Dans la Mission jésuite du Kwango, les supérieurs ont fait appel aux Sœurs de Notre-Dame de Namur dès qu’ils étaient sûrs que la Compagnie allait s’établir au Congo. Les Sœurs sont désirées pour préparer les jeunes filles à leur responsabilité « d’épouses chrétiennes pour les jeunes néophytes des colonies scolaires » 2 . Les sept premières Sœurs de Notre-Dame de Namur débarquent au Congo le 6 juin 1894. Elles vont travailler dans la partie Ouest de la Mission, c’est-à-dire dans le Bas-Congo. Avec l’extension de la Mission, d’autres congrégations féminines d’origine belge s’installent progressivement et essaiment dans les nouvelles fondations. C’est dans cet élan qu’il faut situer l’arrivée de Sœurs de Marie de Namur et leur implantation à Ipamu en 1928.
En effet, la Congrégation des Sœurs de Sainte Marie de Namur est une institution de droit pontifical. Elle est fondée en 1819 par le père Nicolas Joseph Minssart et elle fusionne avec la congrégation initiée par Rosalie Nizet. Ses constitutions approuvées le 21 septembre 1834, lui assignent comme buts, les soins de malades et l’éducation des jeunes filles désœuvrées.
En 1922, les Jésuites sollicitent cette congrégation des Sœurs Sainte-Marie de Namur pour s’occuper de l’éducation des jeunes filles et de la santé maternelle à la mission de Leverville fondée, on le sait, à l'instigation des H.C.B en 1911.
Les Sœurs, qui n’attendaient qu’une occasion propice pour réaliser leur rêve« de coopérer au Congo, à l’œuvre magnifique de civilisation et d’évangélisation qu’y poursuit glorieusement la Belgique » 3 , acceptent l’offre des Jésuites. Après moult tractations, unpremier groupe de cinq religieuses s’embarque à Anvers, le 11 septembre 1923.
Ces pionnières sont d’abord initiées à leur mission, par les Sœurs de Notre Dame, à Kisantu, et par les Franciscaines Missionnaires de Marie, à Léopoldville. Le 18 décembre, elles s’installent enfin à Leverville (Kwango) au confluent du Kwilu et du Kwango.
Leverville est, alors, une mission en pleine prospérité au point de vue de l’apostolat de la jeunesse masculine ; mais rien encore n’a pu être réalisé en faveur des enfants et des fillettes. Les Sœurs se mettent à l’œuvre. Elles inaugurent successivement des classes élémentaires, un dispensaire, la consultation des nourrissons,- tout en assumant la direction du lazaret des Huileries du Congo Belge(H.C.B .)et en exerçant leurs fillettes aux travaux de défrichage et de culture 1 . Les résultats obtenus par les religieuses sont encourageants.
En 1926, Mgr De Vos demande aux Sœurs de commencer une nouvelle communauté à Ipamu où, jusqu’à présent, toutes les femmes qui sont à la mission sont mariées ou du moins fiancées et où les fillettes ne sont pas admises parce qu’il est interdit aux Pères de s’occuper de filles. Les Supérieures majeures acceptent la proposition et fixent l’arrivée des Sœurs à Ipamu pour 1927.
Entre-temps, elles préparent, en Belgique, quatre missionnaires pour ce nouveau poste. Ces Sœurs ne partent finalement d’Anvers que le 15 octobre 1927. La date de l’installation à Ipamu est différée en janvier 1928. Les nouvelles venues arrivent à Leverville le 21 novembre 1927. Le départ pour Ipamu étant projeté pour le mois de janvier, elles ont le temps de s’initier aux divers travaux de la mission. Le programme de l’installation de la communauté d’Ipamu ne se réalisera pas suivant les échéances prévues. Les circonstances imprévues viennent troubler toutes les prévisions. Au cours du mois de décembre 1928, l’une des pionnières de la mission, la Sœur Saint-Jean, meurt à la suite d’une longue maladie. Une autre religieuse tombe gravement malade et oblige les Supérieures à la reconduire en Europe. Le départ pour Ipamu se trouve forcément retardé et il devient évident qu’un nouveau renfort s’impose pour rendre possible la fondation projetée. Il fallait attendre jusqu’au 8 mai 1928 pour voir ce renfort constitué de trois missionnaires s’embarquer à Anvers.
