En mai et juin 1922, le Père Struyfeffectue un long voyage chez les « Badinga ». Il ne précise pas la région visitée. Il indique seulement avoir rencontré « de grands villages très populeux et rapprochés, qui n’avaient jamais vu un missionnaire catholique » 2 . Partout il lui est demandé des catéchistes et il note qu’il est temps d’occuper cette belle région pour ne pas la laisser prendre par les missionnaires protestants. Il commente l’accueil qui lui a été réservé par les populations de cette contrée : « Vous ne sauriez croire comment j’ai été reçu par ces Badinga ! Un vrai triomphe ! Chez ces noirs, dont on disait tant de mal, chez qui l’on pouvait craindre d’attraper des coups de flèches, chez ces « sauvages », ces « barbares » ainsi qu’on les appelait, nous sommes considérés, nous, missionnaires, comme des sauveurs et des protecteurs : « Mon Père ! Mon Père ! » 3
Il indique enfin qu’il va bientôt entreprendre de visiter les pays de Balori et des Bashilele où les missionnaires n’ont ni catéchiste ni catéchumène. Ces régions ne sont pas encore ouvertes aux Blancs : « L’État lui-même ne s’aventure pas encore dans ces contrées où il y a de très grands villages » 4 .
En 1924, Struyfeffectue un troisième voyage au pays des Badinga et des Bangoli. C’est au cours de ce périple qu’il dresse « une grande croix à l’endroit où Benoît, le chef de tous les Bangoli, a été tué et dépecé » 1 . Il fait aussi cette année-là, une tournée chez les Bankutu sur la rive droite du Kasaï.
En 1925, le missionnaire d’Ipamu séjourne plus de cinq semaines chez les Badinga. Comme pour les autres visites il ne nous situe pas la zone géographique où il a effectué son périple. Il ne s'agit pas d'une région forestière : dans ses commentaires, il indique avoir marché sur des « immenses plaines où la chaleur est torride ». Il serait probablement allé vers le Sud d’Ipamu en direction d’Idiofa. Ce voyage lui procure un grand bonheur et il écrit :
‘Je viens de rentrer de voyage : plus de cinq semaines. La plupart du temps, je me trouvais dans une région qui n’avait jamais vu de missionnaire catholique ou bien rarement. Jamais de ma vie je n’ai senti autant la grâce de Dieu, que parmi ces peuples naguère sauvages et anthropophages. Quels villages énormes et admirablement situés sous de beaux palmiers. Parfois j’ai été reçu en triomphe ; j’ai eu les larmes aux yeux en voyant la joie délirante et un peu sauvage de toute la population : pendant que je traversais le village, c’étaient des cris d’allégresse ; on ne voulait plus me laisser partir. Et tous ces villages sont à six ou huit journées de marche d’Ipamu. Ah ! des prêtres, Seigneur ! envoyez-nous des prêtres pour recueillir la moisson qui est mûre. Ce que j’ai souffert pourtant, pendant ce voyage, de la chaleur torride dans ces immenses plaines, et aussi des privations. Mais tout cela ne compte pas en comparaison des grandes consolations du bon Dieu : tous ces villages nous tendent les bras et appellent les catéchistes. Et il faut aller vite : car nous avons devant nous les missionnaires protestants qui sont nombreux et qui ont de l’argent plus que nous. Eux-mêmes ont un traitement énorme. Nous, missionnaires catholiques, nous vivons d’aumônes 2 .’En cette même année 1925, Struyf explore les populations des deux rives de la Kamtsha. Les chrétiens de la rive gauche, bien disposés, bâtissent à leurs propres frais un poste secondaire à Mateko Mandwelo. À partir de cette époque, les visites du missionnaire deviennent plus fréquentes. Chez les Ding de l’Ouest et du Sud-Ouest, il est actif non seulement à proximité des actuelles missions de Kimputu et de Mateko, mais aussi à Longwama, Fimbum, Eolo, etc. Chez les Ding orientaux, il se fait signaler à Lubwe, Pangu, Bambudi, Kibwadu, Ngyenkong et en direction du sud jusque dans la région de Laba.
STRUYF, « Le meurtre d’un chef », op.cit. , p. 81.
STRUYF, « Le meurtre d’un chef », op.cit. , p. 81
Ibidem
STRUYF, « Lettre, Ipamu, septembre 1924 » in MBCJ, 1924, p. 305.
STRUYF, « Lettre, Ipamu, juin 1925 » in MBCJ, 1925, p. 452.