5. 7. IDIOFA

Si l’essentiel des postes visités par les Scheutistes de Pangu se trouve au bord du Kasaï, les missionnaires ne se sont pas limités à ces parages. Ils ont poussé leurs conquêtes spirituelles à l’intérieur jusqu’au poste d’État établi à Idiofa. On se souvient que « le capitaine Daelman , fils du général, aide camp de la Princesse Clémentine » arrive à Dumba Mulasa en mai 1906, pour y installer un poste d’État appelé Mulasa ³ . Ce poste dépend du district du Kasaï. Mulasa se trouve sur la rive gauche de la Lubwe en amont de l’actuelle mission de Mwilambongo.

En octobre 1913, monsieur Durant, chef du Territoire de Mulasa, ordonne au sous officier Ketele, d’effectuer une mission de reconnaissance dans la région des Mbuun (Babunda). Le but étant dd’ouvrir une route pour le courrier entre le poste de Mulasa et le Kasaï.

Dans son rapport du 9 novembre 1913, le sous-officier décrit les différents villages qu’il a visités en déterminant les « races », le nombre d'habitants et le nom de leurs chefs. À la lecture de ce rapport, l’administration coloniale se rend compte que les villages les plus populeux se trouvent dans la plaine à l’ouest de Mulasa.

Par l’ordonnance n° 168/2 du 28 novembre 1913, le Ministre des Colonies crée le territoire de la Kamtsha-Lubwe dont le chef-lieu est fixé à Mulasa. Ce territoire fait partie de la Province du Congo-Kasaï et du district du Kasaï ¹ . On cherche alors un milieu plus ou moins central entre la Lubwe et la Kamtsha pour transférer le chef-lieu du nouveau territoire. La région d’Idiofa, autrefois visitée par Ketele, semble propice. Dès 1914, un poste d’État est crée à Idiofa, il n’a pas le statut de chef-lieu du territoire, mais les différents administrateurs blancs choisissent d’y habiter plutôt que de s’établir à Mulasa, jugé trop excentré.

Le nom d’Idiofa apparaît pour la première fois dans le Journal des missionnaires de Pangu sous la forme de « Mulasa-Idiofa » Ce document indique qu’en date du 15 juin 1914, monsieur Deltour, « agent de l’État de Mulasa-Idiofa et qui vient prendre charge de l’État », est arrivé à Pangu. Il part pour Idiofa « via Ebeke avec sa caravane de 2 Bambunda, 2 enfants Bambunda et 4 travailleurs de même race… » ² . Les Scheutistes de Pangu doivent donc, pour traiter les affaires de leurs chrétiens situés à l’ouest de la Lubwe, s’en référer aux agents de l’État installés à Idiofa. Ils vont s’y rendre assez régulièrement pour visiter les Blancs, la petite garnison de la force publique, les autres chrétiens et catéchumènes.

Idiofa et le pays de Mbuun demeurent le domaine de prédilection du Père Van Aelst qui y effectue plusieurs voyages entre 1913 et 1915.

Le 17 avril 1915, « il part avec une caravane d’indigènes et de porteurs Bambunda pour le village de Leba ³ où il va fonder une ferme-chapelle » ⁴ . Cette ferme-chapelle a probablement été supprimée lorsque son fondateur a quitté Pangu en août 1915 pour entrer en fonction à Lusambo. Il revient pour un deuxième mandat en octobre 1916, mais cette fois comme supérieur de la mission, il n’a pas eu le temps de continuer ses randonnées chez les Mbuun. En novembre 1918, il quitte Pangu définitivement.

Par rapport à Idiofa, Pangu est le port le plus proche. Les Blancs d’Idiofa, embarquent et débarquent ici. C’est aussi via Pangu qu’ils reçoivent leur courrier ¹ .

Lorsqu’il a été question, en 1919, de transférer l’assassin du catéchiste de Ngulungu, il est envoyé par les missionnaires de Pangu à Idiofa plutôt qu’à Basongo, puisque les gens de Ngulungu relevaient de la juridiction du territoire de la Kamtsha-Lubwe.