5. 2. L’ÉCOLE CENTRALE DES GARÇONS À IPAMU

Les élèves qui ont suivi depuis un temps suffisant – deux années en général – les leçons du catéchiste instituteur, et savent tout le texte du catéchisme, sont admis à l’école centrale de la Mission pour la préparation immédiate au baptême. Au bout de deux ans, ils retournent au village. Cependant quelques-uns parmi les meilleurs fréquentent l’école des catéchistes ou s’initient à des travaux rémunérateurs : menuiserie, élevage, culture, construction. Dans l’ensemble du Kwango, on compte 23 écoles centrales dont celle d’Ipamu et 8 écoles de catéchistes.

À Kikwit et à Kisantu, l’école des catéchistes se mue peu à peu en véritable école normale. En 1927, les Frères de la Charité de Gand prennent la direction de celle de Kikwit ; en 1929, les Frères de Notre-Dame d’Oostacker se chargent de celle de Kisantu. Nous lisons dans les différentes sources de cette époque que les Jésuites d’Ipamu, de Kilembe et de Mwilambongo envoient certains de leurs meilleurs élèves à l’école normale de Kikwit. Ce sont ces personnes qui constitueront, avec les anciens candidats séminaristes comme Laurent Ndaywel, Thomas Isabo et Gabriel Utsenge, le premier bataillon d’enseignants qui ont formé la génération de nos parents à Ipamu dans les années 1930.

La venue de Mgr Van Hee à la tête du vicariat apostolique du Kwango, en 1928, a modifié la politique des jésuites en matière d’enseignement. À partir de 1933, le nouvel évêque nomme un missionnaire-inspecteur exclusivement chargé de veiller à la bonne marche des écoles. Le rapport des Sœurs de Sainte Marie de Namur note qu’en mars 1934, le missionnaire-inspecteur, le Père Dumont, est en visite à Ipamu.

Sous l’impulsion de Van Hee et de son inspecteur scolaire, une nouvelle organisation des écoles voit le jour. Pour comprendre ce changement, il faut se rappeler quelques dates.

En 1922, le ministre des colonies Louis Franck met en place « le statut scolaire colonial » 1 qui veut développer l’école agricole et l’enseignement de masse. La collaboration avec les missions religieuses « nationales » prévoit des subsides et des avantages en nature à condition de se soumettre au programme et à l’inspection de l’État.

En 1924 est décidée la subsidiation de l’enseignement ; quelques accords sont signés en 1925 et 1926, avant de se généraliser en 1928. Il y a, d’une part, des écoles primaires du premier degré, deux années en milieu rural et urbain, destinée à la grande masse ; tandis que le deuxième degré, trois années, est réservé à une élite dans les grands centres et les principaux postes de missions, d’autre part, il y a les écoles « spéciales » : pour les candidats commis, pour la formation des instituteurs (écoles normales), et les écoles professionnelles et agricoles. C’est dans le cadre de ces réformes que Mgr Van Hee réorganise le système scolaire dans son vicariat.

Théoriquement voici comment les choses se passent pour les garçons. Ils font leur première année d’études primaires au village à l’école rurale ; leur seconde année, à l’école régionale ; leur troisième, au poste secondaire ; les dernières années se font à l’école centrale. En pratique et en ce qui concerne Ipamu du temps des Jésuites, on compte à peine quelques postes secondaires (Mateko ma Ndwelo, Kibwadu, Bambudi, Mo…), les écoles régionales n’existent pas. L’école centrale pour garçon d’Ipamu reçoit toujours les enfants, pour les premières années d’études, directement des écoles rurales et parfois des postes secondaires. Voici la situation de l’école primaire d’Ipamu pendant l’année scolaire 1935-1936 :

Tableau N°11 Classes, enseignants et nombre d'élèves Ding orientaux
Degré classe Enseignant Élèves Ding O Total/ élèves
2ème 3ème Laurent Ndaywel 10 23
idem 2ème Laurent Efini 17 51
Idem 1ère Thomas Isabo 12 61
1er 2ème Gabriel Utsenge 12 32
Idem 1ère Philippe Ngwengwen 10 12
Total     61 179

(Source : Registre de l’école primaire d’Ipamu 1935-1936, Archives de l’école)

Notes
1.

Ndaywel, Histoire générale..., op. cit., p. 402.