Le 17 juin, fête du Sacré-Cœur de Jésus, à Leverville, la petite communauté d’Ipamu est constituée sur le bateau qui la conduit à destination. L’équipe est composée de quatre religieuses : Sœur Emmanuel, Sœur Berchmans, Sœur Saint Léon et Sœur Saint Paul.
Les Sœurs arrivent à Ipamu, le 22 juin 1928 et sont accueillies par l’infatigable Père Struyf qui écrit : « Ipamu avait une population très dense : un grand nombre de ménages indigènes et beaucoup des filles. On construisit la maison pour recevoir les Religieuses de Sainte-Marie de Namur. Le Père Dom, qui venait de remplacer le Père Lambrette, s’est bien dévoué à la construction des deux habitations des Religieuses. Toutes les dépendances pour les Sœurs étaient prêtes ; les Sœurs pouvaient arriver. Elles furent reçues en triomphe par la population » 1 .
L’histoire des Sœurs de Marie de Namur peut être reconstituée grâce à deux principales sources dont les originaux se trouvent aux archives de la maison générale à Namur : les rapports mensuels 2 reprenant les principaux événements de chaque jour du mois et les différentes correspondances 3 .
Les Sœurs arrivent donc à Ipamu le 22 juin 1928. Elles fixent leur emploi du temps : la prière, les classes et les travaux manuels constituent les points essentiels de cet horaire. Elles se repartissent les charges : Sœur Emmanuel s’occupe de la couture, d’une classe, du catéchisme, de l’entretien de l’église et de la chapelle de la communauté ; Sœur Berchmans se dévoue au catéchisme, à la cuisine, à la lessive et au repassage ; Sœur Saint Léon se consacre au catéchisme, à une classe, au dispensaire, aux cultures et aide à la couture ; Sœur Saint Paul est Supérieure et rédige les rapports, elle a comme autres tâches : le catéchisme, une classe, la consultation médicale, les injections, les examens microscopiques au dispensaire, l’entretien du magasin et la gestion financière.
Le 13 août 1928, les Sœurs accueillent leur Sœur visitatrice, Sœur Thérèse de la Sainte Famille. Elle vient de Leverville et rapporte, de là-bas, la nouvelle de l’incendie qui, dans la nuit du 8 au 9 août, a dévasté la mission.
À Ipamu, les Sœurs connaissent, le jeudi 13 septembre, une épreuve autrement terrible : un arbre de 36 m de long s’abat brusquement sur le sol au moment où les filles terminent le travail. Quatre d’entre elles sont tuées sur le coup. Deux autres ayant, l’une la jambe, l’autre le bras fracturé, ont été transportées chez le médecin de la C.K.
Ce triste accident a semé la terreur parmi les filles « encore très superstitieuses » : en une nuit, toutes les chrétiennes, à l’exception de trois, et 56 catéchumènes ont quitté la mission 1 .
Commentant les événements de Leverville et d’Ipamu, Mgr De Vos écrira aux supérieures : « Le Diable vous en veut, c’est pour cela qu’il vous ennuie. Mais le Bon Dieu vous aime, c’est pour cela qu’il vous éprouve.» 2
Cet accident n’a pas arrêté l’ardeur et la détermination des religieuses. Elles se sont mises au travail et les filles qui avaient fui reviennent progressivement. Le 8 octobre, les Sœurs ouvrent une classe de couture sous la direction de Sœur Emmanuel ; 17 filles choisies parmi les plus jeunes la fréquentent les après-midi où elles se montrent appliquées.
Le 28 janvier 1929, la communauté des Sœurs s’agrandit avec l’arrivée de la Sœur Marie Véronique qui s’était embarquée à Anvers, le 1er janvier. On lui attribue quelques tâches : la couture pour les Pères, le catéchisme, la classe et la couture quatre après-midi par semaine, au groupe de 30 à 40 enfants les plus jeunes de la mission et à l’éducation desquelles on a le plus d’espoir de travailler avec succès 3 .
En 1930, une nouvelle religieuse, Sœur Saint Augustin, arrive à Ipamu. On modifie encore une fois la répartition des tâches entre les Sœurs.
