4. 2. 2. Les Sœurs au chevet des malades à Nkaynkug

Le 16 octobre 1933, un Européen avertit les Pères qu’une épidémie de dysenterie a commencé au village Ngaykung 1 , à 18 kilomètres de la Mission. Les Pères consultent les Sœurs pour évaluer les dispositions à prendre. Les deux parties s'entendent sur le principe de ne pas risquer l'extension de la contagion en emmenant les malades à la mission. Il est demandé aux Sœurs de se rendre sur les lieux pour constater l’état des choses. Les Pères conduisent les Sœurs Saint Paul et Saint Léon jusqu’où le chemin est carrossable. Le voyage se poursuit en « tipoy » et les Sœurs arrivent à destination :

‘À Ngaykum, les gamins annoncent notre arrivée : de toutes les huttes accourent les indigènes. Le « nlongi » (catéchiste) apporte des pliants, et nous nous installons dans la grande hutte qui sert à la fois de chapelle, de salle de catéchisme, de classe, etc.… Le chef, qui s’agite en tous sens, fait amener les malades – et, devant toute la population émerveillée, nous déballons le microscope, dont le cuivre étincelle au soleil. Pendant que l’une examine, l’autre distribue injections et remèdes. Il a fallu se munir de toute une pharmacie. Ces bons sauvages viennent demander des « nkisi » pour tous leurs bobos réels ou imaginaires – et l’on distribue… les remèdes appropriés. Tous les enfants du village sont pris soudain de gros rhumes : ils toussent à fendre le cœur le plus dur et défilent à l’envi afin de recevoir un badigeonnage de teinture d’iode. Le chef se met en quatre pour nous servir et nous offre une poule indigène. Les douze porteurs reçoivent du manioc, des chenilles et du vin de palme, qu’ils dégustent à plaisir. Nous faisons le tour du village : il comprend une cinquantaine de huttes disséminées de-ci de-là. Tous les gamins nous suivent. À notre approche, quelques bébés effrayés cherchent un refuge dans les bras de leurs mamans, qui nous donnent le « mbote », (bonjour) en souriant. D’autres bambins regardent craintivement à la porte de la hutte – et les petites poules indigènes fuient éperdues » 2 . ’

Après des examens au microscope, les Sœurs constatent qu’il s’agit bel et bien d’un début d’épidémie à enrayer au plus tôt. Des injections sont données aux cinq ou six malades déclarés et « le baptême est administré à un petiot chez qui la maladie, trop avancée, réclame plutôt un passeport pour le ciel » 3 .

En attendant l’arrivée de l’agent sanitaire de l’État, résidant à plusieurs journées de marche de la mission, une des Sœurs se rend chaque jour prodiguer des soins aux malheureux de ce village. Le chef du village exprime sa reconnaissance aux religieuses.

Notes
1.

Il s’agit probablement de l’actuel village Nkaynkung .

2.

Anonyme, « Place aux « Ba Masœur » infirmières ! … » in Messager , mai, 1934.

3.

RSSMN, octobre, 1933