5. L’ÉDUCATION

Venus au Congo par la faveur de Léopold II pour s’occuper des colonies scolaires, les missionnaires jésuites vont les abandonner parce que les divergences sont vite apparues entre eux et l’État quant aux objectifs poursuivis par la formation. L’État met l’accent sur la formation militaire et exige des enfants et du personnel une discipline stricte et rigoureuse : discipline à la militaire. De leur côté, les Jésuites veulent avant tout évangéliser la population. Les enfants doivent surtout, dans leur esprit, devenir les auxiliaires de leur apostolat futur ; ils souhaitent donc insister davantage sur la formation de leur conscience selon les principes moraux chrétiens et sur l’enseignement des éléments fondamentaux de la doctrine catholique. Ils sont convaincus que la meilleure façon de « civiliser » et « d’évangéliser » les Noirs, c’est d’éduquer et de scolariser les enfants. Le changement ne peut pas venir des adultes trop ancrés dans leurs traditions ancestrales et incapables de renoncer aux pratiques superstitieuses, à la sorcellerie et à la polygamie. C’est pour cette raison que les Jésuites ont mis en place le système des « fermes-chapelles » 1 , c’est-à-dire des écoles dirigées par des catéchistes africains, où les catéchumènes cultivent des champs et élèvent porcs, moutons, chèvres et volaille, pour leur propre ravitaillement et celui des Pères missionnaires.

Les fermes-chapelles seront, elles aussi, remises en cause à partir de 1905 par le rapport de la fameuse Commission d’enquête, évoquée précédemment et surtout par la violente campagne « anti-missionnaire » menée par les socialistes belges à partir de 1911. En 1912, le système des fermes-chapelles est supprimé. L’apostolat des Jésuites s’appuie désormais sur le catéchiste-instituteur et l’école rurale. C’est sous cette nouvelle formule que les missionnaires du Kwango font leur entrée à Ipamu en 1921.

Notes
1.

Cf. supra.