Le 4 mai 1932, Sœur Saint Paul, rentrée en Belgique pour cause de santé, depuis février 1931, revient à Ipamu. Elle est accompagnée de Sœur Justina qui arrive de Leverville. Sœur Marie-Chantal qui fait son stage à Léopoldville, est attendue avec impatience. Elle arrivera à Ipamu le 29 mai 1932. Ainsi donc, pour la première fois, Ipamu compte sept religieuses. Mais cette situation ne durera pas longtemps.
En effet, comme nous l’avons déjà indiqué, en janvier 1933, le dernier Jésuite, Yvon Struyf, quitte Ipamu. Depuis qu’elles avaient su que l’Est du Kwango passerait sous la juridiction des Pères Oblats de Marie Immaculée, les Sœurs de Sainte Marie de Namur ont manifesté leur intention de quitter Ipamu pour « ne pas se voir séparées de leurs Sœurs des autres missions du Vicariat du Kwango » 1 . Elles éprouvaient une gêne à travailler sous la gouverne de deux familles religieuses masculines différentes : Leverville dépendait des Pères Jésuites tandis qu’Ipamu, des Pères Oblats. Mgr Van Hee n’a pas demandé aux Sœurs de partir en même temps que les Pères, mais il ne s’y opposerait pas si elles manifestaient la moindre intention d’opérer un changement. Les Sœurs de Sainte Marie de Namur ne tarderont pas à manifester leur désir de quitter Ipamu. Une première opportunité se présente en cette année 1933. Monseigneur Van Hee veut réaliser son projet d’installer des religieuses au poste de Lumbi. Il compte sur les Sœurs de Sainte Marie à qui il adresse une lettre, le 13 novembre. La Supérieure Générale des Sœurs de Sainte-Marie, Mère Charles-Marie, en voyage en Amérique, répond à Van Hee : « Il nous serait bien agréable de pouvoir répondre au désir de Votre Excellence en envoyant des Sœurs pour le poste de Lumbi.
Mais à notre grand regret, il nous est impossible pour le moment, de penser à une nouvelle fondation, qui réclamerait cinq missionnaires. Nous ne pouvons retirer personne de Leverville, comme Sœur Scholastique le pense, le lazaret est maintenu ; nous ne pouvons non plus en retirer d’Ipamu, étant donné l’état de santé et l’âge de plusieurs Sœurs » 2 .
Une solution possible envisagée par la Supérieure Générale serait, à long terme, le déménagement d’Ipamu et l’aménagement de Lumbi. Cela se ferait en deux temps. Il aurait d’abord, au courant de 1934, l’échange des supérieures entre Ipamu et Leverville ; Sœur Scholastique irait à Ipamu préparer l’éventuel transfert de la communauté à Lumbi et Sœur Saint Paul viendrait à Leverville. L'aménagement de Lumbi serait possible par la suite si une autre congrégation acceptait de s'installer à Ipamu.
Mgr Van Hee contacte les Sœurs de Saint François de Sales de Leuze, installées à Mwilambongo depuis 1929, qui attendait un renfort de la Belgique.
Entretemps, deux événements imprévues viennent troubler les propositions arrêtées. Tout d’abord, Sœur Scholastique, « souffrante et anémiée, devra, sous recommandation expresse du Docteur de Leverville, rentrer en Europe » 3 . Elle ne pourra donc pas remplacer Sœur Saint Paul à Ipamu. Dans cette lettre du 31 mars 1934, Van Hee demande à Sœur Saint Paul de rejoindre d’urgence Leverville où l’attend Sœur Scholastique avant de prendre le chemin de l’Europe. Il lui recommande aussi de remettre le gouvernement de la petite communauté d’Ipamu à Sœur Emmanuel.
Ensuite, l’abandon de Djuma par les Sœurs de Notre-Dame, appelées par leur Provinciale à rejoindre Lemfu, décide le Vicaire Apostolique à trouver d’urgence les remplaçantes pour cette importante mission et de surseoir l’idée de l’ouverture d’une maison des Sœurs à Lumbi.
