4. 1. LE SACREMENT DE BAPTÊME

Selon la théologie en vogue à cette époque les missionnaires de Pangu se sont acharnés à baptiser, le plus possible, tous les mourants pour leur ouvrir « la porte du paradis » et les petits enfants nés de parents chrétiens pour qu’ils ne meurent pas sans baptême.

Pour les adultes, l’accès au baptême n’était pas automatique dès lors qu’ils en avaient exprimé le désir. Dès 1907, la Conférence des supérieurs des Missions catholiques du Congo avait tracé le parcours à suivre par le postulant pour arriver au baptême. Ce parcours sera affiné au cours des ans et vers les années 30, il sera presque immuable dans l’ensemble du Congo Belge.

Le Recueil d’Instructions aux missionnaires indique quel genre d’adulte peut accéder au baptême : «  Pour qu’un adulte païen puisse être admis au baptême, il ne suffit pas qu’il ait les connaissances requises, il faut en plus que par son assiduité aux instructions et aux exercices religieux et par sa générosité à essayer de mettre sa conduite en accord avec les prescriptions de la religion, il ait donné la preuve de la sincérité de son désir de vivre en bon chrétien et de la probabilité de sa persévérance » 1 . Pour être admis au baptême, il fallait parcourir deux étapes de formation : le postulat et le catéchuménat. Le Recueil d’Instructions fixe la durée du temps de probation avant le baptême à au moins deux années et demie. La durée respective du postulat et du catéchuménat est fixée dans chaque mission par l’Ordinaire. Nous n’avons trouvé aucun document écrit sur le déroulement d’une cérémonie de baptême à Pangu. Les registres de baptême nous livrent les chiffres des baptisés de 1909 à 1919.

Tableau N°8 Nombre approximatif de baptisés d’après les registres de Pangu (1909-1919)
Années Nbre de baptisés/ Ding orientaux Nbre total de baptisés Ding baptisés en %
1909 4 18 22,2
1910 7 31 22,6
1911 14 146 9,6
1912 12 72 16,7
1913 6 64 9,4
1914 24 201 11,9
1915 29 150 19,3
1916 44 236 18,6
1917 51 272 18,7
1918 0 10 0
1919 - - 0
TOTAL 191 1200 15,9

(Sources : Registres de baptême de Pangu (1906-1918))

Pour uniformiser les pratiques dans le Kasaï, le Pro-préfet consulte, en avril 1914, les différents supérieurs de missions sur un certain nombre de questions dont celle des étapes à parcourir pour être admis au baptême. René Baerts, supérieur de Pangu, répond à cette consultation. En ce qui concerne le baptême, il donne les propositions suivantes :

‘1° Pour le postulat, la durée est fixée à un an et pour le catéchuménat à un an et demi dans les villages visités ou un an en mission vu le nombre d’instructions plus grand et la matière vue plus à fond. ’ ‘2° En ce qui concerne les connaissances à acquérir : ’ ‘- Au postulat, les candidats devront connaître ce qu’ils doivent abandonner. Ils doivent apprendre les commandements de Dieu et la défense qui est faite par Dieu de rester polygame.’ ‘- Au catéchuménat, les candidats devront connaître le texte du catéchisme tout entier ; ils apprendront les prières, l’explication du catéchisme et spécialement les commandements de Dieu et de l’Église ; ils étudieront aussi les sacrements, leurs devoirs envers le prochain, la restitution, le devoir de sauvegarder leurs sacrements, spécialement en dévoilant les empêchements au mariage et les positions irrégulières empêchant l’administration licite du baptême.’ ‘- Au catéchuménat, la cérémonie est plus solennelle. Elle consiste en la remise par le missionnaire d’un témoignage de postulat accompli après une détestation des péchés, en la récitation du Credo et la demande formelle de baptême. On impose aussi à cette occasion une médaille de l’Immaculée comme signe distinctif des catéchumènes. ’ ‘4° Une épreuve est prévue à la fin du postulat pour l’admission au catéchuménat et une autre, plus sévère, portant sur les principaux points de la doctrine, a lieu avant le baptême 1 .’

Se faire baptiser n’était pas une partie de plaisir. Les adultes devaient, pendant deux ans et demi apprendre la « religion des Blancs » à la mission. Et avant, le baptême proprement dit, les catéchumènes devaient subir un examen décisif. Parmi les Ding orientaux baptisés à Pangu les témoins citent Oscar Mimpambie, Iku Marie, Albert Malu, Émile Munkurying, Joseph Yamba et Yonge André 1 .

Notes
1.

Recueil d’Instructions…, op.cit., p. 42.

1.

BAERTS, Réponses au questionnaire de DE BOECK, ARCCIM, P/II/b/3.

1.

MUNGAKWEY, MPIE Julienne, MAVULA Thomas, KANZEYI Nicolas, interviewés à Pangu, le 7 septembre 2003.