dans des dortoirs communs et sont obligés de travailler au moins une fois par jour. Ce « sont des enfants de Baja surtout et aussi quelques-uns de Bandjari » 4 . Ils reçoivent « une ration hebdomadaire en fil de cuivre qui équivaut dans l’échange à soixante-dix centimes, plus une brasse de tissu ordinaire tous les trois mois » 5 .

Ensuite Janssens parle de 21 garçons qui viennent à l’école une à trois fois par semaine. Douze d'entre eux rentrent journellement chez eux et les neuf autres restent loger à la mission parce que leurs villages sont éloignés de deux à quatre heures de marche. Pour attirer certains élèves de cette catégorie, les missionnaires leur donnent « de temps en temps une cuillère de sel et assurent aux chefs des villages la protection et l’intervention de la mission dans leurs litiges » 1 . D’autres viennent de leur propre initiative estimant que l’apprentissage fait à la mission est important. Il s’agit, dans ce dernier cas, « des enfants propres des travailleurs de la mission » 2 à qui les missionnaires ne donnent aucune ration.

Enfin, Janssens nous révèle que les filles qui fréquentent quotidiennement l’école sont au nombre de neuf. Elles sont toutes enfants de travailleurs de la mission. Leur âge varie de 4 à 13 ans.

Il convient de remarquer que, d’après Janssens, il n’y avait à Pangu ni école pour adulte ni école du soir ; école professionnelle et école-chapelle n’existaient pas davantage. Le catéchisme était enseigné par les missionnaires mais jusqu’en 1912, aucun des élèves n’avait été baptisé parce que leur temps de catéchuménat n’était pas encore révolu.

Pendant tout le temps qu’a duré la mission de Pangu, ce sont les Pères qui ont cherché les enfants pour leur école. Par une propagande active, ils ont su captiver des jeunes des régions qu’ils visitaient. Quelques exemples tirés du Journal de la Mission montrent comment chaque visite pastorale était une occasion propice « d’enrôler les recrues ».

Le 20 mars 1912 Baerts entame une tournée à l’intérieur du pays, chez les « Badinga ». Il rentre de son expédition le 1er avril et ramène à la mission « un enfant du village du chef Malungu et un autre du village Mingese, tous deux de la race Badinga. Ils resteront un mois pour commencer ici à la Mission » 3 .

Le 27 janvier 1914, ce même missionnaire effectue un voyage dans le bassin de la Lubwe. Il sillonne le territoire des Bambunda et des Bampende et en ramène 15 enfants 4 . La même année, le 18 mai, Van Aelst revient à la mission avec des enfants recrutés chez les Bambunda 5 . Le 10 mai 1916 le « Sacré Cœur » embarque à Mangaï 12 garçons pour l’école de Pangu 6 .

La propagande des missionnaires pour leur école est telle que le nombre de recrues entre le 1er juillet 1913 et le 1er juillet 1914 atteint le chiffre de 297 élèves dont 277 garçons et 20 filles 1 . En 1918, une année avant leur départ, les Scheutistes peuvent se targuer d’avoir à leur actif 400 enfants 2 .

Notes
2.

BAERTS, « Lettre à un confrère… », op.cit., p. 215.

3.

JANSSENS, op.cit.

4.

JANSSENS, Notes…, op.cit.

5.

Idem.

1.

Ibidem.

2.

Ibidem.

3.

JMP, le 1er avril 1912.

4.

JMP, le 27 janvier 1914.

5.

Idem, le 18 mai 1914.

6.

Idem, le 10 mai 1916.

1.

Minute, s.n et s.d., ARCCIM, P/II/b/12/4/3.

2.

STERPIN, Réponse au questionnaire…, op.cit.