5. 3. L’ÉCOLE-CHAPELLE DE MANGAÏ SAINT BENOÎT

Rappelons qu’au mois de juin et de juillet 1909, le Père Baerts, passant à Mangaï, fait « plusieurs baptêmes parmi les travailleurs de ce poste de la S.A.B » 5 . Le Père Sterpin rejoint Janssens et Baerts, le 29 octobre 1910. Il est chargé d’évangéliser les riverains du Kasaï en aval de Pangu. Il se rend à plusieurs reprises à Mangaï en 1911. La population de la région, les Ngwii (Bangoli) pour l’essentiel, est « très attaquée par la maladie du sommeil mais bien disposée » 6 à recevoir la religion des missionnaires. C’est alors pour les Pères de Pangu une « occasion d’envoyer beaucoup d’âmes en Paradis » 7 . Sterpin entame des démarches auprès de la Semaine religieuse de Namur pour fonder ici une école-chapelle. Les fonds nécessaires sont alloués.

Le 9 juin 1912, le « De Hemptime » descend et fait escale à Pangu au beach de la mission. Il embarque Sterpin qui va à Mangaï pour y fonder officiellement l'école-chapelle. Le 16, Sterpin écrit à ses confrères de Pangu pour leur dire que tout va bien. Le 28, le « Sacré Cœur » descend jusqu’à Mangaï pour prendre le fondateur de l'école. Janssens accompagne le Steamer. Il revient à Pangu le 29 juin sans Sterpin. Celui-ci ne regagnera Pangu que le 13 juillet. Deux jours plus tard, le 15 juillet, Sterpin repart pour Mangaï achever les travaux qu’il avait commencés 1 .

Dès lors, Mangaï, baptisé Saint Benoît, devient une des places fortes de l’évangélisation de la région des Ngwii. Plusieurs missionnaires de Pangu s’y rendent. Le Journal de la Mission parle des visites effectuées non pas seulement par Sterpin, mais aussi par Baerts, Van Aelst, Moons, Van Oost et Laemont.

À la fin de l’année 1914, la C.K. souhaite que les missionnaires réorganisent mieux l’école de Mangaï qui pourrait donner des travailleurs qualifiés à la Compagnie. Le père Van Aelst se rend à Lubwe, le 9 novembre 1914 pour discuter de la question avec un des responsables de la Société. Les difficultés consécutives à la guerre n’ont pas permis d’avancer dans ce dossier 2 .

En 1918, Mangaï n’a plus beaucoup d’élèves. L’unique bâtiment qui sert à la fois de chapelle et d’école est presque à l’abandon. En février, monsieur Lundgreen, de la Société suédoise souhaite racheter le bâtiment. Il écrit au Père Sterpin :

« Pour pouvoir prendre une décision concernant la construction de notre factorerie à Manghay, je vous saurai bien gré, mon père, de bien vouloir me faire savoir si votre chapelle à Manghay nous pourrait être cédée aux conditions, conformément à la lettre de monsieur De Carolis. J’ai difficile de prendre une décision concernant l’emplacement de mes magasins avant l’arrivée de votre réponse » 3 .

La réponse à cette lettre est négative. Sterpin ne voulait en aucun cas abandonner une chapelle pour laquelle il avait consacré une partie de sa vie missionnaire. En juin 1918, il descend encore à Mangaï pour y placer un catéchiste. Après plusieurs autres visites en 1918 et 1919, il s’y rendra, la toute dernière fois, du 5 au 13 novembre 1919 4 .

L’école-chapelle de Mangaï ne sera supprimée qu’en 1919 en même temps que la Mission de Pangu. Elle aura, entre-temps, joué un rôle non négligeable dans la constitution des premières chrétientés, surtout chez les Ngwii. Beaucoup d’enfants recrutés ici iront compléter leur formation religieuse à Pangu. Les Jésuites qui succèdent aux Scheutistes ne tarissent pas d’éloge pour la « conversion spectaculaire de Bangoli » 1 . Le plus illustre de ces convertis est le chef Benoît Mabere, assassiné par ses sujets à Oveke en 1921 2 .

Notes
5.

JANSSENS, Notes sur la mission de Mpangu…, op.cit., 2e partie.

6.

JANSSENS, Notes sur la Mission…, op.cit., 2e partie.

7.

Idem.

1.

JMP, le 9, le 16, le 28 et le 29 juin ; le13 et le 15 juillet. Lire aussi JANSSENS, Idem, 2e partie.

2.

JMP, le 9 novembre 1914.

3.

Lettre de LUNDGREEN à STERPIN, Mangaï, le 3 février 1918, ARCCIM, Z.III. b. 3.1.21.

4.

JMP, le 5 et le 13 novembre 1919.

1.

STRUYF, Y., « Le meurtre d’un chef » in MBCJ, 1923, p. 81.

2.

Cfr. Infra.