Comme les Sœurs de Saint François de Sales ont accepté de reprendre la place des Sœurs à la Mission d’Ipamu, Van Hee offre, aux Sœurs de Sainte Marie, de remplacer les sœurs de Notre-Dame à Djuma. Il écrit à la Mère Générale :
‘J’ai le plaisir de vous informer que les Sœurs de Saint François de Sale de Leuze ont accepté de reprendre la place de vos Sœurs à la Mission d’Ipamu. J’ose espérer que vous voudrez bien permettre à vos vaillantes religieuses d’Ipamu de se transporter à la Mission de Djuma pour y continuer l’œuvre des Révérendes Sœurs de Notre-Dame. La remise-reprise se ferait pendant les vacances du mois de septembre prochain. Je n’ose plus vous parler de Lumbi. Je comprends les raisons qui vous font hésiter à assumer cette nouvelle charge dans la mission. D’autres religieuses se sont offertes pour cette fondation. Mais j’ai estimé de mon devoir d’offrir la priorité aux Sœurs de votre Congrégation dont j’ai eu si souvent l’occasion d’apprécier le dévouement et l’esprit de sacrifice. Je vous demanderai de bien vouloir vous mettre en rapport à ce sujet avec le Révérend Père Misson, Vice-Provincial de la Compagnie de Belgique et que j’ai mis au courant de la question 1 .’Le 8 juillet, Mgr Van Hee informe la Supérieure d’Ipamu, Sœur Emmanuel (Sœur Saint Paul étant partie pour Leverville depuis le 12 avril), que sa communauté pourra bientôt quitter Ipamu :
‘Les pourparlers engagés avec vos Supérieures majeures d’Europe ayant abouti à l’accord complet sur tous les points, les Sœurs de Sainte Marie à Ipamu pourront quitter ce poste au début des vacances prochaines pour être transférées à la Mission de Djuma plus rapprochée de votre maison de Leverville. C’est l’unique raison pour laquelle nous nous sommes résignés à ce changement qui n’était certainement pas dans les vœux des Pères Missionnaires d’Ipamu. Le R. P. Hubert et ses Pères garderont le souvenir reconnaissant de l’excellent travail d’apostolat que vos chères Sœurs ont accompli dans ce poste et dont les résultats sont appréciés à leur juste valeur par le R. P. Inspecteur et par les Pères Missionnaires 2 . ’Alors que tout semblait sur la bonne voie, un autre impondérable surgit : la Sœur Supérieure de Mwilambongo écrit que l’état de santé de ses Sœurs ne leur permet pas de quitter Mwilambongo pour reprendre Ipamu ; « de plus, sa très révérende Mère Générale ne lui laisse aucun espoir de recevoir des renforts cette année, ni même l’année prochaine » 3 . Devant cette nouvelle situation, le Vicaire Apostolique demande à Sœur Emmanuel de rester à Ipamu jusqu’à nouvel ordre. Il en informe la Mère Générale des Sœurs de Sainte Marie et prie les Sœurs de Notre-Dame de ne pas hâter leur départ avant qu’une solution à leur remplacement ne soit trouvée. Après avoir reçu la lettre de Mgr Van Hee, Mère Charles-Marie va trouver la Mère Générale des Sœurs de Notre-Dame pour lui exposer la situation. Celle-ci comprend et décide de télégraphier à la Sœur Supérieure Provinciale de Lemfu pour lui dire de retarder le retour en Europe des Sœurs que celles de Djuma allaient remplacer au Bas-Congo.
Dans une lettre écrite le 21 août 1934, Mère Charles-Marie informe Mgr Van Hee du départ imminent des les Sœurs Scholastique et Angèle ainsi qu'une nouvelle missionnaire de la Belgique pour être à Djuma à la fin de l'année. Mère Charles-Marie en accord avec la Mère Générale des Sœurs de Notre-Dame, demande à Sœur Saint Paul, que deux Sœurs de Leverville aillent, vers le commencement de décembre, s’initier à la mission de Djuma. Enfin, elle propose de réduire à quatre Sœurs la communauté d’Ipamu 1 .
Mgr Van Hee répond à Mère Charles-Marie pour la remercier pour ce qu’elle entreprend pour Djuma. Il lui annonce attendre, pour fin décembre 1934, les Sœurs Passionistes de Tirlemont pour Lumbi. Il espère demander au Provincial des Pères Oblats qui viendra prochainement au Kwango, de l’aider à trouver des religieuses pour Ipamu. Les Sœurs de Sainte Marie pourront alors consacrer tous leurs soins aux deux postes les plus importants du Vicariat du Kwango : Leverville et Djuma 2 .
