6. ASSISTANCE MÉDICALE

Les soins aux malades ont été, avec la prédication et la scolarisation, un des piliers de l’action missionnaire. Pour les Jésuites du Kwango et les Scheutistes du Kasaï, l’apparition de la maladie du sommeil et l’hécatombe qu’elle a provoquée, demeurent un tournant décisif dans leur manière de percevoir et l’Évangile et le salut. Ces missionnaires se sont vite rendus compte que la « mission » n’est possible que là où l’homme est « débout ». Soigner les malades devient donc un impératif dans le projet de « relèvement » des noirs. Il faut les soigner pour qu’ils soient baptisés, qu'ils prient, qu'ils travaillent et qu'ils aillent à l’école pour contribuer ainsi à l’avènement, chez eux, de la « civilisation chrétienne » et au progrès de la mère-patrie, la Belgique.

La fondation de la Mission d’Ipamu, se situe, nous l’avons déjà indiqué, à l’époque où l’État mène dans la région, une campagne contre la maladie du sommeil. L’abbé Vanderyst, un des fondateurs d’Ipamu, est également impliqué dans la lutte contre cette maladie.

En 1927, en prévision de l’arrivée des Sœurs, les Pères d’Ipamu construisent un dispensaire. Jusqu’à cette date, les missionnaires donnent quelques injections et quelques remèdes pour soulager des nombreux malades. Le dispensaire des Sœurs fonctionne dès leur arrivée en 1928. Dans leur rapport de 1929, elles écrivent :

‘Notre dispensaire est ouvert tous les jours de 7 à 9 h du matin. Il est dirigé par deux Sœurs munies du diplôme de médecine tropicale et du diplôme de Croix-Rouge : Sœur Saint Paul et Sœur Marie Chantal. Une troisième religieuse, Hambenne Saint Augustin, a fait un stage de 5 années comme aide pharmacienne, elle nous est d’un précieux secours par sa connaissance approfondie des médicaments et leurs propriétés. Les Sœurs sont aidées par quatre infirmières noires. Le nombre des consultations s’est élevé à 11.481 1 .’

Au dispensaire, les Sœurs procurent non seulement les soins curatifs, mais elles s’occupent aussi de la prévention. Elles font chaque semaine, la consultation des nourrissons : « Les enfants sont pesés et soigneusement examinés au point de vue de la santé et de la propreté. Les mères sont, en général, fidèles à suivre nos conseils d’hygiène et de puériculture et nous constatons avec plaisir un réel progrès malgré certaines coutumes indigènes qui accompagnent la naissance et ne disparaîtront qu’avec le temps » 2 .

Les Sœurs adhèrent dès 1931 à l’Œuvre National de l’Enfance à laquelle elles adressent des rapports et dont elles reçoivent des subsides.

Le personnel de la mission est régulièrement examiné au point de vue de la maladie du sommeil et les sujets suspects reçoivent les injections et sont mis en observation. Des malades de la région viennent aussi demander des injections tant pour la maladie du sommeil que pour d’autres maladies. En 1931, par exemple, les Sœurs disent avoir donné 3619 injections et enregistré 18.492 consultations. Parmi les pathologies fréquemment rencontrées dans la région, elles citent la trypanosomiase, la verminose, le pian, la malaria, les diarrhées, la dysenterie, la lèpre, etc.

Les malades affluent de partout. En 1933, les Sœurs remarquent qu’une grande partie des trypanosés « arrivent d’au-delà de la Kamtsha » 3 .

Notes
1.

Rapport annuel adressé au Gouverneur Général, 1929, ASSMN, farde rapport.

2.

Rapport annuel adressé au Gouverneur Général, 1929, ASSMN, farde rapport.

3.

Rapport annuel adressé au Gouverneur Général, 1933, farde rapport.