5. 9. CHEZ LES BANKUTU (OU BASONGO-MENO)

La rive droite du Kasaï est considérée par les Ding orientaux comme étant le « pays de Bankutu » 2 . Cette région couverte par la forêt équatoriale reste mystérieuse pour beaucoup et les populations qui y habitent ont la réputation d’être cruelles. Toutes les ethnies de ce rivage, excepté quelques villages Ding bien connus, sont qualifiées de « Bankuur » (Bankutu en kikongo). Dans les récits de Wissmann et d’autres Européens qui vont suivre, ces peuples sont désignés par l’ethnonyme de « Basongo-Meno ».

Dans les écrits de missionnaires de Pangu, l’allusion aux populations de la rive droite du Kasaï n’est faite qu’à partir du mois d’août 1910. Janssens note qu’au cours de ce mois-là, « un Père qui était descendu à Dima a ramené d’un des postes de bois sur la rive droite du Kasaï à un jour en montant de Dima, deux enfants qui ont demandé pour accompagner le Père à la Mission avec la ferme volonté de s’inscrire dans la Religion autant que d’apprendre à lire et à écrire » 3 .

Le 1er novembre le même missionnaire revenait encore à la Mission avec quatre enfants de la même contrée. Selon Janssens, ces enfants sont tous de la « race des Baja » 4 et les Pères de Pangu continueront ponctuellement, jusqu’en juin 1911, à ramener les enfants de cette région à la Mission.

Les véritables visites missionnaires, à la rive droite, ne débuteront qu’en 1911. En effet, le 2 juillet 1911, le Père De Cleene, provincial du Vicariat, en séjour à Pangu, traverse le Kasaï et va au pays de « Basongo Meno » en compagnie de Sterpin, des Frères Félix et Piet. C’est la première fois qu’un missionnaire de Pangu aborde cette contrée. Ils vont jusqu’à un village sis à 2 heures de la rive et sont bien reçus. La traversée s’est faite à bord du « Sacré Cœur » qui revient à Pangu le soir du même jour. Le 5 juillet, c’est un mercredi, Baerts se rend à son tour chez les « Basongo-Meno » et s’entretient avec deux chefs Bankutu. L’accueil est chaleureux et on lui propose de revenir au village. Un homme qui était malade ayant été soigné par le Père et guéri d’une maladie grave qui le tenait depuis un bon temps, viendra plus tard remercier le Père à la Mission

Le 17 juillet Baerts se rend à nouveau à la rive droite chez les Bankutu. Un « indigène » de la contrée, venu l’avant veille à la mission, lui sert de guide. Il rentre le 21 juillet après avoir visité les villages de Makanga, Ndumba et Kangara. Il estime que les gens sont bien disposés 1 ..

À partir de cette année, les contacts avec les Bankutu deviennent plus réguliers. La rive droite du Kasaï, depuis la hauteur de Dima jusqu’à l’embouchure de la Sankuru, entre dans le champ d’apostolat de Scheutistes de Pangu. Les Pères font des visites pastorales dans cette contrée, mais ils en reçoivent aussi à la Mission des élèves, des catéchumènes, des chrétiens et des notables.

Notes
2.

Les Ding orientaux désignent cette région par l’expression « isoem la Bankur » (la rive de Bankutu).

3.

JANSSENS, op.cit.

4.

Idem. L’ethnonyme « Baja » revient à plusieurs reprise dans la littérature des missionnaires de Pangu. Nous ne savons pas à quelle population actuelle il fait allusion.

1.

JMP, Juillet 1911.