Sœur Saint Léon part d’Ipamu pour Leverville, le 8 novembre. Sœur Saint Paul envoie, comme demandé, deux Sœurs à Djuma. Elles sont vite rejointes par Sœur Scholastique et ses deux compagnes de voyage. La question de Djuma étant résolue, il restait à trouver des Sœurs pour Ipamu. Mgr Van Hee écrit à Mère Charles-Marie :
‘Voilà donc l’avenir spirituel de Djuma bien assuré et je vous en remercie au nom de la Mission du Kwango. L’avenir d’Ipamu m’inquiète davantage. Je comprends vos préférences sans pouvoir les partager. Omnibus debitor sum, je me dois tout à tous indistinctement et les âmes d’Ipamu me sont aussi chères que celles de Djuma ou de Leverville. […] Je ne crois pas que les Révérend Pères Oblats puissent trouver de sitôt les Sœurs qui pourront remplacer vos Filles à Ipamu. Vous avez appris que leur R. P. Provincial, qui devait venir nous rendre visite au Kwango, vient de mourir subitement à Rome. C’est peut-être un motif de plus d’espérer : le R.P. Calozet qui, m’assure-t-on, était un très saint religieux, nous aidera très certainement du haut de la gloire où il est entré 3 . ’Conjointement au courrier adressé à Mgr Van Hee pour lui demander de trouver des remplaçantes aux Sœurs d’Ipamu, Mère Charles-Marie envoie ce même message aux Pères Oblats. Ainsi, de 1933 à 1936, le Père Emmanuel Teunissen, provincial des Oblats en Belgique, reçoit-il au moins douze lettres de la Supérieure Générale des Sœurs de Sainte Marie de Namur, demandant avec insistance que soient remplacées ses consœurs d’Ipamu. En 1935, Mère Charles-Marie suggère même au Provincial des Oblats de contacter certaines congrégations religieuses désireuses d’aller en mission. Elle cite les Sœurs de la Miséricorde de Renaix ; les Sœurs de Saint Vincent de Paul de Grootenberge ; les Sœurs Joséphites de Grammont sans oublier les Sœurs de Bonne-Espérance déjà en pourparlers avec les Oblats 1 . Les Oblats éprouvaient une certaine gêne à s’engager pleinement dans cette recherche parce que, sur le plan du droit, ils n’avaient « aucune autorité pour accepter, refuser, retenir ou laisser partir des Sœurs dans tout le territoire » du Vicariat de Mgr Van Hee. S’ils aidaient Mgr dans ses démarches afin de trouver des Sœurs pour Ipamu, c’est parce que celui-ci le leur avait demandé « amicalement » 2 .
La Mère Charles-Marie s’est aussi adressée à Mgr Dellepiane délégué apostolique du Congo pour lui demander avis et conseil sur le retrait de ses Sœurs d’Ipamu. La réponse était toujours la même : ne retirer les Sœurs que si, en accord avec le Vicaire apostolique, on réussissait à trouver des remplaçantes 3 .
La solution à la question d’Ipamu ne viendra que vers la fin de 1936, lorsque, sur insistance de Mgr Van Hee et le conseil de la délégation apostolique, les Sœurs de Saint François de Sales de Leuze, acceptent de prendre la relève des Sœurs de Sainte Marie de Namur à Ipamu. Le changement ne s’est pas fait immédiatement. Les Sœurs de Sainte Marie de Namur ont dû attendre jusqu’en septembre 1937 pour pouvoir enfin partir d’Ipamu. Pour annoncer l’heureuse nouvelle du départ imminent des Sœurs d’Ipamu, Mère Charles-Marie écrit, le 8 août 1937, aux Supérieures de Leverville, Djuma et Ipamu :
« Je suis vraiment heureuse de pouvoir vous annoncer que le petit groupe de Sœurs de St François de Sales destiné à permettre à celles de Mwilambongo de reprendre Ipamu, s’embarqueront vendredi prochain 13 août, en même temps que le Père Théo Pierpont qui retourne au Congo. J’espère donc qu’elles arriveront à Ipamu, s’il plaît à Dieu, vers le 13 septembre – et qu’alors notre quatuor d’Ipamu pourra presser son départ. […] J’espère donc que Sœur Emmanuel et ses compagnes arriveront à Djuma approximativement dans la dernière huitaine de septembre. Sauf meilleur avis, il me semble que Sr Emmanuel et Sr Justina devront aller à Leverville, tandis Sr Marie Véronique et Sœur St Augustin resteront à Djuma 1 . »
Les Sœurs ne quitteront définitivement Ipamu qu’au courant du mois de septembre 1937, après une passation de pouvoir avec les Sœurs de Saint François de Sales de Leuze. Le nombre total de Sœurs de Sainte Marie ayant séjourné à Ipamu, entre 1928 et 1937, aura été de sept. Nous décrirons leurs réalisations dans les paragraphes qui suivent.
Anonyme, « Les missions des Sœurs de Sainte-Marie de Namur » in RMJB, 1929, p. 116
Anonyme, « Les religieuses Missionnaires au Kwango » in MBCJ, 1926, p. 89.
Anonyme « Les missions des Sœurs… », op.cit., p. 116.
Anonyme « Les missions des Sœurs… », op.cit., p. 116.
STRUYF, Historique de la mission…, op.cit., p. 4.
À Ipamu, ces rapports étaient élaborés par la Supérieure de la communauté et signés par tous les membres. Ils ressemblent aux diaires et donnent de précieux renseignements non seulement sur la marche quotidienne de la communauté des Sœurs, mais aussi sur les principaux événements survenus au poste de mission et dans la région. C’est sur la base de ce document que nous avons essayé de retracer aussi bien l’histoire de Jésuites d’Ipamu (juin 1928- 1933) que celle des Sœurs elles-mêmes. Nous remercions les Sœurs de Namur qui nous ont ouvert leurs archives et ont eu l’amabilité de nous offrir gratuitement les photocopies dont nous avions besoin. Il nous faudrait aussi réitérer nos remerciements à notre frère et ami Hubert Iwaramanga qui nous a aidé à prendre contact avec la communauté des Sœurs à Namur en janvier 2001.
Nous n’avons eu accès qu’à la correspondance officielle. Les lettres privées des Sœurs semblent n’avoir pas été conservées.
RSSMN, septembre 1928 ; voir aussi Anonyme, « Missions des Sœurs… » in RMJB, p. 117.
Anonyme, « Missions des Sœurs… », op.cit., p. 117.
RSSMN, février 1929.
RSSMN, mars, 1931
Lettre de Mère CHARLES-MARIE à Mgr VAN HEE, Fort-Worth, 25/12/1933, ASSMN, Namur (copie)
Lettre de Mgr Van Hee à la sœur Supérieure d’Ipamu, Wombali, 31/3/1934, ASSMN, Namur (copie)
Lettre de Mgr Van Hee à Mère Générale des Sœurs de Saint Marie de Namur, Wombali, le 11/05/1934, ASSMN, Namur.
Lettre de Mgr Van Hee à la Sœur Supérieure d’Ipamu, Wombali, le 08/08/1934, ASSMN, Namur
Lettre de la Mère MARIE FÉLICIA à Mgr Van HEE, Leuze, le 6 mai 1934, ASSFS, Celles.
Lettre de la Mère Générale des sœurs de Sainte Marie de Namur à Mgr Van Hee, Namur, le 21/08/1934, ASSMN, Namur (copie)
Lettre de Mgr Van Hee à la Mère Générale des Sœurs de Sainte Marie de Namur, Wombali, le 05/10/1934, ASSMN, Namur
Idem, le 15/12/1934.
Lettre de la Mère Générale des Sœurs de Sainte Marie de Namur au Père Provincial des Oblats, Namur, le 27/08/1935, ASSMN, Namur.
Lettre du Père PRAET, vice-Provincial des Oblats, à la Mère Générale des Sœurs de Sainte Marie de Namur, Velaines, le 11 décembre 1934, ASSMN, Namur.
Voir lettres de Mgr DELLEPIANE à la Mère Générale de Sœurs de Sainte Marie de Namur, ASSMN, Namur.
Lettre de la Mère générale des Sœurs de Sainte Marie de Namur aux Sœurs st Paul, Scholastique et Emmanuel, Namur, le 08/08/1937, ASSMN, Namur.